Le Journal de Quebec - Weekend
TRAVERSÉE ÉPIQUE DU CÔTÉ DES PHARAONS
Troisième tome de La traversée des temps d’ÉricEmmanuel Schmitt, une grande épopée extrêmement originale, documentée et riche en action, Soleil sombre ramène le héros immortel de la saga, Noam, au temps des pharaons. Il découvre une civilisation époustouf
Noam a vu le jour au Néolithique dans le premier tome de la série et il a découvert la première civilisation urbaine en Mésopotamie dans le deuxième tome. On était alors au troisième millénaire avant notre ère.
Dans cette nouvelle aventure qui mêle les temps anciens et une quête contemporaine où les héros font face à une situation dramatique, Noam se réveille d’un long sommeil sur les rives du Nil, en 1650 avant Jésus-Christ. Les temps ont bien changé. Les dieux ne sont plus des amulettes comme avant : ils régissent l’existence des hommes. Parmi eux, les dieux amoureux, Isis et Osiris, font écho à l’histoire de Noam et Noura.
Éric-Emmanuel Schmitt, en entrevue, se souvient d’avoir été fasciné par l’Égypte ancienne dès son plus jeune âge.
« Mon père travaillait à la faculté de médecine de Lyon et quand il m’emmenait dans son bureau, je passais tout de suite à côté, dans la grande bibliothèque, où il y avait des momies, des sarcophages et des instruments de médecine antiques. »
« Je pense que l’origine de Noam, qui est un guérisseur, qui traverse les âges, c’est sans doute ce petit garçon de huit ans qui se baladait dans la Faculté de médecine de Lyon et qui voyait dans les vitrines les instruments de soigneurs et de guérisseurs. Et puis… ces sarcophages et ces momies ! »
Il croit que la force de l’Égypte ancienne est due au fait qu’elle soit très cartésienne.
« Elle nous présente un monde qui n’est pas encore divisé par les catégories de la philosophie que vont apporter les Grecs. Elle présente un monde où le vivant et le mort sont mêlés, où le féminin et le masculin sont mêlés, où l’animal et l’homme sont mêlés puisque les statues peuvent avoir une tête d’animal et un corps d’homme. Où les dieux et les animaux sont mêlés. On est avant toutes ces distinctions et ces séparations qui vont construire notre civilisation. »
« Je pense que, forcément, on éprouve un bonheur nostalgique à retrouver cet avant, où tout était mêlé et où tout renvoyait à tout, sans séparation. »
PARALLÈLES INTÉRESSANTS
Dans le roman, Éric-Emmanuel Schmitt établit des parallèles très intéressants entre la recherche d’immortalité des anciens Égyptiens et celle de la civilisation actuelle, où on cherche la mort de la mort. Plusieurs millénaires séparent les maisons de l’éternité imaginées par les anciens Égyptiens, et les recherches menées de nos jours par Eternity Labs, dont il est question dans la portion contemporaine du roman. Même quête, autre temps, autres moyens ?
« Ma démarche est toujours double : montrer ce qui varie et montrer ce qui ne varie pas. Montrer ce qui varie, c’est-à-dire l’Histoire et les changements historiques, et ce qui ne change pas, c’est-àdire l’homme. Les deux ne peuvent pas être séparés. »
Ce qui l’a fasciné, au cours de ses recherches, c’est l’immobilité de cette Égypte ancienne. Il s’est déjà rendu là-bas plusieurs fois : il a même visité Memphis il y a quelques semaines.
« L’Égypte, c’est une oasis autour du Nil, puisque c’est entouré de désert. Mais ce n’est pas seulement une oasis géographique : c’est comme une oasis temporelle. C’est un temps séparé de tous les autres. L’Égypte ancienne dure 3 000 mille ans. C’est unique, une civilisation qui dure aussi longtemps. »
GRÈCE ANTIQUE
Prochaine étape ? La Grèce, au quatrième siècle avant Jésus-Christ. Sa grande passion.
« C’est une période absolument extraordinaire de l’histoire de l’humanité parce que c’est l’invention des sciences, de la philosophie, du théâtre et du sport et, surtout, de la démocratie. »