Le Journal de Quebec - Weekend
L’ART QUI AIDE, APAISE ET CONSOLE
Mélissa Perron, la délicieuse écrivaine qui nous a donné Prometsmoi un printemps et Belle comme le fleuve, revient cet automne avec un roman émouvant qui parle de l’immense pouvoir guérisseur de l’art, Au gré des Perséides. Fabienne, son personnage principal, habite depuis trois ans dans le duplex que lui a légué sa mère, au bord du fleuve. Tout semble bien aller, mais… quelque chose la gruge de plus en plus et la tempête gronde.
Le Journal de Québec
Tout bascule dans la vie de Fabienne lorsqu’un nouveau patient arrive à la maison de soins palliatifs où elle travaille, la Maison du Sentier. Elle présente des ateliers artistiques aux patients, qui explorent à leur rythme différents thèmes et les traduisent ensuite à leur façon, en mots ou en dessins. L’art leur fait du bien.
Fabienne doit néanmoins s’adapter à beaucoup de nouveautés lorsque sa tante Claire, dernier membre vivant de sa famille, emménage au rez-de-chaussée de son duplex. Pour Fabienne, beaucoup de choses arrivent en même temps. Trop, peut-être.
Mélissa Perron, une artiste accomplie qui peint la porcelaine depuis une dizaine d’années et signe les magnifiques créations Rizada, a choisi de mettre l’art au premier plan dans ce roman.
Son écriture est réconfortante : elle parle de thèmes difficiles, comme les soins palliatifs, avec une grande douceur. Une écriture « doudou ».
« Après Promets-moi un printemps, j’avais mis un point et pour moi, c’était fini. Mais les gens se sont beaucoup attachés à Fabienne et me disaient : tu ne peux pas nous laisser comme ça ! On veut savoir ce qui arrive ! C’est pour ça qu’il y a eu plus de temps entre Promets-moi un printemps et Belle comme le fleuve », explique-t-elle. Les personnages reviennent, mais Mélissa Perron ne voit pas ses romans comme une série.
THÈMES UNIVERSELS
« Dans Promets-moi un printemps, j’ai parlé de la dépression et dans Belle comme le fleuve, j’ai parlé beaucoup d’autisme. Je sais que beaucoup de gens l’ont lu et étaient touchés directement, ou beaucoup de gens étaient touchés dans leur entourage. »
Dans Au gré des Perséides, elle aborde le thème des secrets.
« C’est tout le monde qui est touché directement. Il y a des secrets qu’on garde, d’autres qui nous
Mélissa Perron est native de Saint-Bruno et vit encore au pied de cette montagne.
À l’âge de 38 ans, elle a reçu un diagnostic d’autisme.
Elle est artiste et peint la porcelaine sous le nom de Rizada.
Elle a publié les romans
Promets-moi un printemps en 2019 et Belle comme le fleuve en 2021.
Elle travaille sur un autre projet littéraire.
pourrissent la vie. »
Elle parle aussi de la bienveillance envers les autres, de la nécessité d’être tolérant avec les limitations et les douleurs des autres.
« Dans une maison de soins palliatifs, tout le monde n’a pas le même cheminement face à la maladie. Il y en a qui meurent en criss, d’autres qui ont fait leur ménage. Il y a aussi les gens qui travaillent là : ils travaillent avec des gens qui vont partir. C’est un gros don de soi de faire ça. »
SOINS PALLIATIFS
Mélissa Perron est elle-même en lien avec la maison VictorGadbois, où son père est décédé quand il avait 41 ans. Son âge à elle. « Quand j’avais 12 ans, il a eu un cancer fulgurant des os. Il a été un des premiers patients de cette maison. D’habitude, les gens y restent environ 18 jours et lui, il est resté 59 jours. »
« Quand j’étais en sixième année, j’ai passé une partie de ces deux mois là-bas. J’allais de chambre en chambre, j’allais jaser, j’allais faire des dessins. Ça m’a vraiment marquée, de manière positive parce que j’ai grandi tout d’un coup. »
« J’ai vu la vie d’une autre façon. Ça te forge. Il y a des conversations que j’ai eues avec ces gens-là que je n’oublierai jamais. » C’était certain, ajoute-t-elle, qu’elle devait écrire sur l’art-thérapie. « Je faisais des dessins et ça faisait du bien aux gens. »