Le Journal de Quebec - Weekend
APPRENDRE LA VIE GRÂCE À LA LITTÉRATURE
Les mésaventures du héros de ce roman commencent devant le bac de livres vendus au rabais dans une librairie de quartier. Il y retrouve La Tentation de saint Antoine, une oeuvre de Flaubert publiée en 1874. Sans savoir pourquoi ce livre l’interpelle autant, le narrateur de l’histoire donne un euro au libraire pour que Flaubert ne fasse plus le trottoir.
Ses aventures cocasses se poursuivent chez le coiffeur : un retard et il se fait chasser définitivement. Il se rend donc dans un salon prestigieux – et très cher – où un styliste visagiste s’occupe de sa chevelure. Un autre incident survient et il se retrouve dans l’obligation de rembourser une dette énorme. Complètement fauché, il propose de rembourser ce qu’il doit sous forme d’enseignements. Ne connaissant rien de Flaubert, il se fait prendre complètement dans l’engrenage. Heureusement que le bon libraire vient à sa rescousse !
UNE HISTOIRE D’AMOUR
Oscar Lalo, récemment de passage à Montréal, parle avec enthousiasme de son nouveau roman dans lequel il s’est énormément investi. Le texte témoigne d’une finesse intellectuelle, d’une sagesse, d’une connaissance de beaucoup de choses… et d’un bon sens de l’humour.
Le livre est né, raconte-t-il, d’une rencontre d’auteur pendant un festival littéraire en Suisse. « Au moment des questions, dans le public, une femme a dit : j’ai lu vos deux premiers romans, Les contes défaits et La race des orphelins. Ils sont intenses. Elle avait aimé. Elle a dit : pour le troisième, vous ne voudriez pas nous écrire une histoire d’amour ? », se souvient-il.
« Ça m’a désarçonné, parce que c’était pas mon rayon. Je suis rentré chez moi et ça me travaillait, cette phrase. Je me suis dit : c’est quoi, mon histoire d’amour ? Et ça m’est venu. L’histoire d’amour de ma vie, c’est la littérature et les libraires, qui en sont les passeurs. Et les classiques, qui sont finalement des livres qui sont peu lus, pour plein de raisons. »
Il s’est demandé s’il n’y avait pas une façon de présenter, de faire aimer, peut-être, de faire aimer les classiques, par une approche non scolaire, dans un lieu différent d’une école, par une personne différente d’un professeur, du haut de sa chaire.
Ainsi est arrivée l’idée du salon de coiffure, du libraire bougon qui ne paraît pas sympathique au premier abord, mais qui a un grand coeur et qui, finalement, sait faire aimer les livres, ajoute-t-il.
TRANSFORMATION
Le narrateur se transforme, s’éveille, se décoince grâce à cette expérience inusitée. Oscar Lalo a-t-il des points communs avec son narrateur ?
« Pour tout le monde, la littérature, ça reste un apprentissage, une découverte, un émerveillement. C’est un combat de lire un classique : il y a une exigence, une difficulté, différentes strates. Je pense que, comme tout un chacun, je dois beaucoup à la littérature en général, et à quelques livres en particulier. »