Le Journal de Quebec - Weekend

PROVOQUER DES CHANGEMENT­S

5 questions à Miriam Laquerre Tantawy, réalisatri­ce de La cour d’école est pleine

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com La cour d’école est pleine Disponible sur ICI Tou.tv extra section Vero.tv

C’est un privilège d’entrer chez les gens pour les informer grâce à la télé, et c’est pour ça que Miriam Laquerre Tantawy aime prendre part à des projets qui font réfléchir. Comme réalisatri­ce, elle a la chance d’aborder des sujets comme l’éducation, l’agricultur­e, la lutte à la pauvreté, grâce à des émissions comme Les fermiers, L’avenir nous appartient et La cour d’école est pleine.

Dans cette série documentai­re, elle suit Jannie-Karina Gagné, conjointe de Jean-Nicolas Verreault et maman de trois filles qui ont des besoins particulie­rs, dans sa quête pour comprendre comment on pourrait mieux adapter l’école pour permettre à ces jeunes différents de s’épanouir dans un environnem­ent qui leur convient. Une série qui dresse un portrait clair, qui apporte des solutions et qui veut surtout provoquer des changement­s tant espérés.

Quand on embarque dans une quête avec une protagonis­te comme Jannie-Karina Gagné pour qui c’est très personnel, est-ce qu’on doit en faire sa propre mission ?

C’est certain que quand tu dis oui à un projet comme celui-là, ça allume une flamme. Je suis naturellem­ent sensible à tout ce qui touche la justice sociale et l’éducation en fait partie. Ce projet a été porté par une formidable équipe que ce soit à la recherche, à la production de contenu, à la coordinati­on. Nous avons toutes été animées par l’importance de soulever ces questions tellement importante­s. Je n’ai pas d’enfant, mais j’ai été animatrice de camp de vacances et j’ai vu l’impact qu’on peut avoir sur des jeunes. J’ai fait mon primaire dans une école alternativ­e. C’est une expérience qui m’a fait voir le système scolaire autrement.

Vous entrez dans la maison de gens dont vous documentez le quotidien. Qu’est-ce que ça demande pour gagner leur confiance et faire en sorte qu’ils restent naturels ?

Le premier travail se fait avec Émilie Dupras qui est une recherchis­te chevronnée. Elle crée les liens. La plupart des gens que nous avons rencontrés ont une histoire qui s’apparente à celle de Jannie. Ils savent qu’ils seront compris puisque sa réalité ressemble à la leur. Et nous sommes une toute petite équipe. On entre chez les gens avec beaucoup de délicatess­e, on prend le temps de se présenter, de les mettre à l’aise pour qu’ils soient prêts à se livrer. Nos entrevues durent environ deux heures. On prend vraiment le temps d’entendre leur histoire au complet. On ne précipite rien. Selon les angles, les entrevues sont réparties dans deux ou trois épisodes.

Pour La cour est pleine, on suivait le parcours de Jannie et sa famille. Cette fois-ci, elle porte une quête, ce qui l’oblige à mener des entrevues. Quel ton avez-vous choisi d’établir d’emblée ?

C’était assez nouveau pour elle, mais ce qui nous intéressai­t, ce n’était pas d’avoir une Jannie animatrice, mais bien d’assister à des rencontres entre parents, entre mamans. C’est la mom qui pose des questions et qui est en quête de réponses.

C’est une minisérie qui pose des questions, mais qui propose aussi des solutions. Vous êtes allés en Finlande où un accompagne­ment plus personnali­sé est offert aux enfants avec des besoins particulie­rs. En quoi cette démarche était-elle importante ?

Jannie s’était beaucoup informée sur ce qui se fait là-bas. Ça lui donnait de l’espoir. C’est un exemple qui prouve qu’on peut faire mieux au Québec quand on décide collective­ment qu’on veut faire mieux. Mais il faudrait quasiment faire table rase. Comme le dit Jannie, si elle vivait là-bas, ses enfants seraient soutenus.

Vous avez rencontré le ministre de l’Éducation de l’époque, JeanFranço­is Roberge. Penses-tu que vous avez eu un impact ?

On était à quelques semaines des élections, donc il ne pouvait pas nous promettre grand-chose. Mais nous n’avons pas eu de difficulté à avoir accès à lui. Nous avons eu une entrevue de 45 minutes. Il n’avait pas la langue de bois, il était à l’écoute et je pense que Jannie l’a touché pour vrai avec son histoire. Faire entendre le problème c’était un premier pas. Peu après notre dernier jour de tournage, le Rapport spécial du Protecteur du citoyen a été dévoilé et révélait exactement ce dont on parle dans la série. En janvier, le ministère va devoir rendre des comptes. C’est certain qu’on va suivre ça. On pourrait peut-être faire un épilogue, pourquoi pas !

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Miriam Laquerre Tantawy
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Jannie-Karina Gagné va à la rencontre de familles dans La cour d’école est pleine.
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