Le Journal de Quebec - Weekend
RESTER DEBOUT
Quatre ans après son ambitieux album concept Retour à Walden, Richard Séguin revient avec un disque introspectif et intime créé en toute tranquillité durant la pandémie. Sur Les liens les lieux, l’auteur-compositeur de 70 ans parle de ses liens d’affection, avec la famille et les amis, mais aussi de son amour du territoire. « C’est exaspérant de voir que de décennie en décennie, il y a peu de choses qui changent », remarque-t-il.
À l’automne 2018, Richard Séguin lançait Retour à Walden – Sur les pas
de Thoreau, un album concept qui s’inspirait de l’oeuvre du philosophe et poète américain Henry David Thoreau. Le chanteur avait alors l’intention de faire un imposant spectacle avec tous les intervenants du projet, dont Élage Diouf, Jorane, Normand D’Amour et Normand Baillargeon.
Puis les mois ont passé et la pandémie est arrivée. Le projet a fini par avorter. « Un théâtre musical, c’est tout un navire à mettre à l’eau, explique Richard Séguin. C’était beaucoup de collaborateurs. On avait 24 musiciens, des cordes, des cuivres. Ça nécessitait de coordonner l’agenda de tout le monde. »
Aujourd’hui, le projet scénique demeure sur les tablettes. Mais Richard Séguin se console en se disant que l’album existe et que si quelqu’un souhaite le transposer sur scène, il l’accompagnera avec plaisir.
« Mais je ne prendrai pas moi-même l’initiative de réunir tout ça. C’est un peu long pour moi. »
DIFFÉRENTES PLUMES
Au début de la pandémie, le musicien s’est plutôt tourné vers la création de ce qui deviendrait Les liens les lieux.
Parce qu’il possède un studio maison dans son petit village de Saint-Venantde-Paquette, dans les Cantons-de-l’Est, Richard Séguin a composé de nouvelles chansons sans réfléchir à un album en particulier.
Les trois textes que lui a envoyés la poétesse Hélène Dorion lui ont toutefois donné la pulsion pour commencer l’écriture véritable d’un album.
« J’ai été bien impressionné par sa qualité de perception, dit-il. Elle est très mature, très lucide en même temps. »
Pour la pièce Puisque, Richard Séguin a retrouvé son collaborateur de longue date, Marc Chabot.
« Ça doit faire plus de 30 ans que je travaille avec lui. On a écrit ensemble
Journée d’Amérique. Marc a aussi écrit L’ange vagabond .» Le documentariste Hugo Latulippe lui a également offert un texte qui accompagne la dernière pièce de l’album, Petit hymne aux grands rangs.
« C’est un cadeau qu’il m’a fait, dit
Richard. Je termine l’album de la forme la plus simple. C’est drôle parce que l’album se promène comme dans différents tableaux. Sur la pièce juste avant, Être
ici, il y a 30 violons. Et la pièce d’Hugo, c’est a capella. »
À la réalisation de l’album, Richard Séguin a retrouvé un complice de longue date, Hugo Perreault. Mathieu Vanasse a apporté sa touche aux arrangements de cordes. François Lafontaine (Karkwa) a aussi apporté des éléments de piano.
LIENS D’AFFECTION
Quelle est la signification du titre de l’album Les liens les lieux ?
« C’est en regardant l’ensemble des chansons, répond Richard. Il y avait des liens d’affection, des liens reliés à la famille, des liens reliés à l’amitié. Ensuite, il y a des liens reliés à la nature. Ce qui m’a amené directement aux lieux qu’on habite. Ç’a donné des chansons comme Chemins forestiers ou même la chanson d’Hugo Latulippe. C’est l’attachement à la protection de nos lieux. »
« Je sens beaucoup que les gens veulent avoir des lacs en santé. Ils veulent avoir des boisés à proximité. Ils ne veulent plus avoir de glyphosate dans la nourriture ni de phosphate dans les ruisseaux. Tout ça, c’est un grand mouvement qui vient du monde et qui fait réfléchir le politique. C’est peut-être une note d’espoir. Les gens veulent protéger de plus en plus leur environnement. Ça, je le sens. »
PREMIÈRE TOURNÉE EN CINQ ANS
Dans quelques jours, Richard Séguin repartira sur les routes du Québec pour sa première tournée en cinq ans. Déjà, plusieurs des quelque 80 dates au calendrier affichent complet.
« Je me prépare. Toutes mes guitares sont prêtes. Je recommence mes exercices pour les gammes, les exercices pour la voix. »
Ce nouveau spectacle comprendra quelques titres du nouvel album, mais il fera aussi la part belle à l’album Aux portes du matin, qui a fêté son 30e anniversaire l’an dernier.
« Il y a des chansons là-dedans qui sont encore très présentes », constate l’auteur-compositeur. Ayant fêté ses 70 ans au printemps, Richard Séguin se voit encore continuer d’écrire des chansons pour plusieurs années.
« C’est la santé qui va me porter, dit-il. Ce n’est pas grand-chose, une chanson, c’est une feuille blanche et un crayon à mine ! Ce sont des petits moyens.
À un moment donné, les chansons deviennent un spectacle, puis une tournée. Je trouve ça bien intéressant de continuer à faire de la chanson. »
L’album de Richard Séguin, Les liens
les lieux, est sur le marché. Le chanteur sera en spectacle au Théâtre Petit Champlain de Québec (du 19 au 22 octobre et le 3-4 décembre) et au Théâtre Outremont (3-4 novembre). Pour plus d’informations : richardseguin.info.