Le Journal de Quebec - Weekend
LA TRÈS BELLE RIVALE DE QUÉBEC
Pour comprendre la dualité culturelle du Canada comme un Henri Bourassa l’entendait, lui qui parlait de deux peuples fondateurs, il faut visiter successivement la plus néo-française des villes québécoises, Québec, et sa vis-à-vis anglaise, la plus britannique des villes canadiennes, Victoria.
Dans l’Empire britannique, il n’y a aucun personnage qui n’égale le souvenir de la reine Victoria quant aux innombrables lieux, places, monuments et villes qu’elle a inspirés.
Au Québec, on a même un Victoriaville en son honneur !
Aux confins du Canada Ouest, la capitale de la Colombie-Britannique, Victoria, est sans nul doute un alter ego britannique de Québec.
Notre capitale nationale insiste sur ses origines et sur son attachement à la vieille France.
Celle de la Colombie-Britannique aime à exposer l’Union Jack et, à certains égards, elle se montre plus anglaise que les vraies villes anglaises.
De Vancouver, il faut mettre 1 h 30 pour se rendre à Victoria à bord d’un immense traversier.
Celui-ci se tortille à l’intérieur d’un archipel d’îlots, tantôt américains, tantôt canadiens, vu la ligne de démarcation, pour enfin arriver dans cette ville richissime de quelque 100 000 habitants.
DISTINCTION
Victoria n’est qu’à quelques kilomètres du voisin américain, et c’est comme si on tenait à montrer immédiatement sa différence ! Bien sûr, la jeunesse ici est aussi américanisée que partout ailleurs !
Mais la dimension culturelle monarchiste (non américaine !) est mise de l’avant avec ostentation.
Devant le parlement se dresse une statue de la reine Victoria ! Voilà qui serait inimaginable aux États-Unis, ce pays qui a envoyé promener la noblesse !
Qui sait que la Colombie-Britannique aurait pu s’appeler Nouvelle-Calédonie ? L’explorateur Simon Fraser de la Compagnie de la Baie d’Hudson trouvait des ressemblances entre ce territoire et l’image qu’il se faisait des hautes terres écossaises.
ORGUEILLEUSE DE SA SPÉCIFICITÉ
À Victoria, on se sent dans une ville orgueilleuse de sa spécificité et de son image de marque.
La population est plutôt âgée. Des retraités y affluent pour profiter du climat clément, plus doux qu’ailleurs.
Dans ces rues où je respire l’arôme alléchant des fruits de mer, je m’étonne de constater à quel point cette ville n’a rien à voir avec les villes portuaires de l’Est.
Ici règne une propreté digne de Singapour !
À Victoria comme à Québec, on peut dîner au restaurant du Parlement. Je vous recommande cette expérience !
Cette capitale est parsemée de totems, notamment de la nation des Haïdas, que nous a fait connaître la peintre Emily Carr, du Groupe des sept.
Cette petite ville, en raison de l’afflux de touristes, peut se permettre une quantité de musées sur les origines de la vie, sur la science, l’architecture, sur les autochtones et sur l’aventurier George Vancouver.
En banlieue, le célèbre Butchart Garden nous étourdit avec ses splendeurs enivrantes. Il s’agit d’une ancienne mine convertie en Eden. Son propriétaire l’a remplie de terre noire très riche, pour y planter une multitude d’arbres et de fleurs.
Dans la foule, quel hasard ! Je croise le premier ministre François Legault et son épouse, en vacances là-bas.
Dans la partie plus sauvage de Victoria, la vie animale est foisonnante, notamment de chevreuils et de daims.
En conclusion, on se dit que Pierre de La Vérendrye et ses fils ont vraiment eu tort de s’arrêter au pied des Rocheuses !