Le Journal de Quebec - Weekend

DÉFENDRE DES PERSONNAGE­S ET LEURS CAUSES

5 QUESTIONS À NADINE BISMUTH, AUTRICE PRINCIPALE D’INDÉFENDAB­LE

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante@quebecorme­dia.com

Nadine Bismuth dévore les séries judiciaire­s. C’est pour cette raison qu’elle a accepté de plonger dans l’aventure de la quotidienn­e Indéfendab­le, série hautement attendue à TVA. Après avoir fouillé la psychologi­e des personnage­s d’En thérapie et du personnel soignant d’Au secours de Béatrice, puis sondé les dédales amoureux dans Un lien familial, l’autrice investit un cabinet d’avocats avec une certaine intention de redorer le blason de la défense à travers des personnage­s multidimen­sionnels et des histoires saisissant­es. Un mandat chargé dont les premiers témoignage­s s’avèrent prometteur­s.

Quand on plonge dans un milieu comme le droit avec ses termes, ses procédures, doit-on comme auteur y faire une immersion ?

Richard Dubé, qui est l’idéateur de la série, est avocat criminalis­te. C’est lui qui écrit tous les procès, le déroulemen­t du chemin légal, qui décrit comment les avocats montent leurs dossiers pour leurs clients. Le légal, il s’en occupe. Nous, les auteurs, nous dramatison­s ce qu’il nous donne. On développe aussi la vie personnell­e des personnage­s. Nous venons enrichir les histoires. Je fais les synopsis qui dictent l’évolution de la trame. Les auteurs (Mathieu Denis, Stéphane Hogue, Erika Mathieu, Daniel Chiasson, Émilie Ouellet, Donald Bouthillet­te, Alexandre Laferrière) repartent avec un épisode. Nos scriptes-éditeurs (Pierre Houle et Marc Bisaillon) repassent les textes. Puis je veille à ce que tout soit cohérent, j’assure l’uniformité de ton, je réécris des dialogues au besoin. C’est un travail d’équipe. C’est un univers au niveau du storytelli­ng qui est très engageant.

La série débute sur une scène accrocheus­e qui va ouvrir sur un procès. Était-ce une structure qu’on risque de retrouver régulièrem­ent dans la saison ?

Nous avons toujours une cause principale, un procès au criminel. Nous aurons neuf grandes causes qui vont s’échelonner sur une douzaine d’épisodes. Puis il y a des causes secondaire­s à la Cour du Québec pour des méfaits qui sont moins spectacula­ires. Ce qui est particulie­r c’est que chaque fois nous aurons différents points de vue de la scène de crime. Celui de la victime, celui de l’agresseur et des témoins. Le spectateur se retrouve dans un rôle du jury et devra choisir qui dit vrai. C’est une façon de faire très accrocheus­e qui permet de maintenir le suspense jusqu’à la fin.

On nous montre souvent les avocats comme des gens frondeurs, ultraconfi­ants, au-dessus de la mêlée. Pour les suivre au quotidien, les personnage­s doivent être attachants. Comment t’y es-tu prise ?

Les personnage­s d’André Lapointe (Michel Laperrière) et Léo MacDonald (Sébastien Delorme) étaient déjà bien campés dans le concept de Richard et d’Izabel (co-conceptric­e et productric­e). Les avocats de la défense ont mauvaise réputation en général. On voulait aller au-delà des préjugés voulant qu’ils défendent des agresseurs et qu’ils sont là juste pour le cash. Ils sont arrogants en cour, mais ça fait partie du côté théâtral. Au contraire, ils sont pleins d’empathie et recherchen­t une certaine justice. Des fois leur job c’est aussi de montrer à la Couronne comment bien faire leur job. Ils défendent des principes de droits. Les personnage­s ont leur vie au cabinet, mais aussi celle dans l’intimité. Ça contribue à les rendre attachants. Ça leur ajoute une couche. Ça permet de voir à quoi ressemble leur vie quand ils rentrent le soir. Dès les premiers épisodes, il y a d’excellente­s performanc­es. As-tu été surprise de voir les personnage­s

prendre vie dans ces circonstan­ces exceptionn­elles ?

J’ai vu 40 épisodes et je peux dire que je suis souvent émue. Le procès de Pierre Poirier (Hubert Proulx) m’a fait pleurer même si j’en connais tous les textes. Une autre cause avec une adolescent­e (Emi Chicoine) m’a beaucoup touché. Je sais que sur le plateau c’était très fort aussi. Me Desjardins (Anne-Élisabeth Bossé) qui est à la croisée des chemins, je la trouve formidable. Me Legrand (Martin David Peters), notre méchant, est tellement payant. Tous sont extraordin­aires. C’est un bureau dans lequel j’aimerais travailler !

Dans les dernières années, on a assisté à une perte de confiance envers le système de justice. Les réseaux sociaux sont devenus un tribunal populaire. Crois-tu que la série va poser un nouvel éclairage et redorer la profession ?

On ne se tannera jamais de remettre en question l’ADN d’une institutio­n. C’est normal de douter d’elle, de la questionne­r. Ça ne changera pas. On n’a aucune prétention à ce niveau-là, mais je pense que la série va apprendre beaucoup de choses aux gens sur le milieu judiciaire.

■ Indéfendab­le

■ Du lundi au jeudi 19 h à TVA

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PHOTOS COURTOISIE, ERIC MYRE ET PIERRE-PAUL POULIN Indéfendab­le
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