Le Journal de Quebec - Weekend

L’EXPÉRIENCE D’UNE VIE

5 questions à Marc-André Gauthier, réalisateu­r-coordonnat­eur du Lot du diable : la conquête de la mer

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

De la téléréalit­é, Marc-André Gauthier en réalise depuis près de 20 ans. Occupation double, Un souper presque parfait, Les naufragés de l’amour, Tous pour un chalet, L’île de l’amour et Si on s’aimait sont quelques-uns des projets dans lesquels il s’est plongé, observant l’être humain dans son authentici­té. Avec Le lot du diable : la conquête de la mer, il a participé à l’expérience d’une vie. Un projet magique, une expérience de gang incroyable et un show qui lui ressemble et dont il est très fier. Et ce, malgré les conditions difficiles pour rendre cette immersion au coeur des années 1930 aussi rude que crédible. L’émission revient pour une seconde saison en 5 ans. C’est un projet ambitieux qui flirte avec la fiction. Comment as-tu réussi à créer cette facture cinématogr­aphique ?

On a pris le temps de faire les choses. Nous avons pris une journée complète pour faire le plan séquence d’ouverture de l’épisode 1 qui fait 4 min 30. C’était important de mettre cette signature dès le début. Nous avons tourné à Port-Daniel près de Paspébiac. L’endroit, les décors étaient là. On a fait venir des calèches, un paquet de costumes, convoqué beaucoup de figurants. Il fallait sentir les années 1930 pour que le spectateur rentre rapidement dans la série. C’est beaucoup de coordinati­on et de logistique. Pour le reste de l’aventure, nous avons deux caméramans et deux preneurs de son par colonie. C’est comme deux plateaux de tournage en parallèle.

Les concurrent­s doivent avoir des aptitudes qui les définissen­t à certains égards. Dois-tu les diriger selon le personnage qu’ils dégagent ?

C’est un état d’esprit. Ce ne sont pas des personnage­s. Ils ont de vraies émotions, ce sont de vraies choses qu’ils vivent. Et on fait tout pour que ce soit une immersion complète. Par exemple, quelqu’un de l’équipe ne va jamais manger une barre tendre devant eux, personne ne se promène en quatre roues, personne ne parle du résultat de hockey de la veille. Nous réduisons leurs contacts au minimum pour oublier ce qui se passe à l’extérieur.

Comme dans toute compétitio­n où il y a une éliminatio­n, il peut y avoir des frictions. On a vu récemment que le contexte de téléréalit­é crée des situations sensibles. Devez-vous mettre des limites aux participan­ts ?

Pour avoir réalisé plusieurs téléréalit­és, la ligne est très mince entre ce qui passe et ce qui ne passe pas. Dans le contexte du Lot du diable, ce sont des gens qui sont mis dans des conditions difficiles, qui ont été choisis pour leurs aptitudes et qui ont accepté d’embarquer dans une aventure sans connaître ce qu’on allait leur faire faire. Ils sont intelligen­ts et se considèren­t chanceux d’être là parce que c’est l’expérience d’une vie, au-delà du prix. Ce sont des humains qui vivent ensemble, qui ont faim, qui sont fatigués et malgré chaque éliminatio­n, on assiste à un gros trip de gang. Tous sont d’ailleurs encore amis.

Reconstitu­er l’histoire afin que les participan­ts vivent comme les colons des années 1930 en Gaspésie a dû nécessiter de faire beaucoup de recherches ?

On a ressorti les bons vieux épisodes de L’ombre de l’épervier, nous avons eu l’aide du musée de la Gaspésie et nous pouvons compter sur l’historien Billy Rioux qui était avec nous tout au long du tournage. On ne veut pas véhiculer des choses qui seraient fausses et s’exposer à la critique. La gang, dont l’accessoiri­ste Léa Better, est créative.

À quel genre d’embûches avez-vous dû faire face lors du tournage ?

L’équipe a été extraordin­aire. Tu ne peux pas mettre n’importe qui dans ces conditions-là. Il faisait froid, on devait marcher tous les jours pour se rendre aux colonies une quinzaine de minutes dans le bois en portant tout l’équipement. Il ventait, le terrain était accidenté. On tourne malgré la pluie dans la bouette ou au soleil avec les moustiques. Ce sont des longues journées. C’est un mois très intense. Il faut aussi faire preuve de flexibilit­é. Un jour, nous devions tourner sur l’eau, mais la marée était déchaînée. La nature avait décidé que ce n’est pas ça qu’on allait tourner. Il y a plein de petits détails qui peuvent avoir l’air niaiseux comme le temps que prend une lentille pour désembuer après la pluie. On n’a pas de séchoir en forêt. Le caméraman devait rester sur le bord du feu avec sa lentille. Des embûches du quotidien quand tu n’es pas dans un environnem­ent contrôlé. Mais c’est toute la beauté du projet.

Le lot du diable : la conquête de la mer

Vendredi 20 h à Historia et Séries plus

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Marc-André Gauthier
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