Le Journal de Quebec - Weekend
LA LITTÉRATURE POUR TRAVERSER UN DEUIL
Écrivaine maintes fois récompensée pour son travail exceptionnel, Dominique Fortier propose cet automne Quand viendra l’aube, un témoignage bouleversant sur la mort de son père et le pouvoir de la littérature pour traverser un deuil. Elle explore le pouvo
Au cours d’un été d’orages et de tempêtes qui a suivi la disparition de son père, Dominique Fortier tient un carnet dans lequel elle explore le pouvoir des souvenirs et leur capacité à élargir le réel.
Pour illuminer le deuil, elle convoque les voix de grands auteurs : François Villon, Emily Dickinson, Rebecca Solnit. Elle ajoute des nuances de bleu dans son tableau : une couleur qui évoque le manque et qui appelle la nostalgie, mais aussi la magnifique couleur que prend le ciel juste avant le lever du soleil.
« C’est un livre vraiment différent de ce que j’ai fait jusqu’à maintenant, même s’il y a des points communs avec mes autres livres. De faire un ouvrage au complet qui est à ce point personnel, ça ne m’était jamais arrivé. Et je ne pense pas que je vais le refaire non plus », révèle-t-elle en entrevue.
Son livre est à la fois intime et universel et fera écho dans la vie de beaucoup de lecteurs. Il rend hommage à son père, décédé en mars 2021.
« Pour moi, ce livre est plus fragile.
Il y a quelque chose de très intime dedans. Quand on parle de choses qui sont vraiment très personnelles, c’est probablement comme ça qu’on réussit à rejoindre les autres. »
AUCUNE FICTION
Dominique explique à quel point la littérature l’a aidée à traverser des moments difficiles. « J’avais besoin d’écrire là-dessus parce que moi, c’est ma manière de “dealer” avec ce qui m’arrive dans la vie. C’est comme ça que je traite le réel : par l’écriture. »
Dans ce livre, pour la première fois depuis qu’elle écrit, dit-elle, il n’y a aucune fiction.
« D’habitude, je passe par les personnages : je suis capable d’explorer différentes facettes, différentes perspectives en essayant d’entrer dans la tête de plusieurs personnes. C’est la première fois que j’écris quelque chose, de la première page à la dernière, qui est au “je”. C’est moi qui parle. »
LES LIEUX
Par le pouvoir d’évocation des mots parfaitement choisis, les lieux, le territoire, deviennent aussi des éléments très importants du livre. Les rives du fleuve Saint-Laurent, le bord de mer dans le Maine prennent vie.
« C’est quelque chose que je ressens : il y a presque un dialogue avec les lieux. Dans le roman Au péril de la mer, c’est vraiment le mont Saint-Michel qui m’a inspirée. Quand je me promène sur la grève à Saint-Antoine-de-Tilly, encore maintenant, j’ai encore le réflexe de me retourner pour essayer d’apercevoir une silhouette. J’ai l’impression qu’on continue d’habiter les lieux, même quand on n’est plus là. »