Le Journal de Quebec - Weekend
DOCUMENTAIRES ET SÉRIES QUI ABORDENT LE CONFLIT PALESTINO-ISRAÉLIEN
Le conflit qui secoue une fois de plus les communautés israélienne et palestinienne est inhumain. Des deux côtés les pertes humaines sont terribles. C’est une histoire qui se perpétue depuis des décennies et qui trouve ses origines il y a plusieurs siècles déjà. Pour mieux comprendre, les documentaires sont là. Ils nous permettent aussi de mettre des visages sur l’atrocité. Et sur l’espoir. Même s’il est petit actuellement. On remarque aussi que les combats des années 1960, 1970 jusqu’à nos jours teintent beaucoup les séries de fiction israéliennes. Homeland, En thérapie, puis d’autres plus récentes qui abordent la tension de front. On ne doit pas rester indifférent.
BORN IN GAZA
Filmé en 2014 alors qu’un énième affrontement entre l’État d’Israël et les forces paramilitaires du Hamas et du Jihad islamique venait d’être déclenché, ce documentaire emploie aussi une facture cinématographique très léchée qui tranche avec la dureté du propos. C’est aux jeunes qu’on donne la parole. Le territoire palestinien est en ruines. Les enfants fouillent les décombres à la recherche de biens utiles ou qu’ils pourraient vendre pour un peu d’argent. La population est affamée. Ces enfants ne comprennent pas pourquoi on s’acharne sur eux puisqu’ils s’affairent à faire pousser des légumes, pas des bombes. Leur vie est à jamais transformée. Le sifflement des missiles, la grisaille des immeubles effondrés, la douleur des soins hospitaliers, le deuil de proches perdus, un quotidien qui s’oppose à ces enfances volées. Le conflit dans lequel ils sont nés est loin d’être un jeu.
■ Diffusé sur Netflix (avec soustitres en anglais seulement)
GAZA
Ce documentaire produit en 2019 témoigne du quotidien d’une dizaine de protagonistes de tous âges qui jettent un regard lucide sur le territoire qu’ils habitent et je dirais même qui les emprisonne. Ils sont chauffeurs de taxi, pêcheur, premier aidant, adolescente, enfant. L’un d’eux décrit bien la prison à ciel ouvert sans eau potable où ils n’ont que 4 heures d’électricité par jour depuis le début du blocus. Malgré la difficulté à se nourrir, les bombardements spontanés et l’opacité des frontières, ils arrivent encore à sourire. On nous raconte la vie d’avant. Une vie agréable. Avant que le Hamas prenne le pouvoir et que les pays voisins coupent les liens. Certains adultes en viennent à ressentir de la culpabilité d’avoir mis des enfants au monde dans une société sans rêve, sans espoir et sans avenir, coincés dans un cycle de conflits sans fin. Certains jeunes ont déjà connu trois guerres. En voici une autre. Ce documentaire visuellement poétique, malgré la douleur, nous montre des humains qui n’ont d’autre ambition que de vivre une vie normale, d’élever leurs familles, et leur offrir la sécurité. Ce sont des visages de l’horreur d’un conflit qui persiste.
■ Diffusé sur Prime Vidéo
JUIFS ET MUSULMANS – SI LOIN, SI PROCHES
Bien avant le conflit auquel nous assistons, ARTE France a produit en 2013 une minisérie de quatre épisodes relatant 14 siècles d’histoire juive et musulmane. C’est dire à quel point les tensions ne datent pas d’hier. Le premier épisode retrace la naissance de l’islam. Le 3e épisode met la naissance des nationalismes et la montée de l’antisémitisme en perspective menant à un découpage du territoire palestinien au profit des Juifs. Le 4e épisode assure un éclairage sur ce qui a mené à une succession d’affrontements où les civils sont les victimes d’un conflit interminable, mais aussi délicat et complexe. Animation, archives et témoignages de spécialistes s’y succèdent. ■ En location sur Apple TV
SEMEURS D’ESPOIRS EN TERRES ARIDES (GRASSROOTS IN DRY LANDS)
À chaque conflit, des gens se lèvent avec courage pour prendre soin des autres et faire avancer positivement la société. La documentariste Helene Klodawsky trouve toujours des personnages forts animés par la justice sociale. Bien qu’ils viennent de pays souvent heurtés par les affrontements et par une dictature religieuse menée par un petit groupe, la majorité des habitants d’Israël, de Palestine et de Jordanie aspirent à la paix et à une vie harmonieuse. Ce documentaire filmé en 2015 présente des activistes et des militants des droits de la personne. Ils sont avocats, psychologues, bénévoles issus de toutes allégeances. Ils souhaitent une démocratie durable. Helene Klodawsky a mis cinq ans pour réaliser ce documentaire qui donne un regard différent sur ces peuples qui subissent les guerres et qui, certes résilients, doivent constamment nourrir l’espace d’une vie meilleure à coups de petits gestes et de petits avancements souvent détruits puis rebâtis. Un travail de terrain dont on entend peu ou pas parler.
