Le Journal de Quebec - Weekend
À L’AISE HORS DES SENTIERS BATTUS
Cet été, Frédérike Bédard, qui joue l’attachante Clothilde Lapointe de la série 5e rang, est de la distribution du théâtre musical La Corriveau – La soif des corbeaux. Une occasion de mettre à profit ses talents de chanteuse et de comédienne afin d’interpréter un personnage que le public adorera détester.
« J’ai grandi dans une famille de musiciens, nous explique la comédienne, en parlant de ses débuts dans les arts. Mon père a été organiste pendant 53 ans à l’église Notre-Dame-de-Pitié, à Québec. Et mon frère aîné, Denis Bédard, est un réputé organiste, claveciniste, compositeur. […] À 14 ans, comme je ne savais pas trop vers quoi me diriger, c’est lui qui m’avait incitée à tenter ma chance au Conservatoire de musique. Il m’avait aidée à préparer mon audition et j’avais été admise. J’avais choisi le clavecin et le hautbois. »
« Deux semaines plus tard, en jouant du hautbois, j’ai perdu connaissance. J’étais asthmatique. Il n’y avait plus de place dans les autres cours et j’ai dû aller en chant classique. J’étais certaine que je n’avais pas une bonne voix », raconte en riant celle dont la voix fait quatre octaves.
C’est au sein du Choeur de l’Opéra de Québec que Frédérike Bédard, encore adolescente, a fait ses premiers pas dans cet univers. Elle a chanté dans des productions telles Madame Butterfly de Puccini, Falstaff de Verdi et La
veuve joyeuse, son premier engagement professionnel à Montréal.
DE CHORISTE À SOLISTE
À force de prendre de l’assurance, l’artiste sentait le besoin d’être à l’avantscène, passant de choriste à soliste.
« Après le Conservatoire de musique, je suis allée à l’École nationale de théâtre pour étudier l’interprétation. Deux ans plus tard, on m’a engagée, coup sur coup, pour jouer dans la pièce Appelez-moi Stéphane, de Claude Meunier et Louis Saïa, puis dans la comédie musicale Pied de poule. Ça a changé ma vie. »
Elle a aussi joué et chanté dans Sainte-Carmen de la Main et Les bellessoeurs de Michel Tremblay, de même que dans Busker’s Opera et Lipsync de Robert Lepage, Mary Poppins, Le Fantôme de l’Opéra et Businessman in the Process of Becoming an Angel, qui lui a valu un Bessie Schonberg Award, à New York.
CRÉATRICE DANS L’ÂME
Comme elle a un côté créatif développé, elle aime mettre sa touche dans tout ce qu’elle interprète. « J’ajoute des plumes ! (rires) Je suis une drôle de bibitte. Me fondre dans la masse ou entrer dans le moule, ce n’est pas pour moi. Ça prend quelqu’un qui comprend ma créativité et qui l’exploite. »
On la retrouve au théâtre cet été dans La Corriveau – La soif des corbeaux.
Fort de 26 chansons composées par Audrey Thériault et arrangées par Marc-André Perron, le spectacle de deux heures, avec entracte, est inspiré d’un fait historique de 1763 et qui fait encore réagir, près de 260 ans plus tard. Marie-Josephte Corriveau, mère de trois enfants, veuve, remariée, âgée de 30 ans, a été condamnée à la pendaison par une cour martiale britannique pour avoir prétendument tué son second mari.
« La pièce écrite par Geneviève Beaudet et Félix Léveillé, qui est aussi historien, est collée sur l’histoire, pas la légende. On passe de 1763 à 2022. Moi, je joue la méchante, je représente la Couronne britannique, maître Corbeau », précise-t-elle, satisfaite d’avoir un personnage qui ne manque pas de substance ni de relief.
La Corriveau – La soif des corbeaux est présentée jusqu’au 20 août au Carré 150 de Victoriaville (lacorriveau.ca). On retrouvera aussi Frédérike Bédard dans 5e rang dès le lundi 12 septembre, à 20 h, à ICI Radio-Canada.