Le Journal de Quebec - Weekend

BOIRE LE MONDE

Cinq questions à Pascal Brouard, coréalisat­eur d’Allons boire ailleurs

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com Allons boire ailleurs Mardi 19 h à TV5 ou tv5unis.ca

Pascal Brouard est un épicurien qui aime faire de la télé qui fait du bien. La Course autour du monde lui donne la piqûre pour le documentai­re et les voyages. C’était en 1996.

Né en France dans une famille de viticulteu­rs, il a réalisé la série Papilles, puis, nous a offert plus tôt cette année la série documentai­re La vigne est belle. Une incursion au coeur des vignobles québécois. Il signe aussi la réalisatio­n de Curieux Bégin depuis une douzaine d’années. C’est dire que l’art de la table et du bon vin, il connaît. Pour Allons boire ailleurs sur TV5, dont il est un des réalisateu­rs, il a découvert des cultures et des sociétés à travers ce qui s’y boit.

Que racontent les boissons d’un pays ?

Ça parle beaucoup du vivre ensemble. Allons boire ailleurs est une série documentai­re qui raconte beaucoup de choses sur les gens et les pays. J’ai eu la chance de tourner dans des pays assez festifs : l’Espagne, l’Italie, le Brésil, le Mexique. On ne parle pas que de vin.

C’est beaucoup plus large. Il est question de café, de mezcal, d’ayahuasca, de boissons emblématiq­ues. Tu en apprends beaucoup sur la façon de vivre. Nous ne sommes pas dans des enjeux politiques, mais ça permet d’avoir un regard historique, économique, social et sociétal.

Quel moment t’a le plus marqué de ces rencontres ?

Le plus long segment de la série porte sur l’ayahuasca. Pour moi, c’est le moment le plus fort. Ça faisait longtemps que je voulais sortir des sentiers battus et documenter l’ayahuasca. Vanessa [Pilon, qui partage l’animation avec Valérie Chevalier] et moi en avons beaucoup parlé. Elle avait envie de l’essayer et de participer au rituel. Nous étions avec 400 Brésiliens réunis pour le sacrement sur des chaises de jardin. L’église et son Padrinho nous ont bien accueillis. Il s’en sert notamment pour traiter les dépendance­s.

Je me souviens aussi d’avoir tourné chez un petit producteur de mezcal à

5 h au sud de Mexico. Tout était fait de manière très artisanale par des gens qui vivaient de façon très rudimentai­re. Nous avons été choqués de retrouver une de leur bouteille vendue à 300 $ à l’aéroport. Ça nous rappelle que malheureus­ement, ce qui est bio n’est pas nécessaire­ment équitable.

Est-ce facile d’entrer en contact avec des gens qui ne sont pas habitués à la caméra ?

En tant qu’ancien de La Course autour du monde, je suis habitué. Tu ne braques pas tout de suite ta caméra. Tu ne veux pas avoir l’air d’un voleur d’image. On s’intéresse aux gens d’abord puis au sujet. Il m’arrive souvent de partager avec eux quelque chose de québécois. J’emmène souvent du sirop d’érable par exemple. Ensuite, on prend le temps d’expliquer l’horaire, les actions. Mais aimer les gens est la première condition pour faire ce travail.

Comment se tourne un épisode ?

Nous disposons de six jours de tournage dans un pays. Nous tournons cinq jours avec nos protagonis­tes. La sixième journée est consacrée à faire des images. C’est important de calculer les distances et le temps pour se rendre entre les villes. On met généraleme­nt 4 à 5 heures pour tourner un segment. Ce qui est difficile, c’est de laisser les gens qui souvent ont prévu pour nous un repas qui pourrait durer trois heures ! Nous sommes une toute petite équipe : un caméraman qui fait aussi le son, l’animatrice, un « fixeur » et moi. Ce sont des tournages qui sont exigeants et qui demandent d’être capable de se revirer de bord rapidement quand les plans changent. Ça nous est arrivé au Brésil alors que notre invitée pour le café avait dû quitter pour des funéraille­s !

Est-ce qu’il y a des tendances qui se dessinent mondialeme­nt en termes de boissons ?

Ce qui est flagrant, et ce n’est pas en lien avec la pandémie, c’est le retour aux produits locaux. On le voit un peu partout. On sent la valorisati­on et l’importance de la transmissi­on familiale. Nous avons tourné en Italie avec trois jeunes, des amis, qui ont choisi de retourner dans leur région natale pour lancer des cocktails inspirés de séries télé, comme Stranger Things, avec des produits locaux comme l’huile d’olive ou de truffe. Il y a une volonté de se réinventer et de mettre de l’avant le terroir.

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Pascal Brouard
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L’animatrice d’Allons boire ailleurs, Vanessa Pilon, lors d’un tournage au Brésil
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