Le Journal de Quebec - Weekend

MONTRÉAL, UNE VILLE D’ACCUEIL ET D’ESPOIR

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Les lignes invisibles, premier roman de Su J. Sokol, commence par le récit de l’immigratio­n clandestin­e, à vélo, d’une famille de militants américains de gauche qui fuit un pays de plus en plus despotique. Le roman d’anticipati­on, publié en anglais en 2014 sous le titre Cycling to Asylum, offre une vision quasi prophétiqu­e de la montée des inégalités et de l’extrémisme aux ÉtatsUnis. Et c’est en même temps une lettre d’amour à Montréal, ville-sanctuaire où Su J. Sokol, comme ses personnage­s, a trouvé refuge.

Les lignes invisibles raconte l’histoire d’une famille qui s’enfuit de la ville de New York, dans un futur proche. La famille traverse la frontière au Québec à vélo et demande l’asile politique. Ce voyage, au sens propre et au sens figuré, est raconté par chacun des quatre personnage­s. Chacun donne son point de vue sur l’épopée.

Laek est un professeur d’histoire au passé mystérieux. Janie est avocate, activiste et musicienne. Les deux enfants, Siri et Simon, racontent aussi le voyage à vélo épique qui changera leur vie à tout jamais.

En entrevue téléphoniq­ue, Su J. Sokol, qui s’exprime très bien en français, raconte la genèse de ce roman publié dans la collection Imaginaire de VLB Éditeur.

« Quand j’ai eu l’idée pour le roman, c’était en 2008. J’étais en train de rentrer chez moi à vélo. Je travaillai­s pour un organisme communauta­ire qui travaille beaucoup avec des immigrants, des réfugiés. Et moi-même je suis immigrant. Je me suis dit : si jamais quelqu’un des États-Unis a besoin de fuir pour chercher l’asile, la meilleure façon serait de le faire à vélo, de choisir un très petit poste frontalier et y aller à vélo avec les enfants. »

Su J. Sokol a trouvé qu’il s’agissait là d’une très belle idée de roman. « Mais le problème, c’est que les gens ici, au Canada, au Québec, ne croyaient pas que quelqu’un qui habite aux États-Unis va avoir besoin de demander l’asile. Au cours de l’Histoire, il y a beaucoup de moments où les gens, là-bas, ont cherché à venir au Québec et au Canada pour des raisons diverses. »

Que faire alors ? Il fallait dire que le roman se déroulait dans un futur proche, comme la science-fiction, ajoute Su. « Comme ça, je n’ai pas besoin d’argumenter avec certaines personnes sur les conditions actuelles aux États-Unis. Il y a beaucoup de choses dont j’ai parlé dans le roman qui étaient certaines choses que j’ai vues, dans la vraie vie, mais qui ont été exagérées dans le roman. »

« Après la parution du roman, des gens ont dit que j’avais prévu certaines choses. Mais pour moi, c’était des choses déjà vues. »

MONTRÉAL, VILLE-REFUGE

Su J. Sokol considère Montréal comme une ville-sanctuaire, une ville où iel a vraiment trouvé un répit, un asile. « Pour moi, je dirais que oui, plus ou moins. Ce n’est pas le cas pour tout le monde, par contre. Je me suis senti très à l’aise ici, les gens étaient très gentils. Au début, je ne parlais pas français et je ne connaissai­s que quelques mots. Quand j’essayais de parler français, les gens m’encouragea­ient même si je faisais beaucoup d’erreurs. »

Su a trouvé que Montréal lui apportait de l’espoir, du calme et présentait une ouverture d’esprit. « Je trouve que c’est une ville beaucoup plus verte que les villes aux États-Unis. Le système politique, même si comme tous les systèmes politiques, il a ses problèmes, offre différents points de vue, différents partis. Je trouve que les choses changent beaucoup plus rapidement ici. J’ai toujours de l’espoir et je crois qu’on peut changer les choses pour qu’elles soient meilleures. »

En librairie le 10 août.

■ Su Sokol a quitté New York pour s’installer à Montréal il y a plusieurs années.

■ Figure très active dans le milieu de la science-fiction anglophone, iel a également écrit Run J Run (Renaissanc­e Press, 2019) et le roman jeunesse Zee, paru en anglais et en français chez Mouton noir Acadie (2020).

■ L’édition originale en anglais a fait partie de la sélection du Prix Sunburst.

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LES LIGNES INVISIBLES Su J. Sokol, traduit par Émilie Laramée. VLB Éditeur, 452 pages.

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