Le Journal de Quebec - Weekend

VIFS D’ESPRIT

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN Le Journal de Montréal raphael.gendron-martin @quebecorme­dia.com

Internet, costume de bain, pâté chinois, piscine hors terre, Ouija. Fidèles à leur habitude, les sujets variés, loufoques ou sérieux, ne manquent pas sur le nouvel album des Trois Accords, Présence d’esprit, leur septième en carrière. Pour les musiciens qui se connaissen­t depuis près de 30 ans, le plaisir de concevoir de la musique est toujours aussi présent. Le Journal s’est entretenu avec eux. L’inspiratio­n pour les chansons a-t-elle été plus difficile à avoir en raison de la pandémie ?

Charles Dubreuil : « Non, parce qu’on a surtout fait l’album le printemps dernier et à l’été. On n’était pas séquestré [en confinemen­t] à essayer de s’envoyer des chansons à distance ! »

Simon Proulx : « L’album ne s’est pas fait pendant la pandémie. Ce n’est pas un album de pandémie. La tournée de Beaucoup de plaisir a été coupée dans le milieu et on ne savait pas quand ça allait reprendre. Au début, les spectacles étaient reportés de deux mois. Après ça, c’était un autre deux mois. On était un peu en attente. Au bout d’un moment, vers le milieu 2021, on s’est dit qu’on allait faire un autre album. »

Si on regarde la chanson Internet, on peut faire un lien avec le web qui a été très populaire avec les confinemen­ts des dernières années, non ?

Simon : « Ce n’était pas une chanson qui se voulait actuelle. Je trouvais ça plutôt drôle d’expliquer c’est quoi Internet 25 ans plus tard, comme si c’était la grosse affaire ! [rires]. Mais j’avoue que pris dans le contexte [de la pandémie]… Ce n’était pas volontaire. »

Le groupe existe depuis 25 ans. Est-ce que le plaisir est toujours là aujourd’hui ?

Alexandre Parr : « Oui, surtout avec la pause qu’on a eue. Je n’ai jamais eu aussi le goût de jouer de la musique de ma vie ! Chaque journée qu’on était en studio, je me levais le matin et j’étais réellement enthousias­te et content. »

Charles : « On est des amis à la base depuis le début du secondaire. Ce n’est pas une annonce dans le journal qui nous a réunis. On était déjà des chums. On est aussi bien entouré avec des gens compétents et gentils. L’expérience totale est positive. […] C’est vraiment le fun être dans Les Trois Accords. Ce n’est pas un projet qui est lourd à gérer. »

Le groupe compte beaucoup de succès en carrière. Est-ce qu’il y a des moments en studio où vous savez que vous avez un hit ?

Charles : « Je me souviens des chansons Dans mon corps, J’aime ta grand-mère, Corinne, Ouvre tes yeux Simon, Les dauphins et les licornes. Avant ça, c’est sûr qu’Hawaïenne et Saskatchew­an, ce sont des tounes qu’on trouvait fortes. Sur le nouvel album, il y a deux ou trois chansons qui sortent vraiment du lot. Par exemple, la chanson Pâté chinois, je savais qu’elle serait pour être importante pour plusieurs personnes. Parce qu’elle est importante pour nous. Internet est aussi une chanson qui a quelque chose de spécial. Dès la première version, j’étais vendu. »

Pourquoi la nouvelle pièce Pâté chinois est-elle importante pour vous ?

Charles : « Tout le monde a déjà vécu un deuil. C’est une chanson qui rattache rapidement les gens à leur propre réalité. Pour nous, de manière publique, on n’en parle pas. Mais on connaît toutes nos histoires personnell­es. On connaît les histoires à Simon et il connaît nos histoires. On sait d’où cette chanson vient de manière primaire. Ça nous touche énormément et on réalise, quand on la fait écouter à notre entourage, que ça les touche autant. »

On connaît le côté festif et absurde des Trois Accords. Mais le groupe a aussi un côté sérieux et touchant. Est-ce important d’avoir cet équilibre ?

Simon : « Oui, ça l’est. L’univers des Trois Accords est enrichi avec ça. Des fois, on va dans l’émotif, et d’autres fois, dans l’absurde. Je trouve que l’un est plus efficace en présence de l’autre. Si on faisait juste des tounes émotives comme Pâté chinois, je pense que ce serait peutêtre moins efficace. »

Vous deviez partir en tournée en Europe avec Les Cowboys Fringants en février dernier, mais cela n’a pas fonctionné en raison de la pandémie. Comment avez-vous réagi en apprenant le cancer du chanteur Karl Tremblay ?

Charles : « Ce sont des amis depuis 20 ans. Il y a une partie personnell­e qui nous appartient. Comme confrères et collaborat­eurs, on a essayé de les aider cet été en les replaçant sur quelques événements. On est chanceux parce qu’on a des publics qui sont très similaires. Les gens comprenaie­nt aussi les circonstan­ces. On espère que Karl se remette rapidement. Mais j’ai vu qu’ils font encore des shows et que son “projet de brosse” Jean-Karl a encore lieu. S’il est capable de faire le tannant sur Jean-Karl, j’imagine qu’il doit aller pas si pire ces temps-ci ! »

Le nouvel album des Trois Accords, Présence d’esprit, est disponible. Le groupe fera un spectacle-lancement le 27 octobre au Studio TD de Montréal. Pour toutes les dates de la tournée : lestroisac­cords.com.

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