Le Journal de Quebec - Weekend

QUAND L’HISTOIRE DEVIENT UN GRAND TERRAIN DE JEU

- BRUNO LAPOINTE Le Journal de Montréal bruno.lapointe @quebecorme­dia.com

Trois années après nous avoir entraînés en Norvège sur la trace des Vikings, la saga Assassin’s Creed catapulte aujourd’hui les joueurs dans l’Irak du IXe siècle, où ils peuvent explorer la « meilleure reconstitu­tion de Bagdad jamais créée », selon l’historien Raphaël Weyland.

À l’instar des chapitres précédents de la saga, Assassin’s Creed Mirage n’est en rien une simulation documentai­re ni un produit purement historique. L’intrigue qui se déploie dans Mirage est truffée de fiction, histoire d’en faire une création ludique. Mais malgré ces libertés prises au nom du divertisse­ment, elle demeure solidement ancrée dans l’Histoire, s’articulant autour de faits véridiques et vérifiable­s.

Ça, Raphaël Weyland a travaillé durant plus d’un an et demi pour s’en assurer. « On essaie d’être aussi proche de la réalité que possible pour fournir aux joueurs une expérience aussi authentiqu­e et immersive que possible. Mais on doit évidemment apporter des changement­s – on a déplacé des bâtiments, des montagnes et des fleuves – pour des questions de jouabilité ou de narration. Notre but, c’est de faire de l’Histoire un grand terrain de jeu », précise l’historien.

Avant son arrivée en magasin la semaine dernière, le jeu Assassin’s Creed Mirage a mis à profit le travail de 12 studios différents de partout dans le monde. Des 550 employés mobilisés, 120 sont des Montréalai­s.

POINTS D’ANCRAGE DE LA SAGA

Depuis quelques jours, les joueurs peuvent donc mettre le cap vers le Moyen-Orient via leur console en empruntant les traits de Basim Ibn Is’haq, un jeune voleur de Bagdad. Notre héros sera rapidement recruté par « ceux qu’on ne voit pas », une société secrète qui deviendra, deux siècles plus tard, la légion des assassins. Il tentera alors de rétablir l’ordre en Irak, celui-ci étant fragilisé par l’Ordre des Anciens, un groupe répandant la corruption à travers la cité.

Les mécaniques utilisées pour parvenir à ses fins sont bien connues des adeptes d’Assassin’s Creed : parkour, escalade, assassinat­s furtifs et combats complexes servent à nouveau de points d’ancrage pour la saga de renommée internatio­nale.

Mais on pousse aujourd’hui l’exercice encore plus loin. Par souci d’authentici­té, Mirage devient le premier chapitre de la saga entièremen­t jouable en arabe. Et même si l’on choisit de vivre l’aventure dans la langue de Molière – ou celle de Shakespear­e –, les dialogues demeurent truffés de mots et d’expression­s d’origines multiples : on pense, entre autres, au grec ou au persan dont sont saupoudrés les échanges entre les personnage­s. « Toutes ces langues coexistaie­nt dans le Bagdad du IXe siècle. On a porté une attention particuliè­re à la culture arabe, à l’Islam, à la réalité du Moyen-Orient de l’époque », précise Raphaël Weyland.

UNE CULTURE PAS SI LOINTAINE…

Et si le Bagdad du IXe siècle peut paraître lointain pour les joueurs actuels, il l’est moins que certains pourraient le croire, précise Raphaël Weyland. L’influence de cette société a traversé les siècles, si bien que le Québec en porte aujourd’hui les traces.

Des exemples ? L’historien en remarque quelques-uns à même sa routine quotidienn­e.

« C’est à Bagdad qu’on a créé le premier processus de distillati­on de parfums. Alors tous les jours, quand ma femme met son parfum, il y a un peu de cette ville sur elle », souligne-t-il.

« Même chose pour les histoires de Jean de La Fontaine ; une de ses grandes inspiratio­ns est un livre de fables animalière­s rédigé à Bagdad au IXe siècle. Quand je lis La Laitière et le Pot au lait à mon fils de six ans, à Longueuil, en 2023, c’est forcément un peu de ce Bagdad-là qui est avec nous », poursuit Raphaël Weyland.

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Carte de la ville de Bagdad dans le jeu.
ASSASINS CREED : MIRAGE Carte de la ville de Bagdad dans le jeu.

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