Le Journal de Quebec - Weekend
THRILLER DÉCAPANT EN TERRE ESPAGNOLE
Écrivain sensationnel — et l’un des auteurs de thrillers les plus lus en France — Bernard Minier invite ses lecteurs à le suivre dans une aventure aux notes espagnoles dans son dixième roman, Lucia. Sa nouvelle héroïne, Lucia Guerrero, une enquêtrice attachante, mais coriace, devra faire la lumière sur la mort abjecte d’un de ses collègues, crucifié sur un calvaire. Légendes inquiétantes, tableaux de l’époque baroque, ruelles tortueuses, références aux Métamorphoses d’Ovide, esprits dérangés : tout est en place pour une histoire complexe… et absolument terrifiante.
Bernard Minier invite ses lecteurs dans les coulisses inquiétantes d’une des plus vieilles universités d’Europe, celle de Salamanque, dans ce roman.
Dans cette université très respectée, un groupe d’étudiants en criminologie découvre l’existence d’un tueur passé sous les radars depuis plusieurs décennies. Il a la particularité d’être fasciné, semble-t-il, par l’aspect morbide de certains tableaux anciens.
Bernard Minier, toujours en quête d’une histoire qui sort de l’ordinaire, n’a pas hésité à sortir des sentiers battus ni à faire des recherches poussées pour écrire Lucia.
Bernard Minier connaît très bien l’Espagne puisque sa mère y est née et est arrivée en France à l’âge de 8 ans.
ORIGINES ESPAGNOLES
« J’ai souvent été en Espagne dans mon adolescence et pendant ma jeune vingtaine, à cette époque qu’on appelait la Movida, grande époque des années 1980 où l’Espagne faisait sa révolution politique, sociale, culturelle, dit-il, en entrevue. Les jeunes parlaient politique tout le temps, et moi, j’ai connu cette période extraordinaire. »
Le personnage intense de Lucia, cette policière de la Guardia Civil, petite, brune, tatouée, qui a un sacré caractère, s’est d’abord présenté dans son imaginaire. « Les gens qui me connaissent bien savent que j’ai très près de moi une personne qui lui ressemble beaucoup ! »
Il avait aussi envie de situer une intrigue dans une très ancienne université européenne. « J’aime beaucoup ce milieu que j’avais un peu abordé dans Le Cercle — celui de la transmission du savoir. Mon père était professeur. J’avais envie d’une vieille ville européenne pittoresque avec ses ruelles, ses pavés, toute cette histoire. L’Université de Salamanque a été fondée en 1518 et pour une fois, je suis passé de l’autre côté des Pyrénées. »
LA PEINTURE BAROQUE
L’art est au premier plan dans ce thriller. « Dans mes romans, j’aime parler des choses qui m’intéressent dans la vie. J’aime glisser en contrebande des réflexions sur la littérature, sur mes auteurs préférés, sur le cinéma, sur la musique aussi. J’avais envie de parler d’arts plastiques : je suis un passionné de peinture et la période qui m’intéresse le plus, c’est la Renaissance et le Baroque. C’est aussi bien le Quattrocento et le Cinquecento italiens que les Primitifs flamands. »
« Je trouvais que c’était une occasion, quand j’ai pensé à cette vieille université, de parler de peinture et d’imaginer un tueur qui s’inspire de tableaux de la période baroque. »
À cette époque, ajoute-t-il, les peintres avaient deux sources principales d’inspiration : la Bible et les Métamorphoses d’Ovide, un poème écrit au 1er siècle qui fait référence à toute la mythologie grecque et latine.
« Je me souvenais qu’il y avait des scènes violentes et épouvantables dans les Métamorphoses d’Ovide. Nous, les auteurs de thrillers, on n’a rien inventé : la violence, elle est dans les arts et la littérature depuis toujours. »
Les lecteurs en auront pour leur argent. « Je dis toujours que les lecteurs de thrillers sont affamés d’émotions fortes et qu’il leur faut le roller coaster, le Luna Park émotionnel, et qu’ils veulent aussi du fond. C’est-à-dire qu’ils veulent aussi ne pas avoir l’impression d’avoir lu complètement gratuitement, uniquement pour se distraire. Ils aiment apprendre des choses à travers la lecture, et moi, j’estime que quand on cesse d’apprendre, on est mort. Il faut apprendre toute sa vie. »