Le Journal de Quebec - Weekend
UNE CHARGE ESSENTIELLE
Le propos est brillant ; l’exécution, un peu moins.
Sous le soleil de Californie, un embryon de ville qui s’appelle Victory – Victoire. Regroupées au fond d’un cul-de-sac en demi-cercle, des familles qui vivent calmement. Et un couple qui s’ébat joyeusement.
Lui, c’est Jack Chambers (Harry Styles, surprenant). Elle, c’est Alice Chambers (Florence Pugh, excellente comme à son habitude). Ils s’aiment et s’ils n’ont pas d’enfants, c’est parce qu’ils veulent prendre le temps de savourer pleinement leur vie à deux.
Outre ces maisons pimpantes, tout droit sorties d’une publicité nostalgique pour le « bon vieux temps » des années 1950, Victory est aussi le nom du projet ultra secret sur lequel travaillent tous les hommes et créé par Frank (Chris Pine, détestable à souhait).
Peu à peu, Alice se rend compte que tout ne va pas bien dans cet éden artificiel. Entre deux séances de ménage compulsif et deux virées alcoolisées dans les magasins avec les autres femmes du « quartier », bien des choses étranges se produisent.
Il y a le cas de Margaret (KiKi Layne), dont les ennuis psychologiques inquiètent Alice. Puis cette sensation d’étouffement de plus en plus précise. Et tous ces petits signes, anachronismes volontairement disséminés çà et là par la réalisatrice Olivia Wilde. En effet, quelque chose ne tourne vraiment pas rond et ce n’est que dans le dernier tiers de Ne t’inquiète pas chérie que le spectateur aura la réponse.
Mais pas toutes les réponses. Car le scénario – parfois ultra prévisible… dommage – de Katie Silberman laisse quelques trous béants. Se réclamant, pêle-mêle, mais sans jamais les égaler, de La matrice, L’île, Le cygne noir ou Requiem for a Dream ,ce Ne t’inquiète pas chérie, au titre parfait et qui rappelle les séries La quatrième dimension et même Black Mirror ,est un réquisitoire nécessaire contre la misogynie et le patriarcat.
∫ Ne t’inquiète pas chérie ∂∂∂∑∂∂
Un film d’Olivia Wilde
Avec Harry Styles, Florence Pugh et Chris Pine