Le Journal de Quebec - Weekend

CETTE FOIS-CI, C’EST LA BONNE !

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

En 50 ans de carrière, Rémy Girard n’avait jamais vécu pareille situation. En mars 2020, tout était en place pour la sortie du film Tu te souviendra­s de moi, dans lequel il incarne un professeur d’histoire victime de pertes de mémoire. La campagne de promotion allait bon train et le long métrage avait même eu droit à un accueil très chaleureux lors d’une avant-première présentée à Québec.

Puis la menace d’une pandémie, qui grondait depuis quelques semaines, s’est concrétisé­e, le 12 mars 2020, quand le gouverneme­nt Legault a déclaré l’état d’urgence sanitaire. Le producteur de Tu te souviendra­s de moi, Christian Larouche, a rapidement décidé de repousser la sortie du film. M. Larouche a bien essayé de le relancer dans les mois – et les années ! – suivants, mais chaque fois, une nouvelle vague de COVID-19 venait bousiller ses plans.

Cette fois-ci, c’est la bonne : Tu te souviendra­s de moi prendra finalement l’affiche vendredi prochain, partout au Québec. Nous revoilà donc attablé devant Rémy Girard, deux ans et demi après l’avoir rencontré au même hôtel du Vieux-Montréal, pour discuter de son rôle dans le film.

« C’est un drôle de feeling », lance en riant l’acteur de 72 ans.

« C’est étrange parce qu’on a l’impression que le film est derrière nous, mais en même temps, le public ne l’a pas vu encore. C’est la première fois que ça m’arrive, une situation comme ça. Mais je pense que l’histoire du film est aussi vraie aujourd’hui qu’elle l’était il y a deux ans et demi. C’est l’histoire d’une famille qui est prise avec cette maladie [l’Alzheimer]. Parce qu’il n’y a pas juste le malade. Il y a aussi la famille autour de lui qui souffre. »

INSPIRÉ PAR SON PÈRE

Réalisé par Éric Tessier (Junior Majeur) d’après la pièce du même titre du dramaturge François Archambaul­t, Tu te souviendra­s de moi nous plonge dans le quotidien d’Édouard (Rémy Girard), un professeur d’histoire qui perd peu à peu la mémoire.

Alors que sa femme (France Castel) est épuisée de devoir s’occuper de lui et que sa fille (Julie Le Breton) est trop occupée par son travail, son beau-fils (David Boutin) proposera à sa fille, Bérénice (Karelle Tremblay), de veiller sur lui. Contre toute attente, Édouard s’attachera à cette jeune fille rebelle qui fera resurgir en lui de vieux souvenirs qu’il souhaitait oublier.

En lisant le scénario de Tu te souviendra­s de moi, Rémy Girard a rapidement trouvé des résonances avec sa propre histoire familiale. Son père a en effet vécu avec une maladie semblable avant de mourir.

« Mon père a souffert de démence vasculaire et avait le même genre de comporteme­nts que le personnage du film », confie l’acteur des Invasions barbares et du Déclin de l’empire américain.

« Je n’ai pas joué mon père dans le film, mais c’était des références que j’avais, parce que j’ai assisté à sa détériorat­ion. Ç’a été assez rapide pour lui, environ deux ans. Dans les premiers temps de la maladie, il y avait des jours où il avait l’air de bien aller. Il était très lucide et allumé, surtout quand il était question du passé. Parce qu’au début, c’est la mémoire immédiate qui flanche. Ça prend souvent un certain temps avant que la vraie mémoire profonde soit atteinte. On le voit avec mon personnage dans le film : il se raccroche à ce qu’il a vécu avant. Il est capable de raconter les histoires de guerre au Moyen-Âge, mais il ne se souvient plus de ce qu’il a mangé le matin même !

« Ce que j’aime dans le film, c’est qu’il y a quand même une forme d’humour qui est toujours présente. Ça permet aux spectateur­s de respirer. »

GRÂCE À GUY NADON

Éric Tessier a eu la chance de lire la pièce de François Archambaul­t avant même qu’elle soit montée au Théâtre La Licorne, en 2014. C’est l’acteur Guy Nadon – qui se préparait alors à jouer le rôle principal de la pièce – qui a suggéré au cinéaste de la lire, alors qu’ils tournaient ensemble la série O’.

« Guy m’a envoyé une copie de la pièce que j’ai lue dans l’avion au retour d’un festival au Qatar, se remémore le cinéaste. J’ai eu une espèce d’épiphanie. Je suis tombé en amour avec cette histoire. Je tremblais et je pleurais dans l’avion. Je me suis dit qu’il fallait que je partage ça avec tout le monde. Et pour moi, la meilleure façon de le faire, c’était de l’adapter au cinéma. »

Tu te souviendra­s de moi prend l’affiche le 4 novembre.

TU TE SOUVIENDRA­S DE MOI

 ?? ?? Rémy Girard et Karelle Tremblay dans une scène du film Tu te souviendra­s de moi.
Rémy Girard et Karelle Tremblay dans une scène du film Tu te souviendra­s de moi.

Newspapers in French

Newspapers from Canada