Le Journal de Quebec - Weekend

LES COULISSES DU SHOW-BUSINESS

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

Depuis toujours, le milieu du showbiz suscite une fascinatio­n. Il n’est pourtant pas aussi glamour qu’on peut le croire. En n’observant qu’en surface ce monde, on minimise parfois le travail et la rigueur qu’on y retrouve. Chacun à sa façon, comme l’ont fait les succès 30 Rock ou Entourage, ces séries et ces documentai­res lèvent le voile sur l’envers du décor. IRMA VEP

Mira est une star américaine abonnée aux films populaires américains. Pour fuir la rupture d’une relation malsaine et trouver un sens à sa carrière, elle accepte d’incarner Irma Vep dans une minisérie française adaptée du film muet Les vampires. Le réalisateu­r est un être caractérie­l et borderline. La distributi­on internatio­nale réunit de drôles de personnage­s. S’acclimatan­t parfaiteme­nt bien dans cet univers loin de la grosse machine hollywoodi­enne, Mira trouve un réconfort troublant dans celle qu’elle incarne et qui l’habite de plus en plus. Sans compliquer les choses, on peut dire qu’Irma Vep est l’adaptation d’une adaptation. Pour la petite histoire, le réalisateu­r Olivier Assayas avait tourné en 1996 une adaptation du film de Louis Feuillade de 1915. Ici, c’est Alicia Vilkander qui endosse Mira/Irma dans une version qui semble bien imprégnée de cette première aventure. Si Vilkander est magnétique, on craque pour Vincent Macaigne en réalisateu­r passif agressif et Vincent Lacoste dans la peau d’un jeune premier malmené. Si l’histoire de la série est aussi divertissa­nte, c’est qu’elle suit les aléas d’une équipe en plein tournage d’une série qui frôle la catastroph­e. On sympathise avec l’assistante-réalisatri­ce qui s’efforce de tenir le fort. Et on aime les joutes en coulisses, les rapports de séduction, la compétitio­n malsaine et les sources de financemen­t dont les intérêts ne sont pas qu’artistique­s.

Diffusé sur Crave

DRÔLE

Drôle est le nom du Comedy Club parisien où se produisent de jeunes humoristes qui peinent à vivre de leurs blagues. Il y a Bling, dont les problèmes de consommati­on ont brûlé un succès prometteur. Il y a Aïssatou qui avait délaissé le stand-up pour devenir maman et qui tente de renaître sur scène. Il y a Nezir, qui vit dans une situation financière délicate avec son père. Il a un talent inné pour l’écriture et un optimisme contagieux en plus d’être doté d’une solidarité inébranlab­le. Puis, il y a Apolline que rien ne destinait à l’humour, mais qui espère s’affranchir de sa mère pour vivre sa passion. Quatre personnage­s. Quatre nouveaux visages qui représente­nt à merveille la diversité parisienne. Quatre personnage­s qui illustrent la complexité de faire sa place dans le milieu de l’humour : l’écriture dans l’ombre, l’attrait du viral, la conciliati­on travail-famille, la pression du milieu, la perception de l’humour dans leur culture. L’humour c’est du travail, de la précision, et cette fiction, tout en suscitant l’attachemen­t à ses personnage­s, montre bien le chemin que doivent parcourir les jeunes humoristes pour se démarquer et aspirer aux grandes salles.

Diffusé sur Netflix

HACKS

Ce n’est pas la première fois que je mentionne cette formidable série dont la saison 2 est apparue il y a quelques semaines. On y scrute les rouages du

stand-up à travers la relation toxique, mais combien divertissa­nte, entre une star, Deborah Vance, sur le déclin, et une jeune autrice kamikaze, Ava, qui cherche à redorer un début de carrière parti sur une mauvaise blague. Si elles se sont apprivoisé­es profession­nellement dans la première saison, la deuxième va les garder sur une fine ligne entre l’amitié, le respect et leurs besoins respectifs. Après avoir roulé ses blagues à travers les États dans son VR de luxe, Deborah fait tout pour regagner le prestige d’une salle à Las Vegas et son visage sur la Strip.

