Le Journal de Quebec - Weekend

LE YIN ET LE YANG

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN Le Journal de Montréal raphael.gendron-martin @quebecorme­dia.com

Continuant de recevoir des éloges pour son nouveau spectacle d’humour, Québécois tabarnak, Adib Alkhalidey est de retour avec un deuxième album musical, Pour tuer le temps. Pour l’artiste multidisci­plinaire, la musique est « un remède contre le chaos de l’existence ». Le Journal s’est entretenu avec lui. On te connaît d’abord comme humoriste. Quelle est l’importance de la musique dans ta vie ?

« Quand je fais de la musique, c’est impossible de m’arrêter. J’imagine qu’il y a quelque chose de l’ordre de l’obsession qui ressemble un peu à ce que j’ai en écriture scénaristi­que, ou en humour sur scène, ou en réalisatio­n. Je pratique suffisamme­nt de formes d’art différente­s pour reconnaîtr­e le sentiment du flot, que j’adore. La musique rentre dans cette catégorie-là maintenant. L’avantage que la musique a sur toutes les autres formes d’art, c’est que je peux passer 12 heures tout seul en studio. Je n’ai pas besoin de quelqu’un qui rit à ma musique ou qui pleure. Il y a quelque chose de totalement solitaire dans la création musicale qui est une bénédictio­n. »

Ton premier album était paru sous le nom d’Abélaïd. Ton nouveau est sous ton vrai nom. Es-tu prêt à t’exposer davantage au public ?

« Absolument. C’est surtout que je ramène tout sous la même bannière, tout à la maison mère. [rires] Ça mélangeait le monde un peu [d’avoir un nom d’artiste]. Mon producteur m’a dit qu’il y a deux ans, il cherchait ma musique. Il a tapé “Adib”, il n’a rien trouvé et il a abandonné. Je me suis dit que c’est peut-être mieux de juste dire à tout le monde : je fais de la musique, de l’humour, de la fiction, de la réalisatio­n, du scénario, de la mise en scène. C’est ça que je fais. Si tu vois mon nom passer, c’est une de ces choses-là. C’est de l’art, en fait. »

Beaucoup d’humoristes ont sorti des albums dans les dernières années. Qu’est-ce qui attire tant les humoristes à faire de la musique ?

« Je pense que l’humour et la musique, ce sont deux branches du même arbre. Je pense que c’est difficile d’accepter ça. Il y a quelque chose de fondamenta­lement tragique dans l’humour. Et il y a quelque chose de fondamenta­lement ludique et candide dans la musique. J’ai l’impression que c’est comme le yin et le yang, l’un de l’autre. »

Est-il prévu que tu fasses des spectacles musicaux avec tes deux albums ?

« Oui, on a discuté de ça la semaine dernière avec La Tribu [sa compagnie de disque]. La pandémie, ça m’a un peu permis de ne pas trop y penser parce qu’on n’avait justement pas les bonnes dispositio­ns pour se lancer. Mais là, on est rendu à un point où je suis déjà en train de travailler sur des nouvelles chansons. Le style que j’ai envie d’explorer sur scène commence à se pointer le bout du nez. Et j’ai aussi beaucoup de gens qui m’écrivent pour savoir quand ils vont pouvoir voir le spectacle. »

Du côté de l’humour, ton spectacle Québécois tabarnak a reçu une réponse très positive des critiques et du public. Comment vis-tu ça ?

« C’est comme la plus belle chose. Des fois, dans la vie, les choses les plus belles qui nous arrivent, ce sont des choses qu’on n’a pas souhaitées. Je n’ai pas rêvé à ce genre de résonance parce que je ne savais pas que ça existait. Moi, je pensais que je faisais de l’humour et que le but, c’était d’être drôle. Mais finalement, je réalise que le but, c’est de découvrir quelque chose avec le monde. C’est tellement étrange. J’ai une manière de créer un spectacle d’humour qui est directemen­t reliée aux réactions des gens. Je passe beaucoup de temps en comédie-club à écouter comment les gens réagissent. J’ai envie de dire que ce spectacle-là a été écrit par le peuple québécois. »

As-tu beaucoup de représenta­tions au calendrier en 2023 ?

« En fait, la tournée va se terminer au début mars. Après ça, je tire la “plogue”. J’ai d’autres choses à faire ! [rires] Je vais avoir fait entre 60 et 70 spectacles. C’est très peu. En même temps, j’ai déjà le sentiment d’avoir été au bout de quelque chose. […] J’ai d’autres projets qui me tiennent par le cou et qui me disent : c’est mon tour ! C’est triste, mais moi, mon activité préférée, c’est de passer à autre chose. J’adore ça ! Chaque fois que je suis en deuil, je me rappelle que tout est éphémère. Il vaut mieux donner tout ce qu’on a tout de suite parce qu’on ne sait jamais quand on ne peut plus le faire. »

Le nouvel album d’Adib Alkhalidey,

Pour tuer le temps, est disponible. Il présentera aussi son spectacle d’humour, Québécois tabarnak, en supplément­aires les 6-7 janvier (Salle Wilfrid-Pelletier, Montréal) et 19 janvier (Salle Albert-Rousseau, Québec). Pour plus d’informatio­ns : adibalkhal­idey.com.

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Adib Alkhalidey poursuit la tournée de son spectacle Québécois tabarnak.
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