Le Journal de Quebec - Weekend

LA SCIENCE-FICTION DÉCALÉE DE STÉPHANE LAFLEUR

- MAXIME DEMERS maxime.demers@quebecorme­dia.com

Huit ans après la sortie de Tu dors Nicole, le cinéaste Stéphane Lafleur revient avec Viking, une comédie décalée construite autour d’une idée follement originale et dans laquelle il se permet de flirter légèrement avec la science-fiction. « C’est un film qui se prend pour un film de science-fiction », lance d’ailleurs à la blague le réalisateu­r.

Présenté il y a deux semaines au Festival internatio­nal du film de Toronto, où il a reçu une mention spéciale du jury, Viking relate le parcours de David (Steve Laplante), un professeur d’éducation physique qui se porte volontaire pour participer à la première mission habitée sur Mars.

Sauf que David n’aura jamais à quitter la Terre. Avec quatre autres volontaire­s québécois (joués par Larissa Corriveau, Fabiola N. Aladin, Hamza Haq et Denis Houle), il formera plutôt une équipe B d’alter ego qui vivra l’aventure en parallèle, en huis clos, dans un désert des États-Unis.

Ayant été choisis parce qu’ils ont chacun des profils psychologi­ques similaires à ceux des cinq astronaute­s américains envoyés sur Mars, les cinq volontaire­s auront le mandat de faire une simulation de la mission afin de tenter d’anticiper et de régler à distance les problèmes interperso­nnels rencontrés dans l’espace par leurs homologues.

La prémisse de Viking a commencé à germer dans la tête de Stéphane Lafleur (Continenta­l, un film sans fusil, En terrains connus, Tu dors Nicole )ilyaune douzaine d’années, après avoir vu une exposition de photograph­ies de Vincent Fournier, à New York. Les clichés montraient des gens habillés en astronaute­s qui faisaient semblant d’être sur Mars, dans le désert de l’Utah.

Puis, l’idée de mettre en lien des astronaute­s en mission spatiale avec une équipe B sur la Terre lui est apparue en voyant un documentai­re sur les sondes Voyager dans lequel la NASA disait avoir gardé une troisième sonde en laboratoir­e pour régler des problèmes à distance.

« Je me suis demandé ce qui arriverait si on appliquait ça aux humains », confie Stéphane Lafleur en entrevue au Journal.

« Je trouvais que c’était un concept le fun qui me permettait de parler de ce que c’est d’essayer d’être quelqu’un d’autre et de vouloir être quelqu’un d’autre. »

UNE IDÉE « PORTEUSE ET RICHE »

De son propre aveu, Stéphane Lafleur a mis un certain temps à accoucher d’une première version du scénario de Viking. Jugeant qu’il avait entre les mains un bon concept lui offrant énormément de possibilit­és, le cinéaste a senti le besoin de faire appel à un collègue scénariste pour l’aider à maximiser le potentiel de son récit. Dès qu’Éric K. Boulianne (Avant qu’on explose, Les Barbares de La Malbaie) est embarqué dans le projet, l’écriture du scénario a débloqué.

« Le grand défi était d’amener cette idée, qui me semblait porteuse et riche, le plus loin possible et j’avais l’impression qu’à deux, on avait plus de chances d’y arriver », indique Lafleur.

« Je sentais que c’était un film qui avait besoin d’être plus structuré que les autres que j’avais faits avant. J’avais aussi besoin d’une progressio­n dramatique un peu plus claire. Éric est un bon chirurgien du scénario, et un bon ami aussi. La première chose qu’il a faite, c’est qu’il a remis les affaires aux bonnes places et ensemble, on a bâti tout ce qui manquait. Il a beaucoup apporté au scénario. »

Même si les personnage­s principaux de Viking ne s’aventurent jamais dans l’espace, Stéphane Lafleur s’est amusé à insérer des éléments de science-fiction ici et là, se permettant même un clin d’oeil à un classique du genre.

« J’ai déjà dit à la blague qu’à l’image de ses personnage­s qui se prennent pour d’autres, Viking est un film qui se prend pour un film de science-fiction, souligne en riant le cinéaste. Je ne pense pas qu’il se qualifie comme un film de science-fiction en tant que tel. Mais il y a clairement des éléments [de sciencefic­tion]. Dès qu’on voit les costumes d’astronaute­s, on a l’impression que le film s’en va dans cette direction-là, mais il va finalement totalement ailleurs.

« Cela dit, c’est sûr que j’en profite pour rendre hommage à 2001 : l’Odyssée de l’espace, pour ne pas le nommer. Tu ne peux pas t’approcher de la science-fiction sans te pencher et rendre hommage à 2001. C’est un chef-d’oeuvre qui a mis la base pour beaucoup de films qui ont suivi après. »

Viking prend l’affiche le 30 septembre.

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Le cinéaste Stéphane Lafleur
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Une scène de Viking
 ?? ?? Larissa Corriveau et Steve Laplante dans Viking.
Larissa Corriveau et Steve Laplante dans Viking.

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