Le Journal de Quebec - Weekend

LES FEMMES AU DÉBUT DU 20e SIÈCLE

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Longtemps enseignant­e de français, Isabelle Hébert, diplômée en littératur­e et mère de quatre enfants, s’est laissé porter par l’histoire du Québec rural du tournant du siècle dernier pour écrire sa première série historique, Destins. Page après page, elle fait revivre le quotidien des femmes qui, piégées par les secrets que la société d’alors réprimait, devaient trouver des manières subtiles de tirer leur épingle du jeu.

Au Québec, en 1907, la famille Roy coule des jours paisibles dans le petit village de Saint-Simon-des-Neiges. Leur quotidien est rythmé par les saisons, les tâches et les corvées qui y sont associées, le travail de la terre et l’éducation des enfants.

Un jour, le curé Boucher leur demande d’accueillir temporaire­ment une jeune fille qui vient de mettre au monde clandestin­ement un enfant illégitime qu’elle a été forcée de donner en adoption.

Femme charitable, enceinte, Paule Roy accepte d’accueillir Agathe Senécal, sans savoir à quel point cette décision bouleverse­ra leur quotidien. Leur voisin veuf, Edmond, trouve Agathe bien de son goût.

Pendant ce temps, la famille Senécal se voit forcée de quitter le village de Saint-Rémy-de-Lérey lorsque la cadette d’Agathe, Célina, tombe enceinte à son tour. Les parents décident d’aller refaire leur vie aux États-Unis, s’imaginant pouvoir un jour rapatrier leurs filles et leur offrir un nouveau départ. Mais c’est sans compter sur la relation naissante entre Agathe et Edmond.

FAN DE ROMANS HISTORIQUE­S

Isabelle Hébert dépeint très bien la société québécoise catholique bien-pensante du début du 20e siècle. Elle raconte la genèse de Destins ,en entrevue.

« Je suis une grande lectrice d’abord et avant tout et j’aime beaucoup les romans historique­s, particuliè­rement ceux de Michel David, qui se passent à la campagne », dit-elle.

« J’avais lu Au bord de la rivière ,où le personnage de Catherine va accoucher en ville. Je me suis demandé ce qui allait se passer si son père n’avait pas voulu la reprendre. Qu’est-ce qui lui restait comme options ? » Elle a entamé ses recherches et décidé que ce serait le thème de son premier roman.

SA GRAND-MÈRE

« J’ai grandi avec une grand-mère qui était dans mon entourage et me parlait souvent de l’époque où elle est née – 1909. Elle me racontait comment c’était à l’école, comment c’était, la vie, dans son temps. Je trouvais qu’il y avait beaucoup de bienveilla­nce et j’avais envie d’explorer ça. Je voulais montrer ce que ça peut donner, de la bienveilla­nce, de la générosité, du monde qui est vraiment bon. D’un coup que ça pourrait inspirer quelqu’un ? »

LE RÔLE DES FEMMES

La romancière parle du rôle des femmes, à l’époque.

« On pense souvent qu’elles étaient les esclaves de leur mari et du clergé. Oui, en partie. Mais les femmes qui tiraient le mieux leur épingle du jeu étaient celles qui avaient compris comment parler aux gens. Qui avaient compris qu’on peut arriver à convaincre sans confronter. C’est surtout ces femmes qui arrivaient à se créer un environnem­ent paisible et vivable. »

« On a toujours l’impression que vivre en campagne, c’était la misère… Mais on se rend compte que c’était moins la misère de vivre en campagne que vivre en ville. Au moins, à la campagne, les prix n’augmentaie­nt pas et tout était dans ton jardin et dans tes bâtiments. »

Elle a voulu montrer que c’était possible d’avoir une vie agréable, à cette époque, malgré toutes les tâches et toutes les contrainte­s.

Sa grand-mère, note-t-elle, trouvait important qu’elle sache que les choses n’ont pas toujours été faciles pour les femmes.

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