Le Journal de Quebec - Weekend
JODIE FOSTER ET ANNETTE BENING TRAVERSENT L’OCÉAN
Elle s’appelle Diana Nyad et, si vous ne connaissez pas ses exploits, Insubmersible, avec Annette Bening dans le rôle principal et Jodie Foster dans celui de la coach de la nageuse, vous détaillera ses prouesses.
Diana Nyad, qui a aujourd’hui 74 ans, se spécialise dans la nage sur de longues distances depuis son adolescence. Elle a ainsi établi plusieurs records mondiaux, dont celui de nage autour de l’île de Manhattan ou celui des Bahamas jusqu’à la Floride. Les cinéastes Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin, récipiendaires d’un Oscar du meilleur documentaire, débutent leur Insubmersible par un rappel rapide des éléments clés de la carrière de Nyad, images et enregistrements d’archives à l’appui.
Lorsque Annette Bening se substitue aux bandes d’actualité, la transition est fluide, bien que la ressemblance ne soit pas si évidente. De la sportive, l’actrice de 65 ans a pris le débit de parole haché et dur ainsi que la posture rigide d’une nageuse d’endurance. Diana Nyad est, comme tous les sportifs de haut niveau, déterminée et disciplinée, et elle ne fait aucun compromis.
Lorsqu’elle décide, à 60 ans, de réaliser son vieux rêve de traverser, à la nage et sans cage de protection contre les requins, l’étendue d’eau qui sépare La Havane, à Cuba, de Key West, en Floride, elle rallie sa meilleure amie Bonnie Stoll (Jodie Foster, lumineuse, enthousiaste et bien moins réservée que dans ses autres rôles) qui devient son entraîneuse. John Bartlett (Rhys Ifans) se joindra à elles comme navigateur.
Les périls qui attendent Nyad sont nombreux : les requins, les méduses et la fatigue qui donne des hallucinations. Car nager 180 km, c’est nager pendant plus de 53 heures sans arrêt, sans pause. Si elle a réussi lors de sa cinquième tentative en septembre 2013, c’est moins la réussite que les tentatives antérieures qui sont intéressantes, Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin s’assurent de bien faire comprendre au spectateur l’exploit que représente une telle traversée.
INHABITUEL ET RAFRAÎCHISSANT
De facture classique, Insubmersible se distingue des films biographiques habituels de plusieurs manières. Tout d’abord le sujet : il est inhabituel de voir une sportive dépeinte comme le sont les sportifs, c’est-à-dire bourrue et affligée d’un sentiment de supériorité qui la rend désagréable. Ensuite, Insubmersible est rafraîchissant puisqu’on y voit des sexagénaires en maillot de bain, sans maquillage (et mon Dieu que ça fait du bien. C’est en voyant ce long métrage qu’on réalise à quel point les portraits de femmes inspirantes d’âge mûr – de surcroît lesbiennes – sont quasi inexistants). Et enfin, les deux actrices oscarisées apportent à ce « biopic » tout leur talent ; sans elles, Insubmersible n’aurait pas été aussi bon.
Insubmersible est à l’affiche au cinéma et sera présenté sur la plateforme Netflix le 3 novembre.