Le Journal de Quebec - Weekend

INSPIRÉ D’UNE HISTOIRE VRAIE

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Écrivaine primée, finaliste de nombreux prix prestigieu­x pour ses romans précédents, la Montréalai­se Françoise de Luca propose cet été La jeune fille à la tresse, un roman inspiré d’une histoire vraie qui met en scène la Seconde Guerre mondiale présentée du point de vue des femmes. L’histoire émouvante de Solange et Liliane rappelle que porter un chapeau fut à cette époque, en France, un signe d’élégance, mais aussi un fort symbole de résistance.

À la fin des années 1930, Liliane et Solange vivent une amitié rieuse. Elles aiment danser, s’amuser et feuilleter les revues de monde. Solange aide parfois ses parents, juifs polonais, à vendre leurs chapeaux sur les marchés.

Au contact de son amie, Liliane, une jeune fille inconsolée issue d’un milieu peu stimulant, découvre tout un monde de liberté, d’amour et de respect.

Quand la guerre éclate, Solange est solidaire de son amie et entre dans la Résistance à sa manière : en organisati­on la protestati­on silencieus­e des femmes élégantes à une époque qui prône plutôt le naturel et la mère au foyer.

Au cours de cette période, Solange et

Liliane suivent des chemins qui tantôt se croisent, tantôt s’écartent, mais qui contribuen­t toujours à consolider leur amitié, même à travers la mémoire.

LA MÈRE D’UNE AMIE

Ce roman émouvant, où l’amitié, le respect, la dignité et le souvenir sont à l’honneur, est inspiré d’une histoire vraie. Françoise de Luca, qui a grandi en France et habite à Montréal depuis longtemps, en a eu connaissan­ce par une de ses amies.

« C’est sa mère qui a vécu cette histoire, explique-t-elle, en entrevue. C’est une amie que je connais depuis longtemps et sa mère aussi et elles n’en avaient jamais parlé. »

Le témoignage a fait surface à l’occasion d’un projet de collège sur l’histoire de la ville de Châlons-en-Champagne.

« Le sujet, c’était le destin d’une jeune fille juive pendant la guerre. Elles ont commencé à faire des recherches sur Solange et c’est comme ça que cette dame en a parlé à sa fille, qui m’en a parlé, et tout de suite je savais que j’écrirais là-dessus. C’était trop intéressan­t et ça rejoint aussi ce que j’aime écrire. »

Le sujet de l’amitié l’intéressai­t énormément, mais aussi celui de la Résistance.

« C’est un aspect méconnu de l’Occupation. Ces jeunes femmes font des chapeaux et c’était une forme de résistance. Les femmes s’habillaien­t et s’efforçaien­t de rescoquett­es, ter pour résister.» Françoise de Luca ajoute que les chapeaux étaient très mal vus par les Occupants, qui y voyaient une provocatio­n. « C’était assez dangereux. Cet aspect de l’histoire n’a jamais été raconté. » L’écrivaine voulait aussi rendre hommage à toutes ces femmes qui ont fait partie de la Résistance, et dont on ne parle pas beaucoup. Les recherches et la documentat­ion n’ont pas été faciles.

« Il y a eu d’abord les entretiens avec Liliane, et ensuite j’ai lu moi-même énormément pour que mes personnage­s puissent se mouvoir dans cette période compliquée. Ce n’était pas toujours facile parce que c’est une époque tragique. Liliane a eu 98 ans en juin et s’en souvient encore très bien. C’est quand même merveilleu­x. »

UN DEVOIR DE MÉMOIRE

Françoise de Luca a fait un important devoir de mémoire en écrivant La jeune fille à la tresse.

« C’était un peu ce que je voulais faire aussi. Le personnage de Solange m’a beaucoup touché. J’avais envie de restituer cette vie, cette amitié, tout ce qu’elles ont fait ensemble. Cette Résistance.

«Ilfautdire­ça:iln’ya presque plus personne. Les derniers Résistants, les derniers déportés, meurent. Il n’y aura plus personne dans quelques années. Je sentais que c’était urgent d’écrire cette histoire. »

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Françoise de Luca
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LA JEUNE FILLE À LA TRESSE Françoise de Luca Éditions Marchand de feuilles 302 pages

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