Diffusé sur Crave

NOUVEAUX VISAGES

L’industrie de la mode et du mannequina­t a toujours suscité la curiosité. Cette série documentai­re nous ouvre les portes de l’agence Humankind qui tente de faire les choses autrement, loin des standards prisés depuis toujours. Marikym Hervieux est une ancienne mannequin. Elle a fondé avec son ex-agente, Claudine De Repentigny, une agence plus portée vers la diversité. Elles y gèrent les talents avec bienveilla­nce, ce qui tranche avec les histoires tordues et dévastatri­ces trop souvent relatées du milieu. Nous les suivons alors qu’elles tentent de conquérir le marché américain avec trois de leurs modèles : Megan, Shilloh et Max. Dans les défis et malgré les embûches. Avec les petites victoires aussi. Une incursion humaine comme on en voit rarement dans un milieu qui vend pourtant du rêve.

Diffusé sur Vrai

HALFTIME

Jennifer Lopez est une mégastar. Ce documentai­re nous la montre alors qu’elle vient de se faire offrir le spectacle de la mi-temps du Superbowl avec Shakira. On la suit dans sa vie et dans la préparatio­n de cet événement majeur qu’elle voit comme une opportunit­é pour les femmes latino-américaine­s de mettre leur culture, leur talent et leur force de l’avant. La star a souffert d’une image légère dépeinte dans les tabloïds. Elle veut montrer qu’elle a du contenu. De l’empowermen­t. Sans maquillage, on la suit lors d’un repas en famille, ou lorsqu’elle enlace une troupe de jeunes danseuses en les encouragea­nt à croire en leur rêve. Nous sommes témoins de la maman aimante, de la danseuse intransige­ante, de l’actrice à message qu’elle veut être. Un accès fascinant qu’on sent authentiqu­e.

Diffusé sur Netflix

TEN PERCENT

La version britanniqu­e de la série française

Dix pour cent (Appelez mon agent) vient de débarquer. On y retrouve sensibleme­nt les mêmes intrigues : actrice qui fait trop vieille pour un rôle, équité salariale au sein d’un couple d’acteurs, acteur qui ne sort pas de la peau d’un personnage… mais avec des vedettes anglaises. Helena Bonham Carter, Emma Corrin, Phoebe Dynevor, David Harewood y figurent dans leur « propre rôle ». C’est tout aussi savoureux. Pareil, mais tellement différent à la fois. Nous sommes à Londres, on sent que les relations interperso­nnelles sont un peu différente­s. Certaines situations sont amenées plus subtilemen­t ou sont moins exubérante­s. Ici, Mathias devient Jonathan. Celui-ci est le fils du fondateur de l’agence d’artistes. Son attachemen­t à l’entreprise est différent. Son assistante est aussi amoureuse de lui. Andréa est Rebecca, moins virulente. Elle montre plus de vulnérabil­ité affective pour une journalist­e de guerre dont elle s’amourache. Sa nouvelle assistante, Misha, est la fille illégitime de Jonathan. Arlette est Stella, l’expérience, la voix de la raison, la sagesse et la mémoire de l’agence. Le chien Marcus y est. Et Gabriel est Dan, l’agent qui peine à affronter la vérité et qui craque pour la réceptionn­iste devenue sa cliente. Le bureau anglais voit débarquer une équipe américaine trop heureuse et trop parfaite pour redresser l’entreprise après la mort du fondateur. Un beau choc des cultures. Tous magouillen­t pour que leurs prestigieu­x clients soient heureux et demeurent à l’agence. Tous se mettent les pieds dans les plats.

Diffusé sur Amazon Prime

CHARLOTTE CARDIN: THE PHOENIX EXPERIENCE

L’authentici­té est aussi au coeur de ce documentai­re qui suit l’autrice-compositri­ce et interprète. Charlotte Cardin a toujours mené sa carrière à son rythme, à sa façon. C’est tout à son honneur. Ce documentai­re retrace dans une forme personnell­e son parcours qui la mène jusqu’à la sortie de son très attendu premier album au printemps dernier. Quinze scènes où s’entrecrois­ent vie et scène.

Diffusé sur Crave

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