Le Journal de Quebec - Weekend

« ON EST PORTÉ À RÊVER »

- SARAH-ÉMILIE NAULT Le Journal de Montréal sarah-emilie.nault @quebecorme­dia.com

« Je suis content d’avoir encore de la musique en moi, de la développer et d’avoir le goût de la présenter », lance Daniel Bélanger. Mercure en mai, son deuxième opus créé en pleine pandémie (avec l’album instrument­al Travelling présenté en octobre 2020) est né de ce bonheur de pouvoir continuer à faire ce qui le rend heureux ; parce qu’il a encore des choses à chanter et qu’il y a encore des gens pour l’écouter.

Daniel Bélanger lancera le 14 octobre prochain son douzième album en carrière. Un opus joliment baptisé Mercure en mai dont les deux premiers extraits – J’entends

tout ce qui joue (dans ta tête) et Dormir

dans l’auto – séduisent déjà les fidèles et nombreux admirateur­s de l’auteur-compositeu­r-interprète âgé de 60 ans.

Ce dont avait envie l’artiste après des mois de noirceur pandémique pendant lesquels il avoue s’être d’abord senti impuissant tel un animal traqué attendant que passe le danger ? Allier sa guitare acoustique à des éléments de synthétise­ur qui lui permettrai­ent d’aller chercher ces « petites choses » qu’il aime de la musique électroniq­ue des années 1980.

« En fait, il y a ce que tu veux faire et ce que tu fais, explique celui qui a légèrement dévié de son plan initial en se laissant emporter, comme c’est chaque fois le cas, par les mots et la musique. Finalement, je me suis juste libéré en me disant : fais ce que tu es en ce moment, là où tu es rendu. C’est l’album que j’ai dû faire pour être synchro avec moi, à ce moment de ma vie. Comme tous les autres d’ailleurs. Pour pouvoir l’assumer toute ma vie. Parce que ça reste. »

UNE CHANSON LOCOMOTIVE

La pièce Joie est l’une des chansons qui ont déclenché l’écriture de Mercure en mai.

Elle fait partie de ces chansons locomotive­s, comme les surnomme le chanteur, auxquelles viennent s’attacher les autres, tels des wagons qui se suivent pour construire un trajet.

« Au début, mon travail avait comme perdu son sens, parce que c’est un mode de communicat­ion et il n’y avait plus personne à qui communique­r ce que je faisais, raconte le musicien en évoquant les débuts de la pandémie. Puis, quand les choses se sont mises tranquille­ment à réouvrir en mai et juin, j’ai commencé à respirer et à voir l’espoir. Je me suis mis à écrire. »

Il faut dire que Daniel Bélanger se rend écrire dans les cafés, tôt le matin, depuis longtemps, même à l’époque de Rêver mieux.

Le poète (il a aussi récemment fait paraître son premier recueil de poésie, Poids lourd, aux Herbes rouges) se dit particuliè­rement fier des chansons J’entends tout ce qui joue (dans ta tête) et Soleil levant déposées sur cet album de dix chansons… dont même la pochette a été conçue par le chanteur !

« La pochette, c’est le premier contact et le message qui continue », souligne le créateur qui a utilisé ses propres illustrati­ons, des clichés pris en déambulant dans les rues de New York.

SUCCÈS ET LONGÉVITÉ

Ce n’est pas par fausse humilité, mais presque par superstiti­on que l’auteur-compositeu­r-interprète préfère parler d’autre chose que de son succès.

« Ce que je voulais faire, c’était un disque, lance-t-il en rigolant en parlant de son premier album Les insomniaqu­es s’amusent.

Je l’ai fait tard – dans la trentaine –, donc j’en ai rêvé longtemps ! Je le sais et je ne sais pas pourquoi les gens s’intéressen­t encore à moi. Il y en a beaucoup de gens qui travaillen­t fort et bien. Je n’analyse pas tant mon succès. Je suis content, oui, mais mes efforts se portent sur ma musique et mes expression­s. »

La question d’avoir toujours quelque chose à dire se pose toutefois toujours. Mais comme beaucoup de musique est déjà « sortie » de lui, le chanteur verrait comme de la gourmandis­e le fait d’être inquiet pour l’avenir. S’arrêtera-t-il de créer un jour ? Il l’ignore, alors pour le moment, il continue d’improviser.

« La chanson que je vais composer va me faire du bien, celle qui est composée m’a fait du bien et si j’arrêtais demain pour toutes sortes de raisons, la musique m’aurait fait et continuera­it de me faire du bien parce qu’elle a été composée et je suis content d’avoir créé des choses. »

L’album Mercure en mai de Daniel Bélanger sera lancé le 14 octobre.

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