Le Journal de Quebec - Weekend
LES SECRETS DE LA FAMILLE ENGLAND
Considérée à juste titre comme la nouvelle voix du roman historique anglais, après le succès international Les sorcières de Pendle, la Britannique Stacey Halls invite ses lecteurs à découvrir l’histoire bien particulière de Ruby May dans son nouveau roman, La nurse du Yorkshire. En 1904, la jeune nanny, diplômée d’un institut à la réputation irréprochable, prend son nouveau poste dans le château de la famille England. En peu de temps, elle réalise qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette famille.
L’histoire se déroule dans le West Yorkshire, en Angleterre, au début du 20e siècle. Comme le veut l’usage de l’époque, la riche famille de Charles et Lilian England embauche la jeune nurse Ruby May pour s’occuper des enfants.
Il ne faut pas beaucoup de temps à Ruby May pour constater que quelque chose ne tourne pas rond dans le château de Hardcastle. Il lui semble évident que Lilian England, aussi belle que mystérieuse, cache de sombres secrets.
Elle est tout à l’opposé de Charles, son mari, un homme chaleureux et enjoué qui accueille la nouvelle employée de maison à bras ouverts. Lilian, elle, est toujours distante et ne démontre pas beaucoup d’intérêt envers son mari et ses enfants. Pour compliquer la situation, Ruby May est exclue par les autres domestiques et se sent de plus en plus menacée par l’atmosphère oppressante du château.
Stacey Halls, jointe pour une entrevue téléphonique, raconte la genèse de ce best-seller à lire absolument si l’Angleterre vous passionne.
« Le lieu a vraiment inspiré le roman. Le nom de la ville est fictif dans le livre, mais cet endroit est inspiré d’une vraie ville d’Angleterre qui s’appelle Hebden Bridge, dans le West Yorkshire. C’est près de la ville où j’ai grandi et j’y suis allée souvent avec mes parents. »
« À l’époque victorienne, on l’appelait la “Petite Suisse”. Il y a un moulin sur la rivière et des pubs tranquilles. Ça me semblait être un endroit formidable qui ne demandait qu’à ce qu’on écrive une histoire à son sujet ! »
Lorsqu’elle allait se promener dans la partie historique de la ville, elle ressentait une forte connexion avec les lieux.
« Le West Yorkshire est connu pour ses paysages : c’est luxuriant et couvert de forêts qui semblent habitées par les fées. »
Elle s’est imprégnée de cette atmosphère un peu magique… se demandant quelle histoire allait surgir dans son imagination. En même temps, le thème de l’isolement lui trottait dans la tête et elle avait envie de parler du rôle des « nannies » dans les riches familles anglaises au début du 20e siècle.
MARIAGE TOXIQUE
D’autres points se sont ajoutés. « Le contrôle coercitif (abus verbal) est considéré comme un crime depuis 2015 en Angleterre. J’ai décidé de placer mon histoire à une époque où les gens ne savaient pas ce que cela signifiait. Je voulais parler d’un mariage où il y avait de l’abus et Ruby May arrive justement dans un environnement marqué par un mariage toxique. »
COINCÉE ENTRE LES DEUX
Elle précise que les « nannies », qui n’étaient ni des servantes ni des cuisinières, se retrouvaient dans une hiérarchie particulière et avaient un rôle important dans les maisonnées de l’époque.
« À cette époque, les personnes riches et privilégiées avaient des domestiques, et même les personnes qui n’étaient pas riches en avaient. Dans une maisonnée de 10-15 personnes, ce qui était la moyenne à l’époque édouardienne, cela ouvrait la porte à des conflits. C’était un peu comme une ville miniature, si on veut. »
« Une nanny a un point de vue très particulier sur la famille, le mariage, parce qu’elle n’est ni une domestique ni un membre de la famille : elle est isolée, coincée entre les deux. »