Le Journal de Quebec - Weekend
UN VOYAGE DANS LE TEMPS
Et si voyager dans le temps était possible ? Jean-Pierre Charland, historien et romancier prolifique et très apprécié de ses nombreux lecteurs, a imaginé qu’un homme d’aujourd’hui, Samuel Côté, faisait un bond de 100 ans en arrière dans son nouveau roman, Passe temps. Blessé à la tête et partiellement amnésique, Samuel se réveille dans un hôpital, le 30 août 1921. Il a du mal à se convaincre qu’il n’est pas fou ! Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?
À son réveil, Samuel Côté a le réflexe de chercher les machines diverses qu’on retrouve habituellement dans une chambre d’hôpital. Il n’y en a pas. L’infirmière qui s’occupe de lui porte une coiffe de religieuse et il y a un grand crucifix noir sur le mur.
Samuel réalise avec stupéfaction qu’il a fait un bond dans le passé et se résigne à se bâtir une vie dans cette nouvelle dimension. Il se fait des amis… et tombe amoureux de la belle Iris. Mais un jour, le choc arrive : il se réveille à nouveau en 2021. Comment faire pour retrouver sa bien-aimée ?
« C’est comme si je montrais mon côté givré ! » commente d’emblée Jean-Pierre Charland, en entrevue. « J’ai montré mon côté sérieux… mais là, c’est ça ! Je suis un grand lecteur des histoires de voyages dans le temps. Ça m’amusait d’en faire une, dont le personnage principal est un lecteur de ces romans. Ça ouvre une porte. »
RECHERCHE
Il explique sa démarche.
« Quand on fait un roman historique, en tant qu’auteur, on n’est pas supposé être surpris de ce dont on parle, même si les comportements, les contextes sont très différents de ce qu’on connaît. »
« Mais quand on a un personnage qui passe d’une époque à l’autre, on a un personnage qui est autorisé à réagir à ce qu’il voit. Je trouvais que c’était une liberté qui était intéressante, qui paraît plus dans le deuxième tome que dans le premier, d’ailleurs. J’aimais cette liberté-là. » Dans le tome 2, qui paraîtra en novembre, le trajet se fera d’ailleurs dans le sens inverse, dit-il.
Jean-Pierre Charland, un historien et professeur d’université à la retraite, ne lésine jamais sur le travail de recherche. Le roman est riche en références historiques et en détails intéressants : les annonces dans le journal, les religieuses, l’ameublement de l’hôpital. On a l’impression de faire un saut quantique.
Le procédé littéraire est très intéressant.
« C’est tellement intéressant que je me demande comment je peux faire pour récidiver ! Pour les prochains romans, ce sera une belle petite saga classique que je suis en train de terminer. Mais après, je me demande comment je peux remettre ça, sans que ce soit de la redite, tout en restant plausible. Quand on parle d’un voyage dans le temps, c’est dur d’être plausible… mais enfin, pas trop “écarté” ! »
UNE ENVIE DE S’ÉVADER…
L’envie d’évasion était bien présente lorsqu’il a entamé le projet. Jean-Pierre Charland rappelle que le contexte dans lequel il écrit n’est jamais innocent et précise qu’il a commencé à écrire ce roman trois jours après le confinement du Québec.
« J’ai écrit Passe Temps avec l’écoeurement du confinement du Québec. D’ailleurs, ça revient dans le texte : le désir de changer d’époque est très bien situé dans des événements qui sont intimes. Sa vie amoureuse ne va pas très bien, mais il est aussi dans la déprime collective de la pandémie », fait-il remarquer.
« Quand il quitte, il quitte parce que 2021 lui apparaît extrêmement lourd à porter. C’est un trio : le décès de ses parents, une rupture amoureuse, mais aussi l’écoeurement d’être enfermé. Il part en voyage. Et il part en voyage de cette façon-là. C’est la recherche d’un dépaysement. »
√ Jean-Pierre Charland est titulaire d’un doctorat en histoire et d’un autre en didactique.
√ Il est aujourd’hui un professeur d’université à la retraite.
√ Il a publié plusieurs séries historiques à succès, notamment
Génération 1970, La Pension Caro et Odile et Xavier.
√ Le deuxième tome de cette nouvelle série paraîtra le 23 novembre.