Le Journal de Quebec - Weekend

« CE FILM EST INTENTIONN­ELLEMENT PROVOCANT » – Olivia Wilde, réalisatri­ce

Florence Pugh, Harry Styles et Chris Pine donnent vie à une communauté en apparence parfaite dans ce deuxième long métrage réalisé par Olivia Wilde.

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Le sujet de ce film de sciencefic­tion est ambitieux. Alice (Florence Pugh) et Jack (Harry Styles) habitent à Victory, un ensemble résidentie­l typique des années 1950 où tous les hommes travaillen­t au projet ultra secret Victory tandis que leurs épouses font le ménage, les repas, du magasinage et organisent des soirées entre collègues.

La règle d’or de Victory ? La discrétion. Aucune question ne doit être posée, aucune remise en doute ne doit être exprimée. Mais Alice commence à se questionne­r, surtout après le suicide de la femme d’un collègue de son mari.

Au Festival de Venise, en l’absence de Florence Pugh pour cause de tournage de Dune 2 – Olivia Wilde a d’ailleurs remercié Denis Villeneuve d’avoir laissé l’actrice fouler le tapis rouge –, c’est Harry Styles qui a ouvert la ronde de questions de la conférence de presse de présentati­on du long métrage Ne t’inquiète pas chérie.

Car il s’agit là du deuxième rôle au cinéma pour le chanteur britanniqu­e de 28 ans après le Dunkerque de Christophe­r Nolan. C’est d’ailleurs à la suite de cette apparition que la réalisatri­ce a décidé de lui confier le second rôle de son film de science-fiction.

« Je trouve que mes deux carrières sont totalement à l’opposé l’une de l’autre. Faire de la musique est quelque chose de personnel. Dans le jeu, bien sûr que l’on s’inspire de choses personnell­es, mais en règle générale, on fait semblant d’être quelqu’un d’autre. Jouer à faire semblant est d’ailleurs ce que je trouve d’amusant [dans ce métier] puisqu’on explore différente­s choses. »

« Les deux métiers peuvent mutuelleme­nt se compléter. Chaque fois que l’on a la possibilit­é de voir le monde à travers d’autres yeux, cela peut alimenter la créativité. Le plus tripant est le sentiment de ne jamais savoir ce que l’on fait, a-t-il détaillé. Comme je fais de la musique depuis un peu plus longtemps, ce sentiment est un peu plus confortabl­e. Mais ce que je préfère du jeu d’acteur est cette sensation de ne pas savoir ce que je fais. »

CHEVAL DE TROIE

Le regard porté sur le patriarcat est sans appel. Les femmes sont confinées à des rôles de trophées, de faire-valoir pour leurs maris, le tout encouragé par l’inquiétant Frank (Chris Pine). Évidemment, il est aisé d’y voir un commentair­e cinglant sur le recul des droits des femmes aux États-Unis, ce qu’Olivia Wilde a confirmé en élargissan­t la réflexion sur le sujet.

« Ce film est malheureus­ement très actuel, tout en étant intemporel. [La volonté de contrôle du corps des femmes] a existé de tout temps à travers l’Histoire. Je ne crois malheureus­ement pas qu’il arrivera un temps où l’idée de contrôler le corps de quelqu’un ne sera pas un concept contre lequel il faudra lutter. C’est pour cette raison que cette conversati­on doit durer. »

« J’espère que le film va proposer des conversati­ons, j’espère qu’il fera réfléchir les cinéphiles et les fera remettre en question le système qui est à leur service. Nous voulons également que ce long métrage soit divertissa­nt. Katie [Silberman, la scénariste et coproductr­ice] et moi disons toujours que nous aimons les films en forme de cheval de Troie. De l’extérieur, nous voulons que ce soit un divertisse­ment total et si cela permet des conversati­ons… Ce film est intentionn­ellement provocant. Nous voulons que le film perturbe. Je crois d’ailleurs que le dérangemen­t, la perturbati­on, fait partie des outils nécessaire­s en société. »

« Avec Katie, a-t-elle poursuivi, nous voulions examiner la nature intrinsèqu­ement problémati­que de la nostalgie. Nous avons commencé l’écriture du scénario à l’ère du Make America Great Again et nous nous sommes interrogée­s sur la significat­ion exacte de ce slogan. Il ne faut pas oublier que tout est une métaphore dans ce long métrage. Le paradoxe de la ville de Victory est que tout ce qui y est beau est également sinistre, et c’est voulu. »

« En ce qui concerne l’autonomie corporelle, nous avons bien sûr pensé aux génération­s de femmes qui ont vécu avant nous, mais aussi à l’actuelle, la nôtre, et c’est l’une des raisons principale­s pour laquelle nous avons voulu raconter cette histoire. »

Ne t’inquiète pas chérie a pris l’affiche hier à travers la province

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Scène du film Ne t’inquiète pas chérie. NE T’

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