Le Journal de Quebec - Weekend
FAIRE REVIVRE UN GRANDMYTHE GREC
Fascinée par la mythologie grecque, la romancière américaine Scarlett St. Clair offre une interprétation sombre, captivante, contemporaine du mythe d’Hadès et Perséphone dans une nouvelle série romanesque qui connaît énormément de succès. D’abord autoéditée et vendue à 200 000 exemplaires, la série a ensuite été publiée chez un éditeur, où elle s’est vendue à 170 000 exemplaires en un an, dans 11 pays. Tout un succès pour l’écrivaine qui n’en croit pas ses yeux.
En entrevue par courriel, Scarlett St. Clair explique qu’elle s’est toujours intéressée à la mythologie et qu’elle avait été particulièrement intriguée par l’histoire millénaire d’Hadès et Perséphone. Hadès, dieu des enfers, tombe amoureux de Perséphone, la fille de Zeus et Déméter, et l’enlève dans son chariot pour l’avoir avec lui dans le monde des ténèbres.
Dans la série, Perséphone est la déesse du printemps… en titre seulement. Depuis qu’elle est petite, les fleurs se ratatinent à son contact. Après s’être installée à la Nouvelle Athènes, elle espère mener une vie discrète dans la peau d’une journaliste mortelle. Mais tout change lorsqu’elle visite une boîte de nuit clandestine et fait la rencontre d’un étranger extrêmement séduisant qui a bâti un empire du jeu dans le monde des mortels. Une idylle naît… envoûtante et interdite.
« En dépit de l’aspect cruel du mythe de Hadès et Perséphone, nous préférons tous penser que c’est une histoire d’amour interdit », fait remarquer Scarlett St. Clair.
« Quand j’étais au collège, j’ai lu beaucoup de récits épiques de la Grèce antique et j’y ai toujours trouvé deux éléments intéressants. Les dieux, malgré leurs superpouvoirs, avaient des défauts bien humains. Et ces mythes, même s’ils sont anciens, sont toujours pertinents dans la société moderne », explique-t-elle.
TOUJOURS VÉNÉRÉS
L’écrivaine note que le concept de dieux et de déesses s’adapte à notre vie d’aujourd’hui.
« Il y a encore beaucoup de gens à travers le monde qui vouent un culte à ces divinités. Alors que plusieurs croient qu’ils n’appartiennent pas à une religion dominante, les dieux en tous genres sont toujours pertinents. Plusieurs de mes lecteurs m’ont écrit pour me dire que leur dieu ou leur déesse s’appelait Hadès, Perséphone ou Hécate. Ils me disaient que je les dépeignais de façon juste, ce qui est un gros compliment. »
Néanmoins, dans A Touch of Darkness, Scarlett St. Clair a ressenti que si les dieux et les déesses prenaient vie aujourd’hui sur terre, ils tiendraient un rôle qui ressemblerait à celui des familles royales.
« Ce serait des personnalités publiques qui ont un jour appartenu à l’Histoire, puis qui auraient davantage adopté un statut de célébrité », observe-t-elle.
LE VRAI POUVOIR
Perséphone, dans ses romans, a quelques points communs avec elle.
« Elle a grandi dans un environnement qui ressemble au mien. Alors ce que j’admire chez elle, c’est sa capacité à sortir de la manière dont elle a été éduquée et de décider en quoi elle veut croire et qui elle veut être. Ce faisant, elle apprend où se trouve son véritable pouvoir. Cela n’a rien à voir avec la magie, mais plutôt avec qui elle est. »
Tomberait-elle amoureuse d’un homme comme Hadès ?
« Absolument pas ! Physiquement, Hadès est très séduisant, mais émotivement, il est une véritable épave. C’est un alcoolique qui a des problèmes de communication et je préfère vraiment ne pas avoir à gérer cela. »
Par ailleurs, Scarlett St. Clair est toujours sous le choc face à l’immense succès de la série.
« Je trouve que c’est une expérience surréelle et peu importe à quel point j’y ai rêvé, voir cela arriver est une expérience totalement différente. Je ne sais pas s’il y aura une adaptation en télésérie ou au cinéma, mais je crois que tout est possible ! »