OPEX, L’ALBUM DE L’URGENCE

BRUXELLES | (AFP) Janvier 2022, le chanteur Arno, atteint d’un cancer, apprend qu’il lui reste entre trois et six mois : le Belge accélère le tempo et jette ses dernières forces dans Opex, ultime album à l’image du Tom Waits belge, émouvant et ébouriffé.

À partir de ce moment, « un processus d’urgence s’est mis en place », confie Damien Waselle, directeur de la branche belge de l’étiquette Pias, lors d’une rencontre avec la presse à laquelle les compagnons de route d’Arno participaient cette semaine.

« Cette urgence lui a donné de la force et de l’énergie », complète Mirko Banovic, le bassiste et « bras droit » d’Arno.

Le chanteur dépose le micro le 26 mars dans le studio bruxellois ICP, et n’y reviendra plus. Il meurt le 23 avril à 72 ans.

Le frère cadet du chanteur, le saxophoniste Peter Hintjens, explique qu’il a été pour ainsi dire sommé par son aîné de signer avec lui un titre du disque, leur seconde collaboration seulement en un demi-siècle. Sur I’m not gonna whistle, son saxophone répond à l’harmonica d’Arno, sur un arrangement évoquant la new wave des années 1980.

UN DUO AVEC MIREILLE MATHIEU

Mais l’album est surtout éclectique. Il recèle entre autres une improbable rythmique reggae pour accompagner la reprise en duo avec Mireille Mathieu de La Paloma adieu ,undes grands succès de la chanteuse, sorti en 1973.

« C’était un grand fantasme pour Arno d’enregistrer un jour un morceau avec Mireille Mathieu », raconte Damien Waselle, photographe attitré des pochettes.

Les circonstances ont fait que la collaboration a mis du temps à prendre forme, et que leur rencontre n’aura jamais eu lieu. Le Belge et la Française ont enregistré leur voix chacun de leur côté pour ce duo, et, triste coïncidence, Mireille Mathieu a achevé sa partie le jour même du décès d’Arno.

Le chanteur belge Arno.