Le Journal de Quebec - Weekend

JAMAIS SEUL AVEC UN LIVRE

Alors qu’il a amorcé sa tournée à travers le Québec pour présenter Seul… en scène ! ,son tout premier spectacle en solo, le comédien Marc Messier prend le temps de nous parler des romans qui l’ont marqué.

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

En ce moment, quel livre avez-vous hâte de retrouver lorsque vous êtes seul ?

Là, j’ai à peine commencé un livre qui s’appelle Guerre de Louis-Ferdinand Céline, alors j’ai très hâte de me plonger dedans, car je ne sais pas trop à quoi m’attendre. J’aime beaucoup Céline même si sa réputation sociale n’est pas très enviable parce qu’il était antisémite. Quand j’ai lu Voyage au bout de la nuit, j’ai découvert que c’était un écrivain extraordin­aire.

Quel livre avez-vous le plus souvent prêté ou recommandé ces dernières années ?

J’ai beaucoup prêté Le nid du serpent de Pedro Juan Gutiérrez, un auteur cubain très intéressan­t qui raconte la vie quotidienn­e de ce pays sous Castro. Je le prête souvent parce que c’est un excellent livre avec une écriture fluide, mais aussi parce qu’il est très difficile à trouver. Cela dit, son grand classique s’intitule Trilogie sale de La Havane .Ça aussi, c’est très bon, et ça ne décrit pas nécessaire­ment les plus belles choses de Cuba.

Quels romans ont été pour vous de vrais coups de coeur ?

J’ai eu un gros coup de coeur pour Henning Mankell, un auteur de polars suédois. Dans le journal, je suis tombé sur une critique des Morts de la SaintJean. Je l’ai acheté et je suis devenu complèteme­nt addict. Après ça, j’ai tout lu de Mankell. L’homme inquiet, Les chaussures italiennes, Les bottes suédoises… À un moment donné, j’ai même pensé à prendre les droits sur Les morts de la Saint-Jean en me disant que ça pouvait très bien se passer au Québec ! Ça m’aurait beaucoup intéressé de jouer le personnage de Kurt Wallander parce qu’il est à la fois fort et vulnérable. √ J’ai également été impression­né par

La bête intégrale de David Goudreault, qui regroupe La Bête à sa mère ,L a Bête

et sa cage et Abattre la bête. L’écriture est absolument extraordin­aire.

■ Et puis il y a Michel Houellebec­q. J’ai beaucoup tripé sur Les particules

élémentair­es, et j’ai pas mal lu tous ses autres livres. Moi, je le trouve drôle. Ses personnage­s, des Français très ordinaires, sont comiques et dramatique­s en même temps.

■ J’ai aussi adoré les trois tomes d’1Q84 de l’auteur japonais Haruki Murakami. C’est une grande, grande histoire d’amour entre deux personnage­s et tu souhaites tellement qu’ils se retrouvent. Je me suis plongé là-dedans et j’ai vécu de très belles heures avec ces livres-là.

■ Pour finir, je suis vraiment maniaque de Jean-Paul Dubois. J’aime son humour. Le premier livre que j’ai lu de lui a été Le cas Sneijder, et après j’ai tout lu. À mon avis, son meilleur est Une vie française. J’ai aussi beaucoup aimé

Kennedy et moi et Tous les hommes

n’habitent pas le monde de la même

façon. Peu importe le sujet dont il parle, il le fait avec un cynisme incroyable !

Qu’avez-vous lu de bon ?

Un livre de Douglas Kennedy qui s’intitule Isabelle, l’après-midi. C’est très bon. Ça se passe en France et il y a une histoire d’amour avec une femme qui s’appelle Isabelle. Elle est mariée, mais elle va vivre une relation passionnée avec un jeune étudiant. Est-ce qu’elle va laisser son mari pour lui ? Non, non, je ne vais pas répondre à cette question !

Un roman a-t-il déjà réussi à vous faire rigoler ?

Moi, j’aime beaucoup Yasmina Reza. Elle écrit beaucoup pour le théâtre, mais elle écrit aussi des romans. Son dernier, Serge, parle d’une famille juive qui va faire un pèlerinage à Auschwitz, et c’est très drôle. Avec un humour noir, Yasmina Reza se moque du comporteme­nt de cette famille et en même temps, elle réussit à y mettre un fond dramatique.

Est-ce qu’il y a un livre que vous aimeriez bien pouvoir relire un jour ?

Je n’aime pas beaucoup relire des livres parce qu’il y en a déjà tellement à lire… Mais je fais une exception pour Madame

Bovary de Gustave Flaubert. Beaucoup d’auteurs ont eu le goût de se mettre à l’écriture après l’avoir découvert ! Je l’ai relu le printemps dernier et c’est extraordin­aire. Tu as l’impression d’être là, en Normandie au XIXe siècle.

Et qu’est-ce que vous vous promettez de lire sous peu ?

C’était mon anniversai­re au mois d’août et des amis m’ont offert La plus secrète

mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr. Ça a été le prix Goncourt en 2021 et on m’en a dit énormément de bien. Ça a l’air d’être quelque chose de bien profond et de bien sérieux.

EN TOURNÉE

Depuis le 22 septembre, Marc Messier présente un peu partout au Québec Seul… en scène ! ,son premier spectacle en solo. Pour en savoir plus sur les dates de spectacle, visitez marcmessie­r.ca

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