Le Journal de Quebec - Weekend
SE LAISSER PORTER PAR LES MOTS
Aussi sympathique qu’il soit dans la vie, Martin-David Peters troque son sourire contre un rictus machiste dans Indéfendable. À 54 ans, sa carrière est en pleine ébullition. Malgré les vilenies de Me Legrand, on a envie de lui lancer des fleurs plutôt que des tomates. Martin-David, quel regard posez-vous sur votre personnage de Me Frédéric Legrand ?
Pour un acteur, Me Legrand représente la liberté. C’est ce que j’aime de lui. C’est un être caractériel et antipathique qui peut changer d’humeur en un claquement des doigts. Je n’ai jamais auparavant joué un personnage qui a de telles sautes d’humeur.
Est-ce que l’opinion du public à son propos vous effraie ?
Je suis conscient qu’il est l’énergie négative dans le cabinet. Alors, je m’attends – et j’aimerais ça, même ! – que les gens que je croise dans la rue me disent : « Toi, je ne t’aime pas ! » Il n’est pas dans l’intrigue pour plaire.
Néanmoins, j’espère que, d’une certaine façon, les téléspectateurs apprendront à l’aimer.
Qu’est-ce qui pourrait le rendre attachant ?
Me Legrand a un côté comique que le public va finir par découvrir. Il est parfois de bonne humeur. Les téléspectateurs vont apprendre à le connaître dans d’autres sphères que le travail, par exemple, quand il vivra une petite idylle amoureuse. Honnêtement, il pourrait être sympathique, ce gars-là, mais ça ne va pas bien dans sa vie et ça se répercute sur sa façon d’être au cabinet.
Quand même, il a été si méchant avec la jeune stagiaire Inès… Comment expliquez-vous son comportement ?
C’est vrai que Me Legrand a une attitude particulièrement agressante envers la stagiaire, mais de son point de vue, ça a un côté formateur pour elle. Au fond de lui, il se dit que la petite Inès ne connaît rien de la vie et qu’elle ne sait pas, contrairement à lui, qu’une carrière en droit peut être extrêmement difficile. Il pense que si elle n’est pas capable de l’affronter, lui, elle ne pourra jamais avancer dans cet univers.
On vous a vu dans Audrey est revenue, L’homme qui aimait trop et Après. Qu’est-ce qui vous pousse à accepter un projet ?
Un peu de folie ! Quand j’ai de belles offres qui se présentent, j’ai de la difficulté à les refuser. Dans Indéfendable ,par exemple, il y a des textes fabuleux sur des situations dramatiques prenantes. Cette qualité d’écriture facilite ma job : j’ai juste à me laisser porter par les mots.
Comment vivez-vous cette période de succès ?
J’ai fini mes études au Conservatoire d’art dramatique de Montréal il y a déjà 28 ans. J’ai dépassé la cinquantaine, et c’est soudainement là que les choses se passent pour moi. J’avais des contrats auparavant, mais c’est nouveau qu’ils s’enchaînent de cette façon-là. À 54 ans, je savoure ce qui m’arrive et je dis merci.
Quelles sont vos ambitions ?
J’ai lancé l’an dernier mon premier roman, Clark ou la peau de l’ours, dont je suis très fier. Ça fait longtemps que j’écris et, avec ce livre, j’ai vraiment pris goût au travail de romancier. Je me prépare donc à l’écriture d’un deuxième tome.
Indéfendable, du lundi au jeudi 19 h, à TVA. Martin-David est également du film Viking, actuellement au cinéma.