Le Journal de Quebec - Weekend
L’ÉPOPÉE DES PATRIOTES DE SAINT-CÉSAIRE
Après avoir publié son roman La tisserande, qui évoque le travail des femmes dans les manufactures montréalaises, l’écrivain Richard Gougeon plonge dans l’épopée tumultueuse des patriotes dans un nouveau roman remarquable, L’auberge des Quatre Lieux. Au travers de personnages attachants, il raconte comment les gens de Saint-Césaire ont vécu cette période trouble de l’histoire.
En août 1837, Victor Hudon tient commerce à Saint-Césaire, au coeur d’une région normalement très tranquille qu’on appelle Les Quatre Lieux. Philomène, son épouse, gère la maison et prend soin de leur fils.
Tout a l’air calme… en apparence seulement, puisque la colère gronde au sein de la population, qui en a contre certains occupants anglais qui semblent tout piller sur leur passage.
Victor Hudon se défend bien de se joindre aux insurgés, mais dans son magasin, des clients en ont long à dire contre ces « envahisseurs »…
Victor Hudon, prudent, se contente d’abord d’observer et d’écouter, mais finit par participer à quelques réunions clandestines, dont celles qui sont tenues à l’auberge Godreau. De plus en plus de visiteurs débarquent dans cet établissement pour préparer la rébellion.
Pendant ce temps, le curé Lamarre exhorte ses ouailles à prêter allégeance à la nouvelle reine Victoria et à se conformer à l’ordre établi. Évidemment, au village, ça ne fait pas l’affaire de tout le monde et la tension monte. Les accusations de trahison, les rumeurs de soulèvement et les actes de saccage annoncent une période difficile.
DOCUMENTATION
Richard Gougeon s’est abondamment documenté pour écrire cette histoire qui est liée au roman La tisserande, publié l’an dernier. L’héroïne du roman, Christine Cadet, a travaillé dans une filature du quartier Hochelaga, à Montréal, qui s’appelait Les Moulins à coton Victor Hudon.
« En faisant mes recherches, je suis tombé sur Victor Hudon et j’ai réalisé qu’il avait vécu à Saint-Césaire. Quand j’ai eu terminé La tisserande, j’ai fait des recherches sur lui. »
Il a découvert qu’il avait travaillé dans le commerce d’un certain M. Casavant et qu’il a participé à des engagements à SaintCharles et Saint-Denis sur Richelieu, qui ont été des lieux forts de la rébellion de 1837.
« J’ai décidé de situer mon histoire dans le contexte des patriotes de Saint-Césaire de 1837 et 1838. En poursuivant mes recherches sur mon patelin auprès de la Société d’histoire des Quatre Lieux, je me suis documenté beaucoup et il y a des choses assez merveilleuses qui m’ont été révélées. »
RÉUNIONS CLANDESTINES
Il y avait donc un fort noyau de patriotes à Saint-Césaire, et Victor Hudon, qui était plutôt neutre au début, a été incité à embarquer dans le mouvement.
« Il a participé à beaucoup de réunions clandestines à Saint-Césaire, mais n’a pas eu d’engagements comme tels à Saint-Césaire. Cependant, il y a eu un bataillon britannique qui a occupé les lieux. Il y avait des patriotes notoires à Saint-Césaire et un monument commémoratif, dans un parc, mentionne le nom de plusieurs patriotes. »
Certains d’entre eux ont d’ailleurs été exilés.
« Il y avait également un curé dont je parle abondamment dans l’histoire – le curé François-Marie Lamarre. Il était progouvernement, comme le demandait l’Église catholique. Dans le journal La Minerve de 1837 – j’ai la référence exacte – il a traité ses paroissiens d’imbéciles, en parlant de ceux qui s’engageaient dans la rébellion, contre le gouvernement. Ça rend la chose intéressante. »
Et Louis-Joseph Papineau, qui était recherché, a été de passage à Saint-Césaire au cours de sa fuite vers les États-Unis.
« Il a couché chez quelqu’un qu’on connaît, dans une maison qui existe encore à Saint-Césaire. »