■ Diffusé sur Prime Vidéo ou à la location sur la plateforme de l’ONF onf.ca
FAUDA
« Chaos », c’est ce que signifie Fauda en arabe. C’est le titre de cette série israélienne d’espionnage qui en est à sa 4e saison. Elle s’inspire de l’expérience de ses deux créateurs : l’acteur Lior Raz et le journaliste Avi Issacharoff. Ils se sont engagés il y a trois semaines pour aider les civils victimes du Hamas. Dans la série, on suit une unité des forces spéciales de l’armée de défense israélienne dont la mission est d’infiltrer la communauté arabe. Dans la première saison, l’unité traque un combattant du Hamas qu’on croyait mort et qui se cache en Cisjordanie. La seconde saison jette ses projecteurs sur un militant du Hamas qui oeuvre dorénavant pour l’État islamique. La 3e saison se déroule à Gaza. Dans la 4e, des menaces grondent au sein du Shin Bet (services de renseignements intérieurs israéliens) et l’unité est envoyée à l’étranger. On ne s’étonne pas que la série se heurte à une campagne de boycottage pour propagande raciste envers le peuple palestinien, alors que la production affirme proposer un regard nuancé sur le conflit. Des cadres hollywoodiens ont même dû signer une lettre d’appui pour le diffuseur. La série a obtenu de nombreux prix et figure au 8e rang du palmarès du New York Times des meilleures séries étrangères de la décennie.
■ Diffusé sur Netflix
OUR BOYS
Cette série est basée sur des événements qui ont déclenché la guerre de Gaza en juin 2014. Il y a eu l’enlèvement et l’assassinat de 3 jeunes Juifs par le Hamas. Puis un jeune Palestinien a été brûlé en guise de représailles. Le créateur de la série, Hagai Levi, connu pour ses séries Be Tipul (En thérapie ) et The Affair, a mis quatre ans de recherches pour documenter les événements. Il s’est allié avec un auteur israélien, Joseph Cedar, et un auteur palestinien, Tawfik Abu-Wael, pour mener le projet. En se penchant principalement sur le meurtre de Mohammad, ils ont déstabilisé le public israélien, provoquant de la colère et une demande de boycottage du premier ministre Nétanyahou. Des images d’archives entrecroisent la fiction. On tente d’y expliquer ce qui mène des humains à commettre de tels crimes. Une série dure qui vient malheureusement jeter un éclairage sur le conflit actuel et les motivations de ceux qui l’ont provoqué.
■ Diffusé sur Crave
VALLEY OF TEARS
Cette minisérie israélienne aborde un sujet toujours sensible. Les auteurs ont même hésité avant d’embarquer dans le projet, touchés de trop près. On y rapporte les trois jours de combat au nord d’Israël en 1973, pendant la guerre du Yom Kippour à travers le regard de 7 protagonistes. C’était six ans après la guerre des Six Jours en 1967. Le pays a été détruit quand les forces égyptiennes et syriennes l’ont attaqué. C’était jour de fête et de prières. Les pertes humaines ont été terribles. La presse locale a affirmé qu’aucune autre oeuvre n’avait si bien transposé le réalisme et le traumatisme de cette guerre. C’est la série la plus chère produite en Israël. ■ À la location sur Apple TV