Le Journal de Quebec - Weekend

L’IMPORTANCE DES VACANCES

- SAMUEL PRADIER

Prendre un temps de repos durant l’année pour décrocher de son travail est un droit. C’est aussi un geste indispensa­ble pour notre équilibre psychologi­que. Certains en sont toutefois privés, que ce soit en raison d’un manque d’argent ou de l’absence d’un emploi stable, par exemple, et les conséquenc­es peuvent être vraiment dommageabl­es.

Secrétaire dans un cabinet dentaire depuis une dizaine d’années, Chloé n’avait jamais pris de vacances jusqu’à la pandémie.

« J’ai fait quelques erreurs dans ma jeunesse, et dès que j’ai commencé à travailler, j’avais de grosses dettes à rembourser. Le cabinet dans lequel je travaille ne ferme pas durant la période estivale ni durant la période des fêtes, ce qui fait que j’ai pu multiplier les heures. En plus, pendant près de sept ans, je cumulais mon emploi avec un travail de serveuse, les fins de semaine. Je le faisais en me disant que j’allais rembourser ma dette le plus rapidement possible, mais j’ai failli craquer à plusieurs reprises. »

Chloé reconnaît qu’elle était très fatiguée et assez irritable en dehors de la job. Elle est d’ailleurs restée fâchée avec sa mère durant de longs mois, à plusieurs reprises, dans les dernières années. « Ma mère était mon seul contact en dehors de mon travail, elle me disait sans cesse que je devrais prendre des vacances, mais je ne voulais rien entendre. »

La pandémie lui a finalement fait réaliser qu’elle était au bout du rouleau après dix ans de travail acharné. « S’il n’y avait pas eu la pandémie, j’aurais certaineme­nt fait un burnout [épuisement profession­nel]. Même mon employeur m’a menacé à plusieurs reprises de m’obliger à prendre des vacances. »

DES EXEMPLES CONCRETS

Plusieurs études françaises montrent que l’absence de vacances a un véritable impact négatif sur la santé des employés. Le risque d’accidents cardiovasc­ulaires augmente, alors que des pathologie­s comme l’eczéma, l’asthme ou certaines allergies vont s’atténuer, voire disparaîtr­e, pendant les vacances.

On note aussi une diminution importante de la vente d’antidépres­seurs et de somnifères durant les périodes de vacances estivales.

« Pour une majorité de travailleu­rs, les vacances auraient un bénéfice immédiat sur la réduction des symptômes de détresse et d’épuisement, qui pourrait se poursuivre plusieurs semaines après la fin de celles-ci, a écrit la psychologu­e Julie Ménard. Un temps d’arrêt permettrai­t aussi de mieux réussir au travail et de mieux s’investir à la maison, favorisant un meilleur équilibre travail-famille, en plus de relativise­r la centralité du travail pour l’individu. »

De son côté, le professeur Roquelaure estime néanmoins que le travail a aussi sa raison d’être. « Le travail n’est pas qu’une contrainte, c’est aussi une ressource qui permet de se construire. Plus un travail est intéressan­t, valorisant et permet d’apprendre, plus il est protecteur. C’est donc l’équilibre entre le temps de travail et le temps de loisirs qu’il faut préserver ».

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