Le Journal de Quebec - Weekend

Un Dark Side of the Moon qui fait jaser

Ceux et celles qui écouteront l’album Dark Side of the Moon Redux de Roger Waters en espérant y retrouver une version fidèle à l’originale seront assurément déçus.

- ALEXANDRE CAPUTO

Malgré les critiques peu reluisante­s formulées par les nostalgiqu­es qui souhaitent voir ce projet culte reprendre vie sous sa forme d’origine pour fêter ses 50 ans, Dark Side of the Moon Redux, de Roger Waters, mérite tout de même une ouverture d’esprit et une écoute attentive.

Il faut attendre la quatrième piste de cet élan avant d’entendre des paroles chantées sortir de la bouche de Waters, qui ouvre l’album avec un style à la Grand Corps Malade. Ce manque intentionn­el de mélodies permet toutefois à l’oreille de se concentrer davantage sur les paroles profondes que le Britanniqu­e propose.

« You shuffle in the gloom of the sick room and talk to yourself as you die, for life is a short warm moment and death is a long cold rest », exprime Waters sur le morceau Speak to Me, qui ne partage rien d’autre que le titre avec la version qui se trouve sur l’album original.

La saveur psychédéli­que qui a forgé la réputation de Pink Floyd est toujours présente sur ce nouvel opus, paru le 6 octobre, mais elle est beaucoup moins accaparant­e que ce à quoi la formation avait habitué son public.

Encore une fois, ce changement de cap est loin de plaire à tous, mais cette purificati­on sonore permet à Waters d’envelopper la musique avec sa voix grave et mielleuse – qui fait drôlement penser à celle de Leonard Cohen.

MONEY

Si la nouvelle direction qu’a empruntée Roger Waters pour ce projet se marie bien aux idées originales de Pink Floyd, ce ne fut simplement pas le cas pour la chanson Money.

Cet indémodabl­e classique qui fait rêver d’une vie de luxe et d’abondance ne se prête pas à la cadence sobre et monotone que lui a donnée Waters.

De plus, les entraînant­es séquences de guitare électrique qui remplissai­ent près de 80 % de la chanson originale ont été écartées au profit de paroles presque chuchotées, ce qui nous éloigne encore plus du sentiment d’effervesce­nce que la version de 1973 nous offrait.

LE BATTEUR DE PINK FLOYD APPROUVE

Même si aucun des membres de la formation de départ n’apparaît sur le projet de Roger Waters, le principal intéressé a quand même consulté ses anciens frères d’armes pour leur présenter des extraits de l’album en exclusivit­é.

Contacté par le magazine New Musical Express en mars dernier, l’ancien batteur de Pink Floyd, Nick Mason, a qualifié cette oeuvre « d’absolument brillante ».

« La rumeur circulait que ce projet allait gâcher l’album original, a mentionné Mason. Finalement, c’est tout le contraire ; ça ajoute plutôt quelque chose d’intéressan­t », s’est réjoui le batteur, qui interprète aujourd’hui des classiques de Pink Floyd avec son groupe Nick Mason’s Saucerful of Secrets.

Le musicien de 80 ans est allé plus loin en exprimant son soutien aux artistes qui auraient l’idée de revisiter des classiques, peu importe le style.

« Ce que j’aime des oeuvres musicales existantes, c’est de les développer pour leur trouver encore plus de qualités, a-t-il expliqué. J’aime cette idée de développem­ent, plutôt que de s’obstiner à conserver le matériel exactement comme il était au début. »

Une note de 3,5/5 est appropriée pour cet opus de Roger Waters ; une cadence plus entraînant­e lui aurait fait atteindre le 4/5. L’originalit­é de cette reprise et la profondeur des textes en font un album qui est néanmoins très pertinent et intéressan­t à écouter.

Helena Deland n’arrête jamais vraiment d’écrire. Après la perte de sa mère à l’été 2021, c’est vers la musique que l’artiste s’est tournée pour exprimer son deuil dans les pièces folk en anglais de son deuxième album Goodnight Summerland.

Née à Summerland en Colombie-Britanniqu­e, Helena Deland s’est depuis installée à Montréal. Auteure-compositri­ce-interprète de talent, Helena Deland s’est fait remarquer dès son premier EP Drawing Room en 2016.

En 2020, elle lançait son premier album Someone New, salué à l’internatio­nal, qui s’est retrouvé dans la longue liste du Prix de musique Polaris en 2021.

« Ce que j’ai trouvé le plus choquant dans l’expérience de deuil, c’est que la vie continue. Il faut continuer à être performant, à participer de la même manière. Je me sens chanceuse d’avoir pu, au moins dans ma pratique musicale, regarder cette tristesse et trouver une manière de la synthétise­r en mots. Mon espoir le plus ambitieux pour cet album serait d’offrir quelque chose à une autre personne en situation de deuil », confie Helena Deland.

LA NATURE À L’HONNEUR

À travers le deuil, Goodnight Summerland respire et prend racine dans un riche champ lexical de la nature.

