Le Journal de Quebec - Weekend
Angelina Jolie et son ancêtre québécoise
Angelina Jolie est venue souvent au Québec. Elle y a tourné Destins violés (Taking Lives), entre autres, en 2003.
En 2013, sa double mastectomie a suscité tout un débat sur les limites de la prévention face à la fatalité statistique du cancer du sein et des ovaires.
La mort prématurée de sa mère, porteuse d’une mutation du gène BRCA1, l’avait incitée à accepter cette chirurgie extrême, les femmes porteuses de cette mutation ayant, dans leur vie, 87 % de risques d’avoir un cancer du sein (contre 12 % dans la population) et 54 % d’avoir un cancer des ovaires (contre
1 % dans la population).
Pendant des jours, les médias québécois ont couvert l’histoire sans mentionner que cette mère, Marcheline Bertrand (1950-2007) était franco-américaine, et que la mégastar tient son célèbre prénom de son arrière-grandmère bien québécoise, Angélina Leduc (1894-1981), née à Sainte-Anne-de-la-Pérade, royaume du poulamon.
Cette anecdote témoigne de la méconnaissance de notre diaspora qui compte quelque 13 millions de personnes avec au moins un des arrière-grands-parents étant d’origine québécoise ou acadienne, et qui brille aujourd’hui très haut dans tous les domaines.
KANKAKEE
Angelina Jolie, née Voight, a vu le jour le 4 juin 1975 sur les collines dorées de Beverly Hills. Son père, Jon Voight, qui a joué dans Midnight Cowboy aux côtés de Dustin Hoffman, a abandonné sa famille très tôt dans la vie d’Angelina, si bien qu’elle et son frère ont été élevés modestement par leur mère.
Marcheline venait de l’Illinois. Son arrière-arrière-grand-père, Léon Bertrand (1823-1893), et son frère Eusèbe (18271910) avaient quitté Saint-Jacques-del’Achigan
vers 1852 pour s’établir à Kankakee, un fief francophone situé à 100 km au sud de Chicago. LaSalle était passé par là en 1679. Bourbonnais, juste à côté, a été fondé par des Québécois.
Les débuts des deux frangins ont été catastrophiques. La grande prairie était infestée de germes et de miasmes qui dévastaient les récoltes. Après cinq ans de durs labeurs, jusqu’à 15 heures par jour, Léon apprend que la terre sur laquelle il survit ne lui appartient pas. Il devra tout recommencer à zéro. Découragé, Eusèbe rentre à Saint-Jacques-deMontcalm, mais pas Léon et sa femme. Sinon, on n’aurait pas d’Angelina Jolie.
Le couple, qui avait eu six enfants au Québec, en a eu 11 autres à Kankakee. Leur petit-fils Georges (1889-1962), plus prospère, a épousé Angélina Leduc, arrivée à Kankakee à l’âge de 16 ans. Elle est morte en 1981 : Angelina Jolie a donc connu son arrière-grand-mère québécoise.
En 2008, devinez en mémoire de qui l’ex-madame Pitt a appelé son dernier fils, Knox Léon Jolie-Pitt ?
« MARSHMALLOW »
Marcheline avait hérité de la mutation du gène maléfique de sa mère, Lois June Gouwens, morte à 45 ans.
En 2014, Angelina a remporté le Jean Hersholt Humanitarian Award, un Oscar honorifique pour son engagement humanitaire. En recevant son trophée, elle a évoqué, avec beaucoup d’émotion, le souvenir de sa mère, décédée après un long combat de huit ans contre le cancer.
« Elle s’appelait Marcheline, mais on l’appelait en blaguant “Marshmallow” tellement elle était la plus douce, la plus gentille femme au monde. Elle m’a donné beaucoup d’amour et de confiance en moi, mais, surtout, elle m’a clairement rappelé que rien n’avait de sens si ma vie ne pouvait pas être utile aux autres. »