Le Journal de Quebec - Weekend

LE POUVOIR DE LA MOUSTACHE

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN Le Journal de Montréal

S’étant fait couper l’élan de son premier album par l’arrivée de la pandémie, Gab Bouchard s’est retroussé les manches et a rapidement travaillé sur un deuxième disque. Le voilà qui arrive avec Grafignes, une oeuvre plus sombre que l’auteur-compositeu­r a créée en écoutant à la fois Leon Russell et The Arctic Monkeys.

À l’hiver 2020, Gab Bouchard est arrivé dans le paysage musical comme une bouffée d’air frais. Portant une coupe bol aux cheveux blonds et une proéminent­e moustache, le jeune auteur-compositeu­r, alors signé chez Dare To Care Records, pouvait espérer connaître une année très occupée.

Est ensuite arrivée une certaine pandémie qui a complèteme­nt charcuté son calendrier. Ne pouvant plus faire ses lancements prévus à Montréal et Québec, le musicien est retourné en studio pour se désennuyer. Les différents déconfinem­ents lui ont ensuite permis de se promener un peu partout sur les scènes du Québec, où il a tout de même réussi à jouer une quarantain­e de fois.

Deux ans et demi plus tard, le musicien est maintenant rendu chez Bravo Musique, la nouvelle boîte que Béatrice Martin a lancée après avoir racheté DTC Records. Il arbore les cheveux foncés longs. Mais la moustache est toujours là.

« J’ai déjà rêvé que j’allais dans un party et qu’on me rasait la moustache ! dit le musicien en riant. D’après moi, je vais la garder longtemps. »

LES ANNÉES 1970

Son nouvel album, Grafignes, sonne comme une tonne de brique. Et Gab

Bouchard n’en est pas peu fier. Parce que la pandémie lui a permis de flâner en studio, il en a profité pour s’amuser « avec des pitons » et écouter plein de disques qui le faisaient « buzzer ».

Des exemples ? « J’ai écouté pas mal de [John] Lennon, dit-il. Pas mal des affaires des seventies [années 1970]. L’album Carney, de Leon Russell, c’est vraiment pété ! J’ai aussi écouté des classiques que j’écoute tout le temps, comme les Strokes. »

« Le dernier album d’Arctic Monkeys sorti en 2017, Tranquilit­y Base Hotel & Casino, c’est un masterpiec­e [chefd’oeuvre], poursuit-il. Si on écoute Toutes les filles sont belles, et le ton vocal un peu crotté… J’ai dit aux gars [les arrangeurs Mathieu Quennevill­e et Olivier Langevin] d’aller écouter cet album-là et de pogner des petites affaires. Je ne sais pas si ç’a été écouté, mais on s’est rendu là pareil ! »

ALLER AU BOUT DE SES IDÉES

Grafignes étant un disque plus sombre que le précédent, est-ce que cela reflète l’état d’esprit dans lequel se trouvait Gab Bouchard durant la pandémie ?

« Ça n’a pas rapport avec la pandémie. Il n’y a pas de lien avec le virus sur cet album-là ! Mais c’est beaucoup introspect­if. Et l’hiver, c’est sombre. On était au studio jusqu’à cinq ou six heures du matin. On revenait le lendemain. »

« L’autre jour, j’ai réécouté le disque et je me suis rendu compte que c’était comme un gros morceau. C’est un moment de vie. Ça, c’était Gab à 23 ans ! Ça reflète deux années de beaucoup de changement­s, de beaucoup de maturité. »

« Je suis content parce que je suis allé au bout de toutes les idées que j’avais. J’ai toujours repoussé les deadlines [échéancier­s] qu’on me donnait, parce que je trouvais que l’album n’était pas prêt. Je ne voulais rien presser. Je ne voulais pas sortir un album pour sortir un album. Je voulais sortir l’album dont j’étais content. On a travaillé fort. »

UNE OFFRE QU’IL NE POUVAIT REFUSER

Alors qu’il planifiait peut-être de faire un spectacle de lancement pour Grafignes, Gab Bouchard a dû changer ses plans, car il a reçu une offre qu’il ne pouvait refuser.

La fondation evenko lui proposait de faire cinq concerts qui permettrai­ent d’amasser de l’argent pour acheter des instrument­s pour une école. L’auteur-compositeu­r de Saint-Prime a naturellem­ent choisi une école du Lac-Saint-Jean.

Ayant carte blanche pour ces cinq concerts [Gatineau, 8 septembre, Montréal, 9 septembre, Saguenay, 23 septembre, Québec, 24 septembre, Winnipeg, 8 octobre], il a décidé d’inviter Vincent Vallières, Marie-Pierre Arthur, Valence et Laura Niquay à jouer avec lui sur scène.

« Les invités se séparent tous les spectacles, dit Gab. Chaque soir, il y aura trois invités. Chaque artiste fera entre deux et quatre spectacles. »

Les concerts comprendro­nt des pièces de Grafignes, mais aussi des titres des artistes invités. Le spectacle du 9 septembre à Montréal fera donc office de « lancement » d’album, même si Gab Bouchard ne jouera pas son nouveau disque intégralem­ent.

« Je suis en train de monter le spectacle et je me dis que ça va être vraiment le fun ! Je veux qu’on soit une gang. Je ne veux pas juste que telle personne vienne faire sa toune et s’en aille. Si tu veux rester pour jouer de la guitare, tu restes et tu joues avec nous. On monte les tounes comme [Bob] Dylan faisait avec le Rolling Thunder ! »

L’album de Gab Bouchard, Grafignes, est présenteme­nt disponible. L’artiste sera en spectacle le 9 septembre au Théâtre Corona, à Montréal, avec Vincent Vallières, Valence et Marie-Pierre Arthur. Pour plus d’infos : facebook.com/gabpointbo­uchard.

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Bouchard avait sorti son premier album, Triste pareil, tout juste avant le début de la pandémie, en février 2020.
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Pochette de l’album Grafignes

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