« Ce n’était pas super intentionn­el. Mais c’est vrai, il y a beaucoup d’évocations à la nature ! Je pense qu’il y a un peu une esthétique de contes pour enfants… Les personnage­s des contes font partie des chansons. Spring Bug, Roadflower, The Animals… En termes d’écriture, je me demande si ce n’est pas parce que le décès d’un parent nous ramène à différents stades de notre vie. J’ai beaucoup pensé aux livres, aux histoires, que ma mère me racontait lorsque j’étais petite. »

Ce retour à l’enfance favorise aussi un retour à la pureté…

« Ou à la simplicité. Chaque chanson est une espèce de template simple, qui peut être complexifi­ée ou non par la mélodie. En travaillan­t sur la chanson Bright Green Vibrant Gray avec mon co-réalisateu­r Sam Evian, on voulait que ce soit très folk et organique. Je m’attendais à une chose, et elle en est devenue une autre. »

Pour Helena Deland, cette collaborat­ion lui a aussi permis d’enregistre­r sur tapes. Une nouvelle approche après Someone New.

« C’est quand même rare de nos jours, c’est un médium en disparitio­n. C’est plus risqué et contraigna­nt… Ça donne un timbre particulie­r, et ça permet de laisser aller. »

En plus de Sam Evian, Helena Deland parle avec enthousias­me de ses collaborat­eurs, dont Alexandre Larin (Larynx), Francis Ledoux (Zouz), Cédric Martel (Apophis), Valentin Ignat et Lysandre Ménard.

« Heba Kadry a aussi mastérisé l’album. Malgré cette décision de changer carrément l’esthétique, j’ai eu un désir de cohérence puisqu’il a aussi travaillé sur Someone New »

Une équipe qui lui a permis de bien mettre en valeur ses textes. « Ce que j’ai essayé de mettre de l’avant, ce sont les paroles. J’ai essayé d’être le plus sincère possible dans mon écriture. »

■ Goodnight Summerland est disponible le sous l’étiquette Chivi Chivi.

■ Helena Deland sera au Pantoum de Québec, le 25 novembre.

Le duo Chromeo n’est pas monté sur scène dans une salle de Montréal – sa ville natale – depuis neuf ans. Il revient, cette année, avec deux propositio­ns qui feront le bonheur de ses admirateur­s : un spectacle qui sera présenté jeudi au MTelus et le nouvel album Adult Contempora­ry, à paraître le 16 février 2024.

Chromeo s’apprête à célébrer, en 2024, ses 20 ans de carrière. Si le duo d’électro-funk composé de Dave 1 et de P-Thugg est fier du chemin accompli et de la longévité de son projet, il affirme regarder vers l’avant. D’où l’envie de présenter un tout nouveau spectacle et non une tournée anniversai­re.

Bien sûr, les pièces connues et marquantes du tandem seront proposées aux adeptes, mais elles seront entrecoupé­es de nouvelles chansons tirées de sa prochaine offrande. Les gars se font d’ailleurs une joie de jouer au MTelus, cet ancien Métropolis où ils allaient voir des concerts quand ils étaient adolescent­s.

VERSION ACCOMPLIE

« On a toute une scénograph­ie qui a été travaillée dans le détail, on est hyper impliqué dans l’expérience de son et de lumières ainsi que dans les décors ; c’est super important pour nous. Ce sera le plus long spectacle qu’on a jamais fait. Une heure quarante-cinq avec des pauses, des ballades et des pièces puisées dans nos cinq albums », explique Dave 1, de son vrai nom Dave Macklovitc­h.

Pour les musiciens, l’aspect visuel est aussi déterminan­t que l’art musical. Instrument­s chromés, flashs de lumière, éléments colorés : tout a été réfléchi et construit par la paire et son équipe de collaborat­eurs. « On est même derrière la merch [les produits dérivés vendus sur place] », lance David Macklovitc­h en riant.

« C’est notre version la plus accomplie et la plus perfection­née d’un spectacle en salle. On prend cela vraiment au sérieux. On est juste deux, il faut de la matière », poursuit l’artiste de 45 ans qui vit à New York depuis plusieurs années, mais qui gardera toujours un attachemen­t spécial pour Montréal.

ALBUM TOUT EN CONTRASTES

Adult Contempora­ry, cet opus à venir, est composé de 14 nouvelles chansons livrées dans « une version plus mature » du son de Chromeo. Dave 1 évoque des arrangemen­ts plus sophistiqu­és, des ballades et des thèmes relatifs aux relations adultes, le tout formant un produit plutôt élégant.

« On s’est demandé comment faire un album abordant ces thématique­s quand tu es un groupe funk, dansant avec des textes comiques. On a essayé de “chroméoifi­er” des sujets comme l’insomnie, la monogamie, la codépendan­ce de façon à rendre cela sexy et drôle », explique le chanteur pour qui le rire va de pair avec la chanson.

Car Chromeo s’est toujours donné comme pari de rapprocher les extrêmes : de faire de la musique tout en ayant un côté pluriel, de faire rire tout en faisant réfléchir voire pleurer et de parler à la fois de cohérence et de renouveau.

Ce dont le duo est le plus fier à ce moment de sa carrière ? Sa longévité.

« Le défi est de durer longtemps. Au début, tu vis ton buzz, mais être encore là après 20 ans, il y a de quoi être fier. On est fier de durer et d’avoir encore quelque chose à dire. »

– Chromeo sera en spectacle au MTelus jeudi.

– L’album Adult Contempora­ry sera lancé le 16 février 2024.

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Dark Side of the Moon Redux
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