Le Journal de Quebec - Weekend
L’ALBUM DE LA CONSÉCRATION
Onze mois après la parution de Nursery Cryme, la formation britannique Genesis lançait un album et un titre de 23 minutes qui est rapidement devenu un classique du mouvement rock progressif. Cet opus, Foxtrot, a fêté jeudi dernier ses 50 ans.
Quatrième album studio de Genesis, Foxtrot a été lancé le 6 octobre 1972.
Un album de 51 minutes sur lequel on retrouve les titres Watchers of the Skies, Time Table, Get ‘Em Out by Friday, Can-Utility and the Coastliners, Horizons et l’hymne Supper’s Ready.
Après une longue série de concerts après la parution de Nursery Cryme, Peter Gabriel, Tony Banks, Phil Collins, Steve Hackett et Mike Rutherford se sont installés à Blackheath dans le sud de Londres et ensuite dans l’école de danse Una Billiings, à Shepherd’s Bush, pour travailler sur leur prochain album.
Exténué par 400 spectacles, le guitariste Steve Hackett a failli quitter Genesis, mais les membres du groupe l’ont convaincu de ne pas quitter le navire.
Watcher of the Skies, qui ouvre l’album, faisait déjà partie du répertoire de Genesis. Tout comme Can-Utility and the Coastliners.
Après avoir remercié les réalisateurs John Anthony et Tony Platt, Bob Potter entre dans le décor et on lui montrera aussi le chemin vers la porte.
Le réalisateur, qui n’aimait pas la musique de Genesis, a failli saboter le titre Watcher of the Skies qui est devenu une pièce phare et un classique de la formation britannique. Il a comparé l’introduction au mellotron à la trame sonore du film 2001, Odyssée de l’espace. Il voulait enlever les sonorités de claviers de Tony Banks.
Le réalisateur Dave Hitchcock, qui avait travaillé avec Caravan pour l’album In the Land of Grey and Pink, a pris la relève et s’est avéré le bon choix.
L’EXTRATERRESTRE
Dans la biographie Genesis, toute l’aventure, Tony Banks raconte que le mellotron utilisé dans cette pièce appartenait à Robert Fripp de King Crimson.
Écrite par Mike Rutherford et Banks, Watcher of the Skies est une sorte de fantaisie lyrique science-fiction vaguement inspirée de la nouvelle Childhood’s End d’Arthur C. Clarke.
Elle raconte la vision d’un extraterrestre observant une terre vide et abandonnée.
« Je ne crois pas que la chanson ait été à la hauteur de ce que promettait son introduction, mais c’était une excellente façon d’entamer un concert. Nous arrivions sur scène. Il y avait de la fumée des rayons ultraviolets, ce qui ne faisait pas encore trop cliché à l’époque, et quand Watcher of the Skies commençait, on savait que c’était un concert de Genesis », a raconté le claviériste Tony Banks dans cet ouvrage publié en 2007.
Lors des séances de travail, les membres de Genesis ont écarté quelques pièces proposées par le guitariste Steve Hackett, dont le titre Shadow of the Hierophant, qui s’est retrouvé par la suite sur son album solo Voyage of the Acolyte.
L’HYMNE
Supper’s Ready, qui couvre la presque totalité de la deuxième face du vinyle, est devenue la pièce emblématique de Genesis. Un titre que la formation a interprété lors de ces visites au Québec en 1973, 1974, 1976 et 1977.
Steve Hackett était loin d’être convaincu qu’une aussi longue pièce, soit 23 minutes, était pour être appréciée.
« Le public allait certainement penser que nous étions high, pourtant nous ne prenions pas d’acide et nous ne nous droguions pas. [...] Je pensais que tout était fini, que personne n’allait aimer, que la maison de disques nous viserait et que nous disparaîtrions dans un trou noir. Je me suis trompé sur toute la ligne, et je n’ai jamais été aussi content de me tromper. Ce morceau a fini par devenir l’hymne du groupe », a dit le guitariste dans le livre Genesis, toute l’aventure.
Hackett a ensuite intégré ce titre dans ses nombreuses tournées en solo. Elle sera au programme lors de ses passages, le 29 novembre à la salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts, et le 4 décembre au Grand Théâtre de Québec.
Lorsque le propriétaire de l’étiquette Charisma et gérant de Genesis Tony Stratton-Smith a entendu l’album, enregistré aux Studios Island à Londres, il a qualifié Foxtrot de disque marquant.
« J’ai dû essuyer une larme qui coulait. Tout ce que je croyais à propos de ce groupe se concrétisait », a-t-il confié à Richard Macphail, ami et membre de l’équipe technique entourant Genesis sur la route.