Le Journal de Quebec - Weekend
LA GÉNÉRATION « SANDWICH » AU FÉMININ
Anna, la narratrice de ce roman, est éditrice sous les ordres d’une véritable dictatrice qui fait tout pour l’emmerder. Au quotidien, elle se débrouille comme elle peut, c’est-à-dire plutôt mal. Mais elle résiste et elle encaisse, comme beaucoup, beaucoup de gens.
À l’aube de la cinquantaine, elle est coincée entre deux générations. Celle de sa mère, qui est atteinte d’une forme de démence, et celle de ses trois filles ados woke. Elle gère en plus un mari qui s’habille en vêtements fluo et des copines qui frôlent le burn-out.
Anna, fine observatrice du monde fou qui l’entoure, de près ou de loin, se demande comment font les gens. Comment ils font pour ne pas remarquer que la société va de travers, que la charge mentale est un poids lourd à supporter, que l’usure se fait sentir dans les relations, que rien ne va plus et que le quotidien devient limite absurde ? Pourtant, tout ce dont Anna a besoin, c’est un peu plus d’amour, pour soigner un peu tout.
Olivia de Lamberterie fait le portrait des femmes d’une génération dans ce ro
Responsable des pages Livres pour le magazine ELLE en France, critique littéraire pour TéléMatin, l’écrivaine Olivia de Lamberterie s’était fait remarquer en 2018 avec un livre bouleversant inspiré du décès de son frère à Montréal, Avec toutes mes sympathies. Pour cette rentrée littéraire, elle propose Comment font les gens ? ,un roman savoureux sur la génération « sandwich », la charge mentale et toutes ses dérives. Cynique, sympathique, drôle, éclairant, émouvant, il est tout à la fois, et surtout criant de vérité.
man savoureux et authentique, universel. La génération « sandwich » croulant sous les responsabilités, coincée entre les parents vieillissants et les enfants qui voient les choses d’un point de vue différent.
« J’ai 55 ans et j’avais envie de parler de cette génération de femmes qui est en sandwich de tout », explique-t-elle en entrevue téléphonique.
« Elles s’occupent des parents et des enfants en même temps, et aussi parce que je trouve que c’est une génération qui est en sandwich entre la génération des féministes historiques et une nouvelle génération de jeunes filles beaucoup plus radicale, beaucoup plus woke comme on dit aujourd’hui. »
« Je trouve que je me sens parfois complètement étrangère dans ce monde où on ne reconnaît plus rien. J’avais l’impression que notre génération à nous s’était peut-être moins investie dans le féminisme parce que, quand on est nées, on avait déjà l’avortement, la pilule et tout. »
Elle trouvait que c’était une génération intéressante. Elle a vu juste.
« Nous, on est de bons petits soldats, on a essayé de tout faire. On a essayé de faire des enfants, de travailler, de s’occuper des parents, d’être de bonnes épouses. De faire tout bien… avec des résultats qui sont parfois un peu difficiles. Ça m’amusait de mettre le zoom sur cette génération de femmes, cette position féminine de cette époque. »
LA LUTTE N’EST PAS FINIE
Olivia de Lamberterie a aussi l’impression que parfois, les femmes ont demandé les choses gentiment, comme l’égalité des salaires, ce qu’en France, elles n’ont pas obtenu, et trouve très bien que les jeunes filles soient un peu plus radicales.
Ce n’est pas un livre de règlements de comptes, ni avec la génération d’avant ni avec la génération d’après, rassure-telle. « Je trouve que c’est très important de se rassembler, surtout aujourd’hui, parce qu’il va y avoir à nouveau des combats très importants à mener pour les femmes. Je voulais faire un livre de gratitude pour nos aînées parce que grâce à elles, nous, on a eu le droit à l’avortement et à la contraception, et aussi un livre de gratitude pour les jeunes filles, même si parfois, je ne les comprends pas. »