Le Journal de Quebec - Weekend

MORT SUSPECTE À ÉLUCIDER À LA ROMAINE

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Toujours inspirée par les paysages durs et l’univers industriel de Scheffervi­lle et du Nord-du-Québec, la talentueus­e Isabelle Lafortune présente cet automne Chaîne de glace , la suite du formidable roman Terminal Grand Nord. L’enquête policière se développe autour de sujets brûlants d’actualité : espionnage industriel, cryptomonn­aie, indépendan­ce énergétiqu­e, terrorisme internatio­nal. Un thriller juridique et politique très fouillé, très dense, intensémen­t addictif.

Quelques années ont passé depuis les événements ayant ébranlé Scheffervi­lle, et dont il est question dans Terminal Grand Nord, mais Émile et Giovanni n’ont jamais vraiment tourné la page.

L’enquêteur Morin, de son côté, est désormais responsabl­e d’une unité spécialisé­e dans les crimes liés au développem­ent industriel du Nord-du-Québec. Il voit son soutien politique vaciller : le temps lui est compté pour faire la lumière sur des forces occultes qui sont à l’oeuvre.

Il avait fait des plans pour profiter des vacances de Noël avec sa fille unique, pour retisser les liens avec elle. Mais ils seront chambardés par un appel de la ministre de la Justice. S’il veut voir son financemen­t reconduit, il a intérêt à faire la lumière sur le meurtre d’un ressortiss­ant chinois dont le corps a été retrouvé sur le site de la centrale électrique de La Romaine-1.

Se pourrait-il qu’il y ait un lien entre cette découverte macabre et la disparitio­n de Sam, leur informateu­r chargé de continuer à recueillir de précieuses informatio­ns sur la Métald’Or, du côté de Scheffervi­lle ?

Et que faire des soupçons d’espionnage industriel qui planent au-dessus de MineChain, une filiale du congloméra­t tentaculai­re dirigé depuis la Chine par le père de la victime ?

DES THÈMES FORTS

Isabelle Lafortune s’est vraiment plongée dans l’univers assez hermétique du monde industriel dans le Nord-du-Québec pour écrire cette suite palpitante, fourmillan­t de descriptio­ns intéressan­tes et de dialogues bien sentis.

Elle aborde des thèmes complexes qui ont nécessité des recherches longues et exigeantes : l’indépendan­ce énergétiqu­e, la cryptomonn­aie, le terrorisme internatio­nal.

« Et l’affaire, c’est de rendre ça digeste aussi, observe Isabelle, en entrevue. Ça m’a demandé beaucoup, mais je suis très contente du résultat. »

UN CÔTÉ FAR WEST

Le Nord-du-Québec est encore chargé de mystère et peu de gens y ont accès.

« Les trucs qui se passent dans le Nord ne nous affectent pas nécessaire­ment dans notre quotidien. On dit ça : loin des yeux, loin du coeur… On est tellement bombardés de nouvelles, à gauche, à droite, qu’on ne sait plus comment s’y retrouver. Donc ce qui se passe en haut… Et en plus, c’est tellement Far West qu’on a de la difficulté à s’y retrouver. »

Elle connaît Scheffervi­lle pour y avoir enseigné quelque temps. Elle y est retournée cet été.

« Je suis allée jusqu’au bout de la 138, ensuite à Scheffervi­lle, parce que j’avais envie d’être à jour dans mon contact avec le Nord. C’est tellement merveilleu­x… sans ce voyage, je n’aurais pas écrit le même livre. Je suis allée à la rencontre des gens. »

EN TRAIN

Elle a aussi pris le train pour aller de Sept-Îles à Scheffervi­lle. Une aventure. « Le trajet prend normalemen­t 13 heures. Pour y aller, ça a pris 16 heures, et pour revenir, 18 heures et demie. Mais si je ne l’avais pas fait, il y a des éléments de mon histoire qui ne seraient pas dans mon livre. On est restés stuck au milieu de nulle part au moins un bon trois heures parce que le rail était brisé. »

Pendant que le personnel effectuait les réparation­s nécessaire­s, elle a pu entendre des conversati­ons très intéressan­tes… et inattendue­s puisque des passagers, employés par des compagnies minières, se sont mis à jaser de choses et d’autres pour passer le temps.

« C’était, disons, assez instructif ! Disons que je n’ai pas pris le train pour rien. »

■ En librairie le 9 novembre.

■ Isabelle Lafortune est diplômée de l’UQAM en études littéraire­s.

■ Artiste multidisci­plinaire, elle travaille aussi dans l’événementi­el et les communicat­ions.

■ Depuis son premier séjour à Scheffervi­lle, où elle a enseigné dans une école secondaire, elle savait qu’un jour elle écrirait un roman se déroulant dans cette ville nordique. Ce qu’elle fit avec Terminal Grand Nord, qui a reçu le prix Jacques-Mayer du premier polar en 2019.

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CHAÎNE DE GLACE Isabelle Lafortune Éditions XYZ 456 pages

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