Le Journal de Quebec - Weekend
DEVENIR INFORMATRICE DU FBI
Écrivaine anichinabée remarquable, femme engagée dans sa communauté de Sault Sainte-Marie au Michigan, Angeline Boulley a imaginé qu’une jeune femme de 18 ans de sa réserve ojibwée devenait informatrice du FBI dans un premier roman coup de poing, Une dose de rage .Labriquedeprèsde600 pages, déjà traduite dans plusieurs langues et propulsée au sommet des palmarès dès sa sortie en version originale anglaise, sera adaptée sur Netflix.
Daunis, 18 ans, est blanche par sa mère et autochtone par son père. Elle n’a jamais vraiment trouvé sa place et rêve d’un nouveau départ à l’université.
Un soir de fin d’été, son monde s’écroule. Sa meilleure amie Lily est assassinée sous ses yeux et Jamie, le nouvel élève du lycée dont Daunis s’est peu à peu rapprochée, finit par lui révéler qu’il est un agent fédéral sous couverture. Rien que ça. Et il est chargé d’une mission : enquêter sur le trafic d’une nouvelle drogue mortelle.
Daunis, en quête de justice pour son amie et pour protéger sa communauté, accepte de devenir informatrice du FBI. Elle plonge droit dans un univers de mensonges… en souhaitant découvrir la vérité.
Angeline Boulley est une écrivaine anichinabée, un peuple autochtone de la famille linguistique et culturelle algonquienne habitant la région des Grands Lacs. L’histoire fictive de Daunis, son héroïne, est inspirée de faits réels.
« J’avais cette histoire en tête depuis mes 18 ans et j’en ai maintenant 56 », explique l’écrivaine. « Quand j’étais en dernière année du secondaire, une de mes amies, qui fréquentait une autre école, m’a parlé d’un nouvel élève qui se trouvait dans sa classe. Elle pensait que c’était mon genre et que j’allais peutêtre l’aimer. »
BIEN S’INFORMER…
Angeline a été intriguée et a posé quelques questions à son sujet.
« Il ne faisait pas de sport. Il se tenait avec les durs à cuire, qui fumaient et buvaient. Je ne l’ai jamais rencontré, finalement, mais à la fin de l’année scolaire, mon amie m’a raconté qu’il y avait eu une énorme perquisition de drogue dans notre communauté. Et que le nouveau était en fait un agent double de la police. »
« J’avais été très étonnée et je me suis demandé ce qui se serait passé si nous nous étions rencontrés… et si nous nous étions plu ? C’est la petite étincelle qui a donné naissance à l’histoire. »
Une dose de rage parle également des ravages de la drogue dans les communautés autochtones.
« Je pense qu’à l’époque, c’était un effort de la police pour enquêter sur le trafic de drogue dans l’école pour savoir qui était leur fournisseur. »
THÈMES DIFFICILES
Dans son livre, Angeline Boulley aborde également des sujets difficiles comme la violence, le suicide, l’abus de drogue et plusieurs traumas survenus dans la communauté ojibwée et d’autres communautés autochtones. Son histoire reflète la réalité.
« Je voulais raconter une histoire authentique au sujet de vérités déplaisantes qui affectent ma communauté. Cela voulait dire qu’il fallait aborder des thèmes comme le haut taux d’agressions sexuelles de femmes autochtones. »
Elle explique. « Le fait que les agresseurs savent qu’il n’y aura probablement pas d’enquête fait en sorte qu’ils cherchent spécifiquement ces femmes autochtones comme victimes. Et ils savent où aller pour éviter toutes conséquences légales. »
« Je voulais parler de ces choses horribles, mais je voulais aussi montrer les choses merveilleuses qui appartiennent à ma communauté, car nous sommes plus que nos traumatismes. Ma communauté est joyeuse. Il y a beaucoup de rires et de support mutuel, donc je voulais m’assurer que cette dimension faisait aussi partie du livre. »
■ Angeline Boulley est une écrivaine anichinabée engagée dans sa communauté de Sault Sainte-Marie, au Michigan.
■] Une dose de rage, son premier roman, s’est hissé dès sa parution en tête des meilleures ventes, notamment au prestigieux palmarès du New York Times.
■ Il est en cours de traduction dans une vingtaine de pays.
■ Les droits d’adaptation ont été acquis par la société de production de Barak et Michelle Obama pour Netflix.