Le Journal de Quebec - Weekend

RETROUVER LA FAMILLE PARÉ

Cinq questions à Pierre Séguin, réalisateu­r de La petite vie

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

S’il est devenu une référence en captations, réalisant autant des shows d’humour (Martin Petit, Claudine Mercier, PA Méthot), des concerts (Céline Dion, Paul McCartney, Sting, Ben Harper, JeanPierre Ferland, Richard Séguin) que des galas (Jutras, Olivier) ou des grands événements (Cirque Éloize, Fête nationale), Pierre Séguin a fait sa marque en variétés.

Certains se souviendro­nt de Métropolis, d’autres de Studio-Libre ou du Plaisir croît avec l’usage. C’est en réalisant les supplément­s pour les VHS des Lundis des Ha!Ha ! qu’il fait la connaissan­ce de Claude Meunier. Il sera aux premières loges de la création de La petite vie qui allait devenir le plus grand succès de la télévision québécoise.

Trente ans plus tard, il répond « présent » avec bonheur quand Claude fait renaître ses personnage­s. Un voyage dans le temps qu’il accueille comme un grand privilège.

La famille Paré a été instantané­ment adoptée. Sur quoi repose le génie de Claude Meunier ?

Le génie de Claude, c’est d’avoir rassemblé une famille dysfonctio­nnelle dans laquelle tout le monde peut se reconnaîtr­e. Tout le monde a une Lison ou un Rénald dans sa famille. Un oncle, une tante, un cousin. Mais ce n’est jamais nous autres ! On voyait des histoires de familles dans toutes les émissions marquantes : Les Plouffe, Quelle famille !, Le clan Beaulieu. Claude a su en parler au premier niveau, avec le côté slapstick, au 2e niveau en explorant les relations familiales, et au 3e niveau avec des références à la société québécoise. C’est ce qui se transmet de génération en génération. En vieillissa­nt, on saisit tous les niveaux. Claude est un performer .Le sitcom devant public s’imposait. Il a su former une vraie troupe comme celle du Splendid en France. Une vraie famille s’est rapidement formée.

La série a été tournée de la même façon qu’il y a 30 ans, devant public, chronologi­quement. C’était une nécessité ?

On ne change pas une formule gagnante. Pendant la pandémie,

800 000 personnes ont regardé l’émission en reprise. Il y avait une volonté d’offrir à tout le monde de l’équipe technique de l’époque de contribuer s’ils voulaient être du projet. Aux quatre caméras, ce sont des caméramans qui étaient là il y a 30 ans. C’était un vrai voyage dans le temps. Et c’était touchant de voir le public, des vrais fans.

Trente ans plus tard, qu’est-ce qui a été conservé et qu’est-ce qui a été amélioré ?

La technologi­e s’est améliorée, mais c’est le même rapport à la lentille, le même éclairage. On s’est assuré que tout puisse se « blender ». On a retourné les extérieurs, repris le générique original. C’est le décor original qu’on a retouché. Ce sont les mêmes lampes, les mêmes sofas qu’on a juste rafraîchis. Le téléphone à roulette de la cuisine a changé, mais on reste dans le rétro. Comme les personnage­s ont vieilli, les coiffures ont blanchi. On a encore des accessoire­s complèteme­nt fous comme le pacemaker de Rénald qui est gros comme un amplificat­eur. Digne du programme spatial de 1960. Et attendez de voir les tournedos de taon (l’insecte) de Thérèse. Exceptionn­els.

Les personnage­s ont-ils évolué ? Les acteurs s’y sont-ils glissés avec autant de facilité qu’à l’époque ?

Les Paré, ce sont des gens qui s’adorent, mais qui ne savent pas comment se le dire. Réjean est toujours aussi crosseur, Thérèse a toujours ses enjeux psychiatri­ques, mais a maintenant un accès médical. Lison est influenceu­se. Rénald est pogné du coeur. Popa est sur Timber (Tinder). On est dans la continuité. Les acteurs ont retrouvé le même instinct qu’à l’époque dès la première lecture. Tout a été plus facile. Ça fait longtemps qu’ils connaissen­t leurs personnage­s parce qu’ils s’en font parler depuis 30 ans. On a une qualité d’acteurs exceptionn­elle. Il y a moins de bloopers qu’au début parce qu’ils savent comment ils vont répondre. Les deux Marc (Messier et Labrèche) savent qu’ils ne peuvent pas se regarder dans les yeux sans rire.

Serge Thériault a finalement renfilé son bonnet de Moman le temps d’une scène. Comment ça s’est passé ?

Nous étions dans le même studio. Sans public. C’était un closed set (plateau fermé). Seuls Claude, Josée Fortier (metteuse en scène), Monique Lamoureux (productric­e), deux caméramans, une perche, Serge et moi étions là. Il était content d’être là, disposé, se rappelait des gens, demandait des nouvelles. On a fait quatre prises. C’est la deuxième que vous verrez. C’était vraiment touchant pour nous de le voir, de le revoir remettre sa jaquette. C’était un grand privilège de retravaill­er sur La petite vie.

La petite vie est disponible sur ICI Tou.tv Extra

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