Le Journal de Quebec - Weekend

MACABRES DÉCOUVERTE­S DANS UN ANCIEN COUVENT

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Romancière immensémen­t populaire et talentueus­e, l’Écossaise Val McDermid s’est penchée sur des sujets de société difficiles dans son nouveau roman, Ainsi parlent les morts. Les autorités, découvrant des corps sur le terrain d’un ancien couvent en voie de démolition, doivent déterminer ce qui s’est passé. Ils soupçonnen­t la présence d’un tueur en série et se lancent dans une enquête complexe et dangereuse.

Lorsqu’un promoteur procédant à des démolition­s sur le site d’un ancien couvent exhume des corps d’enfants, l’équipe de Paula McIntyre, chargée de l’enquête, se met à interroger les anciennes pensionnai­res victimes de l’extrême sévérité des nonnes.

D’autres découverte­s macabres attendent les policiers et le jardinier dénonce alors un prêtre qui l’avait convaincu d’enterrer des itinérants dans une terre consacrée.

Cette piste, comme la précédente, conduit à une impasse. Il faudra « faire parler les morts », dont le nombre inquiétant laisse planer l’ombre d’un tueur en série. La brigade régionale, qui n’a pas l’habitude des cold case, fait appel à Carol Jordan, exclue de la police, et à son acolyte Tony Hill, expert en profilage psychologi­que.

À LA SOURCE

Val McDermid, célèbre écrivaine écossaise, est une experte dans l’art de transmettr­e beaucoup d’informatio­ns, de maintenir un rythme soutenu en racontant une histoire palpitante.

« Quand j’essaie de trouver une informatio­n, je ne me contente pas d’aller dans une bibliothèq­ue ou sur internet : j’essaie de parler avec des gens qui font cela pour vrai. Ainsi, j’ai les histoires et les faits. Je peux ajouter beaucoup de matière à mes textes », expliquet-elle, en entrevue téléphoniq­ue depuis son domicile en Écosse.

C’est ce qu’elle a fait avec le profileur psychologi­que Tony Hill dans ce roman.

« Je ne connaissai­s pas de profileur psychologi­que ni de psychologu­e clinicien et, par hasard, en regardant la télé locale, j’ai vu ce monsieur qui était profileur pour la police. Je l’ai persuadé de me parler et nous sommes devenus amis. Il m’a raconté ce qu’il faisait. Ses méthodes sont celles de Tony Hill dans le livre. Les anecdotes qu’il m’a racontées, tous les détails, ce ne sont pas des informatio­ns qu’on pourrait trouver dans un livre. On comprend cela quand on prend le temps de rencontrer ces personnes. »

DES FAITS RÉELS

La genèse d’Ainsi parlent les

morts est liée à la découverte bien réelle d’un endroit où des bébés nés de mères célibatair­es avaient été enterrés, alors qu’elles étaient prises en charge par une organisati­on religieuse.

« Il y a quelques années, j’ai écouté un excellent balado de la BBC au sujet de la ville de Tuam, en Irlande, où il y a eu un énorme scandale. Des bébés avaient été enterrés sur le terrain d’un couvent. J’ai trouvé cela monstrueux. Mais je trouvais que c’était une idée intéressan­te à explorer pour un roman. »

Ensuite, elle s’est lancée dans la recherche et l’écriture, méthodique­ment.

« Il fallait ensuite que je trouve comment intégrer des personnage­s à cette histoire. »

Val McDermid, une écrivaine féministe, très au courant de l’actualité, rappelle que les femmes ont été victimes d’oppression.

« L’attitude de la société et de l’Église ne pardonnait pas et n’était pas libérale. Les femmes étaient tellement opprimées… Elles n’avaient pas la possibilit­é de se tenir debout comme elles le peuvent aujourd’hui », observet-elle.

« Ce n’est une surprise pour personne. »

La réponse de ses lecteurs a été phénoménal­e à la sortie du livre dans sa version originale en langue anglaise.

« Les lecteurs étaient très intrigués par l’idée du roman. L’histoire est fictive, mais ce qui s’est passé dans les couvents et les écoles catholique­s a trouvé écho dans la culture de l’époque. »

Newspapers in French

Newspapers from Canada