Le Journal de Quebec - Weekend

DESTINATIO­NS ET RENCONTRES

Cinq questions à Jéricho Jeudy, réalisateu­r d’Avec ou sans cash Le cinéaste Jéricho Jeudy aime raconter des histoires et aller à la rencontre des gens. Et il aime prendre des risques.

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com Avec ou sans cash, lundi 21 h sur Évasion

Il est un des cofondateu­rs du mouvement KINO, qui a vu naître bon nombre de créateurs en plus de s’étendre dans une quarantain­e de pays depuis une vingtaine d’années. Il se passionne pour le court-métrage et aime les oeuvres spontanées.

Avec sa conjointe, cinéaste elle aussi, il nourrit sa plateforme notrecinem­amaison.com. Du cinéma participat­if comme il s’en fait rarement. La télé et le voyage sont intimement liés dans le parcours de Jéricho.

Il a réalisé Benoît à la plage, Top 10 insolites puis la série Avec ou sans cash dont la quatrième saison débarque sur Évasion.

Cette visite du Canada, elle était prévue ou s’est imposée ?

C’est notre saison COVID-19. On devait faire la côte ouest du Canada et des États-Unis, mais la pandémie nous a obligés à reporter les tournages plusieurs fois. Cette saison a nécessité deux ans pour la réaliser ! Même si les animateurs ont l’air d’improviser leur séjour, qu’est-ce que ça demande comme préparatio­n de tourner un épisode ?

C’est vrai qu’on doit tout planifier, ne serait-ce que pour faire les demandes de permis pour tourner, mais je peux dire que le tirage au sort est vrai. On le filme en préproduct­ion avec un cellulaire. C’est important de garder cet élément de hasard. Comme nous sommes une petite équipe (un réalisateu­r-caméraman et un caméraman-gars de son), on tourne une journée avec un animateur, une avec l’autre et une troisième où ils sont ensemble et pour prendre des images supplément­aires. On tourne quatre activités par jour. L’horaire est complexe et serré parce qu’il faut profiter de la lumière extérieure. On est aussi toujours soucieux de la météo, car on doit être raccord entre les activités de Guillaume (Lambert) et celles de Geneviève (Néron) qui, au montage, se passent la même journée. C’est une limite non négociable. Ce sont des tournages intenses, mais les souvenirs sont extrêmemen­t intenses aussi.

Est-ce que le concept laisse beaucoup de place à l’improvisat­ion pour les animateurs ?

J’encourage l’improvisat­ion. Quand on est dans un marché, par exemple. On sait qu’on a rendez-vous avec quelqu’un, mais pour s’y rendre, je pousse les animateurs à aller à la rencontre des gens, à leur parler. Ce sont de beaux moments humains. C’est là que la magie opère. C’est un show qui nous permet d’aller chercher la culture de l’endroit. La vibe. De voir comment c’est d’y vivre. De l’improvisat­ion, il y en a encore plus quand nous sommes à l’étranger. Plus les animateurs sont déstabilis­és, plus ils foncent et entrent dans la folie de l’endroit.

Une journée à 1000 $ c’est le rêve, mais une journée à 100 $, est-ce vraiment possible ?

L’inflation, on la sent et on la vit en préparatio­n. Le 100 $ devient de plus en plus petit. Ça nous force à être créatifs. Par exemple, si la visite d’un palais présidenti­el n’entre pas dans l’itinéraire du riche et qu’elle est trop chère pour le modeste, on se rend simplement à la relève de la garde avec le modeste. C’est gratuit et ça nous permet de montrer le palais d’une autre façon. En Asie, par contre, 100 $ c’est énorme. On développe des trucs. Il arrive qu’il y ait des prix pour les riches et les touristes et d’autres pour le reste du monde. Manger dans un bouiboui dans un quartier du Vietnam est une expérience incroyable et ne coûte presque rien. Ce qui est le fun pour le public, c’est de se mettre dans les valises des

cash

animateurs et d’imaginer l’itinéraire qu’il pourrait faire. C’est fréquent que des gens nous écrivent sur les réseaux sociaux pour nous dire qu’ils sont allés dans le même resto que nous. On les inspire et ça leur permet de savoir à quoi s’attendre côté budget.

En quatre saisons, quelles sont les activités les plus folles avec et sans que tu aies tournées ?

Il y en a tellement ! Nous sommes allés dans un manoir de rêve à Buenos Aires. Guillaume a appris à jouer au polo même s’il savait à peine monter à cheval. Nous avons pris un hélicoptèr­e libellule sur la pointe de l’Argentine pour atterrir dans une vallée et boire du champagne. Je pense aussi à l’épisode à La Paze, en Bolivie. Nous étions dans la ville la plus haute, El Alto, qui est à plus de 4000 mètres. Il y a des buildings qui ont l’air de Transforme­rs. On a assisté à un combat de lutteuses. C’est comme un Las Vegas sur l’acide. À chaque visite, il y a le spectacula­ire, mais il y a surtout les rencontres.

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Jéricho Jeudy
 ?? ?? Les animateurs d’Avec ou sans cash, Guillaume Lambert et Geneviève Néron.
Les animateurs d’Avec ou sans cash, Guillaume Lambert et Geneviève Néron.
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