Le Journal de Quebec - Weekend

CÉLÉBRER LA DIVERSITÉ CORPORELLE

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Après le succès de Clovis, où elle parle des troubles du spectre de l’autisme, la pétillante Guylaine Guay revient avec un nouveau concept d’album jeunesse inspiré de sa propre enfance et de ses propres expérience­s. Elle nous présente Gloria, une petite fille souriante et joyeuse qui n’a pas froid aux yeux et pour qui le physique est tout sauf un problème. Jusqu’à tant qu’on se mette à rire d’elle.

Gloria, élevée dans un milieu modeste, est courageuse et inventive. Optimiste, elle trouve toujours une façon originale de surmonter les problèmes. Pour elle, les petits soucis du quotidien deviennent des défis à surmonter et des moteurs de créativité.

Un jour, un garçon de l’école, Rodrigue, lui dit qu’elle est grosse et se moque d’elle. Elle est grosse ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que cela implique ? Et pourquoi est-ce si drôle aux yeux de Rodrigue et de plusieurs autres ?

Guylaine Guay a puisé dans ses propres souvenirs pour imaginer le parcours de la belle Gloria, qui devra, comme le titre l’indique, braver les tabous sociaux sur la différence corporelle. Et il y en a.

« Ça fait longtemps que ce sujet me touche. Dans ma bande dessinée Capitaine Aime-tonMou, c’était moi. Gloria, c’est un peu moi, petite. Quand j’ai vu le personnage, j’ai trouvé ça trop cute. Gloria, c’est le prénom que j’ai choisi parce que c’est glorieux. Je voulais une image d’une petite fille ronde, joyeuse, curieuse. Une petite fille qui a du fun dans la vie, qui est allumée. »

PRÉJUGÉS

Guylaine Guay est d’avis qu’il y a encore beaucoup de préjugés à l’endroit des personnes corpulente­s. « C’est stigmatisa­nt être gros. Être un enfant gros, c’est encore pire. Moi, j’étais une enfant très grosse. J’ai toujours été grosse. Je pense que c’était pas mal la pire période de ma vie parce que tous les enfants qui te côtoient te rappellent que tu es gros. Gros, c’est encore considéré comme une insulte. »

L’autrice s’est fait traiter de grosse pas mal toute son enfance, dit-elle. « Quand tu entendais “Aïe, la grosse”, c’était pas un compliment. Malheureus­ement, c’est encore de même. Je ne pense pas que ça a changé. »

On l’a mise au régime à l’âge de 7 ans. « Il y a ce désir de tout de suite nous changer, nous dire que notre corps n’est pas correct. C’est lourd à porter, ça, pour un enfant. »

PLUSIEURS FORMES

Guylaine voulait transmettr­e un message important par le truchement de son personnage. « Ça existe, différente­s formes. On ne vient pas tous du même moule. Et comme j’ai été un enfant gros, je comprends exactement ce que ça veut dire. Ma soeur n’était pas grosse et on mangeait la même chose, on vient de la même famille. »

« On fonctionne beaucoup au mérite dans notre société. Si tu es gros, c’est parce que tu ne mérites pas l’amour. Quand tu es gros, les gens associent ça à : tu es un gros paresseux ou une paresseuse, tu n’as pas de volonté. Il y a beaucoup de caractéris­tiques très négatives associées à quelqu’un de gros. Et c’est toujours un mince en devenir… les gens vont commencer à accorder de l’attention si la personne perd du poids. Dans notre société à nous, un corps gros, c’est encore négatif. »

Elle a vécu ce que Gloria a vécu. « Pourquoi les autres trouvent ça drôle que je sois grosse ? Qu’est-ce qu’il y a de drôle là-dedans ? Je me suis posé la question moi-même quand j’étais jeune. Je sais qu’il y a des physionomi­es différente­s, des moules différents et, malheureus­ement, c’est pas ce que les gens pensent. Le but, c’est de dire qu’il y a toutes sortes de formes. »

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