Le Journal de Quebec - Weekend
CORPS SANS ÂMES
L’horreur et la prétention font rarement bon ménage. On en a aujourd’hui la preuve indubitable avec le nouveau Bodies Bodies Bodies, un long métrage aussi douloureusement pompeux qu’ampoulé.
Ils sont jeunes. Ils sont riches. Et ils se croient tout permis. Mais lorsqu’un ouragan cloître leur petite fête dans un manoir plongé dans l’obscurité, un groupe d’amis voit ses membres disparaître un à un dans des circonstances mystérieuses… et violentes. Un tueur s’est-il invité aux festivités ? Ou est-il en fait l’un d’entre eux ?
Cette prémisse, les fans d’épouvante en conviendront, est usée à la corde. Mais ce qui semble de prime abord être un énième You’re Next ou Ready or Not ne tarde toutefois pas à montrer ses véritables couleurs. Et ça fonctionne particulièrement bien, notamment grâce à un climat étouffant, des morts spectaculairement sanglantes et une finale franchement surprenante.
Mais malheureusement, plusieurs cinéphiles risquent de se perdre en chemin, rebutés par le ton austère, prétentieux et moralisateur utilisé par la cinéaste Halina Reijn.
Le cinéma peut, bien entendu, être un véhicule formidable pour sensibiliser le public à différents enjeux, ou encore passer un commentaire social percutant. Mais encore faut-il que ce soit fait avec finesse, subtilité et doigté, trois éléments complètement absents de Bodies Bodies Bodies.
ABRUTISSANT
Car le message qu’il souhaite véhiculer – qui ne sera pas révélé ici pour ne rien divulgâcher – devient abrutissant tant il est prédicant. Pire encore, il est porté par des personnages caricaturaux, unidimensionnels et, disons-le franchement, détestables. En fait, on peine tant à s’attacher à eux qu’on voit chaque trépas non pas comme une tragédie, mais comme une bénédiction.
Et ça, c’est dommage. Car avec son humour mordant, il s’en serait fallu de peu pour que Bodies Bodies Bodies devienne le Scream d’une nouvelle génération. Présentement à l’affiche.
Un film de Halina Reijn.
Avec Amandla Stenberg, Pete Davidson, Lee Pace et Maria Bakalova.