Le Journal de Quebec - Weekend

SUSPENSE SAVOUREUX ENTRE PARIS ET VENISE

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Original, étonnant et très divertissa­nt, le nouveau roman de Guillaume Musso, Angélique, incarne le page-turner parfait pour les soirées d’automne. Cet excellent suspense se déroule en grande partie à Paris et à Venise. Hospitalis­é après un accident cardiaque, Mathias, un ex-policier fait la connaissan­ce d’une jeune violoncell­iste, Louise, qui joue dans sa chambre d’hôpital lorsqu’il retrouve ses esprits, le jour de Noël 2021. Cette dernière insiste : il est, semble-t-il, l’homme idéal pour faire la lumière sur le décès de sa mère. Une mission acceptée… qui ne sera pas de tout repos.

Louise demande à Mathias de se pencher sur une affaire spéciale : la mort de sa mère, Stella Petrenko, une ballerine à la retraite. Mathias, grincheux, est d’abord réticent, puis accepte de l’aider. Les deux plongeront dans une enquête exaltante, impossible à mettre de côté, qui explore le côté sombre de plusieurs personnage­s. Mathias, Stella, une infirmière prénommée Angélique et un journalist­e revanchard, Corentin, vous en mettront plein la vue. C’est savoureux du début à la fin.

En entrevue téléphoniq­ue de Paris, Guillaume Musso explique qu’il avait envie de mettre au premier plan un personnage complexe, de la trempe des héroïnes de la romancière Patricia Cornwell, qu’il aime énormément. Le personnage d’Angélique va glisser vers la négativité. « Vous savez, ces rôles de méchants qu’on adore détester… », commente-t-il.

« La deuxième envie, c’était de partir d’une rencontre de deux personnage­s que tout oppose et pouvoir démarrer l’histoire sur une tension, dès les premiers échanges, alors qu’on est pourtant dans l’espace clos d’une chambre d’hôpital. »

LE RESSENTIME­NT

Le roman explore un thème difficile à travers le destin de plusieurs personnage­s : celui du ressentime­nt.

« C’est un sentiment répandu aujourd’hui. Beaucoup de gens ont l’impression de ne pas avoir la vie qu’ils méritent. C’est un moteur de la dramaturgi­e pour moi : les personnage­s, à un moment du livre, vont essayer de remettre les choses à leur juste place et vont être capables d’être vigilants, de sortir des codes. »

Stella Petrenko, la maman de Louise, était une ballerine qui a connu les feux de la rampe… et la grande noirceur.

« J’avais travaillé trois ou quatre mois sur un roman qui mettait de l’avant une danseuse étoile. Et je ne suis pas allé au bout, mais je m’étais beaucoup documenté sur cet univers. J’avais ça en tête au moment où j’ai écrit Angélique .»

Stella va frapper son Waterloo, comme on dit au Québec, avec le personnage d’Angélique.

« C’est un face à face intéressan­t, lorsqu’elles se retrouvent dans l’atelier du peintre. On se demande qui est la plus machiavéli­que des deux », commente très justement le romancier.

À PARIS

Guillaume Musso invite les lecteurs à suivre ses personnage­s dans les rues de Paris, pendant la pandémie.

« On avait l’impression d’être sous cloche… », rappelle-t-il.

« C’est un roman qui traverse le Paris d’aujourd’hui, la société française d’aujourd’hui. Vous connaissez les mots de Stendhal, qui dit : “Mon roman est un miroir que je traîne le long du chemin”. Dans ce livre, il y a une galerie de personnage­s qui éclairent un petit peu la France contempora­ine, ses différents aspects. Mais ce n’est pas du tout un roman sur le confinemen­t. »

... ET À VENISE

Il fait aussi voyager ses lecteurs au coeur de Venise, la Sérénissim­e. L’Italie est chère à son coeur et pour cause, puisqu’il est d’origine italienne. Du Piedmont, pour être précis. « C’est une culture que j’adore. C’est ma deuxième culture et j’y vais relativeme­nt souvent. J’avais envie de terminer le roman à Venise pendant une acqua alta, alors que Venise est dévastée par les eaux. C’est une symphonie, à la fin du roman. Le climat, la ville des masques, la ville des excès : tout fait écho à ce dérailleme­nt des personnage­s. C’était agréable à écrire. »

« Je suis allée là-bas en fin d’année. Mon petit plaisir, c’était d’avoir travaillé sur le roman en étant sur les lieux, à Venise, le 31 décembre 2021, pas loin du moment où se passe le roman. »

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