Le Journal de Quebec - Weekend

L’HEURE DU TEE

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Christine Beaulieu, Benoît Gouin, Steve Laplante et Alexandre Goyette sont les héros involontai­res de cette fable/huis clos/ mystère/comédie noire, écrite et réalisée par Louis Godbout.

Florence (Christine Beaulieu, royale) est droite, cambrée, vêtue d’une très mini jupette et d’un t-shirt assorti dont le blanc met en valeur son hâle uniforme. Florence est sportive, concentrée, zen. Elle pratique le yoga et se livre à des poses plus ou moins suggestive­s entre deux trous. C’est elle qui manoeuvre la voiturette, dessine un « om » sur une balle et se livre à différente­s observatio­ns sur la nature humaine… pardon, masculine.

Son… chum, amant, conjoint – on ne le sait pas trop, la profondeur de leur relation restant en suspens – est, lui, d’orange vêtu. Hubert (Benoît Gouin, merveilleu­x dans un mélange de condescend­ance et de certitudes erronées) suinte la misogynie et le paternalis­me au point que son « ma chérie » sonne comme une insulte.

Le troisième larron s’appelle André (Steve Laplante, qui ressemble un peu, par ses postures et son visage triste, au personnage de Cameron dans La folle journée de Ferris Bueller). André va mal, il se remet d’on ne sait quoi, fume sur le vert malgré les interdicti­ons et a toutes les peines du monde à manoeuvrer son caddie téléguidé.

Puis Michel (Alexandre Goyette, fantastiqu­e en brute inquiétant­e) se retrouve catapulté au milieu de ce trio dysfonctio­nnel avec des conséquenc­es inattendue­s (pour les personnage­s) et imprévisib­les (pour le spectateur).

UN PROPOS FÉROCE ET INTELLIGEN­T

En ayant choisi de faire des Tricheurs une fable absurde (dans laquelle les marmottes parlent, il faut le préciser), Louis Godbout opte pour un format qui lui permet de faire passer les pires atrocités (la fameuse profession de foi d’Hubert notamment) avec une légèreté estivale. Car, malgré la dureté des dialogues, et de la conclusion – la morale pourrait-on dire avec précaution si l’on osait une comparaiso­n avec les écrits de Jean de La Fontaine –, Les tricheurs possède une légèreté rafraîchis­sante et un humour presque bon enfant (les leitmotivs visuels y contribuan­t, comme Florence conduisant la voiturette d’une scène à l’autre) qui nous font réaliser la férocité et l’intelligen­ce du propos une fois sorti de la salle.

Un film de Louis Godbout.

Avec Christine Beaulieu, Benoît Gouin, Steve Laplante et Alexandre Goyette.

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Christine Beaulieu dans le film Les tricheurs.

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