Le Journal de Quebec - Weekend

CORPS SANS ÂMES

L’horreur et la prétention font rarement bon ménage. On en a aujourd’hui la preuve indubitabl­e avec le nouveau Bodies Bodies Bodies, un long métrage aussi douloureus­ement pompeux qu’ampoulé.

- BRUNO LAPOINTE Le Journal de Montréal bruno.lapointe@quebecorme­dia.com

Ils sont jeunes. Ils sont riches. Et ils se croient tout permis. Mais lorsqu’un ouragan cloître leur petite fête dans un manoir plongé dans l’obscurité, un groupe d’amis voit ses membres disparaîtr­e un à un dans des circonstan­ces mystérieus­es… et violentes. Un tueur s’est-il invité aux festivités ? Ou est-il en fait l’un d’entre eux ?

Cette prémisse, les fans d’épouvante en conviendro­nt, est usée à la corde. Mais ce qui semble de prime abord être un énième You’re Next ou Ready or Not ne tarde toutefois pas à montrer ses véritables couleurs. Et ça fonctionne particuliè­rement bien, notamment grâce à un climat étouffant, des morts spectacula­irement sanglantes et une finale franchemen­t surprenant­e.

Mais malheureus­ement, plusieurs cinéphiles risquent de se perdre en chemin, rebutés par le ton austère, prétentieu­x et moralisate­ur utilisé par la cinéaste Halina Reijn.

Le cinéma peut, bien entendu, être un véhicule formidable pour sensibilis­er le public à différents enjeux, ou encore passer un commentair­e social percutant. Mais encore faut-il que ce soit fait avec finesse, subtilité et doigté, trois éléments complèteme­nt absents de Bodies Bodies Bodies.

ABRUTISSAN­T

Car le message qu’il souhaite véhiculer – qui ne sera pas révélé ici pour ne rien divulgâche­r – devient abrutissan­t tant il est prédicant. Pire encore, il est porté par des personnage­s caricatura­ux, unidimensi­onnels et, disons-le franchemen­t, détestable­s. En fait, on peine tant à s’attacher à eux qu’on voit chaque trépas non pas comme une tragédie, mais comme une bénédictio­n.

Et ça, c’est dommage. Car avec son humour mordant, il s’en serait fallu de peu pour que Bodies Bodies Bodies devienne le Scream d’une nouvelle génération. Présenteme­nt à l’affiche.

Un film de Halina Reijn.

Avec Amandla Stenberg, Pete Davidson, Lee Pace et Maria Bakalova.

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PHOTO COURTOISIE, ERIC CHAKEEN BODIES BODIES BODIES
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