Le Journal de Quebec - Weekend

BEN HARPER REVIENT EN FORCE PAR LA SOUL

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PARIS | (AFP) Ben Harper, un peu sorti des radars ces dernières années, signe un retour en beauté en convoquant l’esprit de Marvin Gaye et en puisant dans la soul pour un album entre groove et engagement.

En 1971, Marvin Gaye signe What’s going on, disque d’un artiste préoccupé par la guerre au Vietnam et par les fronts ouverts aux États-Unis entre injustices raciales et sociales.

Un demi-siècle plus tard, la guerre est en Ukraine et les États-Unis font toujours face aux mêmes démons intérieurs.

Dans son nouveau disque, Bloodline

maintenanc­e, Ben Harper évoque la menace nucléaire (Where Did We

Go Wrong), le travail de mémoire à entretenir sur l’esclavage (We Need

To Talk About It) et les inégalités (Problem Child).

« Je suis terribleme­nt soucieux du monde que nous allons laisser à nos enfants et petits-enfants, au point que j’en perds même le sommeil », confie l’artiste, joint au téléphone à Toulouse.

« Je n’ai pas d’illusions sur ce que peut faire une personne, une chanson ou une voix face à tout cela. Je suis aussi impuissant que vous, mais, pour les causes qui nous tiennent à coeur, comme lutter contre ceux qui veulent réécrire l’histoire, parfois on doit parler, parfois on doit crier, parfois on doit chanter, car le silence n’est pas une option. »

S’INSTALLER EN FRANCE

Devant un climat anxiogène américain alourdi par les flambées de tueries par armes à feu et la remise en cause de l’avortement par la Cour suprême, Ben Harper, Californie­n d’origine, a décidé de changer d’air.

« Je veux m’installer en France, j’y suis venu depuis mes 17 ans : soyons clairs, je n’idéalise aucun endroit, chacun a ses problèmes à régler, mais je cherche un peu de paix intérieure et je ne peux pas l’avoir aux États-Unis », confie le chanteur et guitariste.

SAM COOKE, RAY CHARLES

Quitter les États-Unis n’est pas pour le quinquagén­aire – qui ne fait pas son âge et continue d’ailleurs à pratiquer le skate – synonyme de renoncemen­t. Les sombres constats qu’il dresse dans son 17e album studio sont contrebala­ncés par la lumière qui peut jaillir d’un coeur, le plus puissant des moteurs.

Il creuse ainsi le sillon d’un Marvin Gaye, « le seul, mis à part peut-être Dylan, capable de chanter aussi bien les élans amoureux et la peinture sociale comme dans How Sweet It Is et

What’s Going On ».

Marvin Gaye n’est pas le seul illustre parrain choisi par Ben Harper, qui sonne parfois comme Sam Cooke

(More than Love) ou Ray Charles (Honey, Honey).

Si le musicien sait toujours aussi bien faire pleurer sa guitare pour illustrer son propos (We Need To Talk

About It), il atteint pour la première fois le point d’équilibre entre toutes ses influences, puisque la soul se pare ici de gospel, de funk, de jazz, de rock ou de blues.

« J’espère que ce disque dans sa forme ultime ressemble à un disque moderne de soul avec des instrument­s traditionn­els, synthétise-t-il. Cet album est un point de rencontre pour mes influences, un endroit d’où décoller à l’avenir. »

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BLOODLINE MAINTENANC­E

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