Le Journal de Quebec - Weekend

URGENCE, ACTION ET COMPASSION

5 questions à Nadia Ruel, productric­e au contenu de Nos paramédics

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante@quebecorme­dia.com

Depuis ses débuts à la belle époque de MusiquePlu­s, Nadia Ruel a travaillé au développem­ent et au contenu de nombreuses émissions de variétés, des talk-shows comme des magazines et des documentai­res. Avec De garde 24/7 ,qui en est à sa 8e saison, et Police en service, qui connaîtra sa 3e saison, deux séries à succès de TéléQuébec, elle a fait du documentai­re d’observatio­n une expertise souvent encensée et plusieurs fois récompensé­e. Nos paramédics nous plonge au coeur de l’urgence de sauveurs de vies constammen­t confrontés avec l’inconnu, la douleur et la détresse humaine. Une immersion infiniment humaine où l’action côtoie la compassion. Qu’est-ce qui t’intéressai­t dans le travail des paramédics ?

En documentan­t depuis plusieurs années des situations d’urgence, j’ai eu la chance d’être témoin d’une petite partie de leur travail qui est super importante. Les paramédics sont les porteurs de l’histoire du patient. Ce sont eux qui transmette­nt les informatio­ns essentiell­es au personnel de l’hôpital.

Je n’avais jamais vu l’ampleur de leur travail sur le terrain et l’ensemble de leurs responsabi­lités. Cette immersion dans leur quotidien et leurs réflexions m’intéressai­t.

Ce ne sont pas des gens qui font de la télé. Comment arrive-t-on à trouver de bons protagonis­tes ?

Tout le monde a quelque chose à dire. Il s’agit de trouver ceux qui ont envie de partager une portion très intime de leur vécu, leurs réflexions sur leur travail, comment ils le vivent, comment ça les transforme en tant qu’humains. Ce n’est peut-être pas la première série qui documente les paramédics, mais dans notre cas, ce sont les humains que nous mettons de l’avant et non le sensationn­alisme des situations. En début de production, nous faisons des rencontres avec les paramédics, on leur parle, on répond à leurs questions. Puis on fait une période d’observatio­n. Pour moi, c’est une étape importante pour voir l’interactio­n qu’ils ont avec les patients, pour découvrir leur personnali­té. Après, c’est un travail d’équipe. Il y a souvent trop de bons candidats. Avec le réalisateu­r (Charles Gervais), la recherchis­te (MarieChris­tine Huot) et ma coproductr­ice (EvaRose Mercier), on doit faire des choix. C’était aussi important de bien illustrer les différente­s spécialité­s, les soins primaires comme les soins avancés.

Vous tournez des situations où les gens sont vulnérable­s. Quelle est votre ligne d’éthique ?

On emprunte le regard du paramédic pour bien comprendre la situation. C’est une ligne qu’on ne traverse jamais. Nos équipes sont habituées de travailler dans ce genre de contexte. Nous sommes des témoins empathique­s parce que les patients nous donnent un accès privilégié à leur intimité. Mais notre caméra filme les paramédics. Après, des choix volontaire­s se font au montage. On ne veut choquer personne. Ce n’est pas toujours nécessaire de tout voir pour saisir l’émotion et comprendre comment les choses se vivent. D’ailleurs, un patient qui a reconnu son histoire dans un extrait diffusé récemment a écrit à Urgences-santé pour remercier les paramédics tout en disant avoir bien hâte de voir l’émission.

Les membres de l’équipe doivent être témoins de situations qui peuvent être troublante­s. Comment les prépare-t-on ?

On se retrouve effectivem­ent sur le terrain dans des environnem­ents non contrôlés et on ne sait jamais à quoi s’attendre. Nous avons eu des rencontres avec les gens d’Urgences-santé. Ils nous ont énuméré des types de situations en étant honnêtes et transparen­ts. On fait un débrief à la fin de chaque tournage.

On reste toujours vigilant face aux chocs post-traumatiqu­es, et la porte est toujours ouverte pour parler.

Qu’allons-nous découvrir du travail des paramédics dans la série ?

Les gens vont être surpris de la charge de travail. Les journées sont longues. Ils reçoivent beaucoup d’appels. On va voir aussi qu’il y a souvent une histoire différente entre ce que les gens racontent aux répartiteu­rs et la prise en charge. Les paramédics doivent être prêts mentalemen­t et physiqueme­nt à faire face à toute situation. On va comprendre aussi qu’il y a beaucoup de gens seuls qui sont vulnérable­s et dont la seule solution est de faire le 911. Les paramédics doivent faire face à beaucoup d’interventi­ons sociales. Un des épisodes sera consacré aux chocs post-traumatiqu­es. On va discuter avec un paramédic qui est en arrêt de travail. Des images d’une interventi­on passée lui reviennent. Ce n’est pas rare. Il a été assez généreux pour briser le tabou autour de ça. C’est une série ancrée dans l’humain et il arrive que la charge émotive s’accumule. C’est aussi une série très lumineuse.

Nos paramédics, jeudi 20 h 30 à MOI & CIE.

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Nos paramédics
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